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L’affaire Assange expliquée aux journalistes (qui ne sont pas cons, il faut juste savoir leur parler)

Il était une fois, dans un pays lointain peuplé de kangourous et de koalas, un jeune garçon aux cheveux blonds qui s’appelait Julian.

Julian aimait beaucoup jouer avec les ordinateurs. Comme il était aussi très intelligent, il avait appris leur langage et savait leur parler et se faire obéir. Mais en grandissant, Julian trouvait de plus en plus que le monde était injuste et cruel et que peu de gens autour de lui s’en souciaient. Alors un jour, en martelant son bureau avec ses petits poings vengeurs, il s’écria « ça suffit ! ». Et à force de réfléchir, il eut une idée.

Julian abandonna son pays lointain et vint s’installer dans un village chez nous. Sur la place du village, il installa un grand tableau blanc qu’il appela Wiki et il dit « Voilà. Si quelqu’un connaît un méchant, vous pouvez le dénoncer en écrivant son nom ici pour lui mettre la honte. Bien-sûr, je vérifierai si c’est vrai ».

Tout le monde se gratta la tête en se demandant quelle mouche avait bien pu piquer cet étranger à l’accent bizarre. Les jours passèrent et les gens finirent par ne plus faire attention à Wiki et continuèrent à vaquer à leurs occupations.

Mais un beau matin, les habitants du village se réveillèrent et constatèrent que quelqu’un avait griffonné sur le tableau : « George est une patate pourrie ». En en dessous « lui et ses amis tapent sur des petits qui n’avaient rien fait et disent ensuite que c’était mérité. C’est injuste. ». Et c’est vrai que c’était injuste.

George, qui habitait une grande maison blanche, était très en colère et protesta « il a pas le droit, c’est pas du jeu ». George et ses amis tentèrent de casser le tableau, mais Julian avait bien travaillé et l’avait construit avec des planches solides et des gros clous. Le lendemain, quelqu’un rajouta « George=bâtard ». Alors George et ses amis jurèrent de se venger,

George alla voir une sorcière amie dans le village d’à-côté et lui demanda de l’aider. « Comment ? » demanda la sorcière qui s’appelait Marianne. « J’en sais rien », dit George, « Trouve quelque chose. Fais le venir ici, on lui tendra un piège » puis George et ses amis se cachèrent à quatre pattes derrière des buissons en rigolant.

Marianne cria alors « Julian, viens voir ! ». Julian, qui était très occupé, demanda « pourquoi faire ? ». « Viens », dit Marianne, « il faut que je te parle ».

 Vas-y, parle, je t’écoute, dit Julian.
 Non, viens ici, dit Marianne.
 Pourquoi faire ? Je t’entends, dis-moi.
 Viens ici j’te dis, bordel de merde !

Julian n’était pas bête. Il avait bien vu de loin les buissons secoués par les rires étouffés et les fesses de George qui dépassaient. Marianne, fâchée, appela le Constable du village et lui dit « Il faut me ramener Julian ! ». « D’ac » répondit le Constable, qui était lui aussi un ami de George,« mais il me faut une raison ». « Je peux faire semblant d’en avoir une », répondit Marianne. « Ca roule » dit le Constable et, ni une ni deux, se mit à la recherche de Julian.

Julian s’échappa et se réfugia dans la maison d’un ami. Le Constable, ne voyant pas les choses de cet œil, se planta devant la maison et dit « tôt ou tard, tu sortiras Julian ».

Et c’est ainsi que pendant quelques années, enfermé dans cette maison, Julian continua à narguer George. George lui, profita de l’enfermement de Julian pour dire à tout le village « Julian pue du bec, fais passer ». Et les gens du village, qui avaient peur de George, firent passer le message que Julian puait du bec.

Petit à petit, sur la place, les gens se mirent à ignorer Wiki et passaient devant en se bouchant le nez.

Mais un beau jour, le propriétaire de la maison mourut, et le nouveau propriétaire ne voulait plus de Julian. Alors il ouvrit la porte et le Constable, qui n’avait pas bougé, entra et s’empara de Julian et s’écria « Enfin je te tiens, gredin ! » et le jeta dans une prison sombre et froide en attendant que George et ses amis préparent leur vengeance.

Aujourd’hui, au village, les gens passent toujours devant Wiki mais ne s’arrêtent guère. Chaque nouvelle version de l’histoire déforme la précédente au point où rares sont ceux qui se souviennent à quoi il sert et comment il est arrivé là.

Julian, lui, est toujours dans sa prison. Parfois, au-delà des murs de la prison, il entend des voix qui crient son nom et ça lui fait du bien et il se met à rêver de kangourous et de koalas (qui ne sont pas aussi gentils qu’ils en ont l’air).

Voilà l’histoire de Julian, un gentil monsieur qui voulait faire le bien. Mais les méchants, ils l’ont attrapé et enfermé dans une prison.

Dis, journaliste, tu veux bien nous aider à le sortir de là ?

Viktor Dedaj
« et si t’es sage, j’te raconterai l’histoire de Chelsea »

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Personnellement, je n’ai jamais très bien compris ce qu’est le féminisme. Je sais par contre que les gens me qualifient de féministe chaque fois que j’exprime une idée qui me différencie d’un paillasson ou d’une prostituée.

Rebecca West

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