Quand Ils ont inventé cette histoire d’accusation de viol en Suède, je n’ai rien dit, je ne me mêlais pas de la vie privée des autres,
Quand Ils ont affirmé qu’Assange avait espionné, trahi les États-Unis d’Amérique, je n’ai rien manifesté, j’avais oublié qu’Assange est un journaliste australien,
Quand Ils ont prétendu qu’Assange avait fait perdre Hillary Clinton, je n’ai rien pensé, j’avais même oublié que cette dernière avait obtenu plus de voix que Trump et que Sanders avait été candidat,
Quand Ils ont insinué qu’Assange était un agent russe, je n’ai rien compris à ces histoires de nationalité, et je n’avais pas retenu les révélations publiées par WikiLeaks sur la Russie (Spy files Russia, en 2017),
Quand Ils ont refusé le droit d’asile politique à Assange, je n’ai rien exprimé, je le croyais en sécurité dans les démocraties occidentales, j’ignorais que, dans celles-ci, les droits humains s’arrêtaient où commençaient les raisons des États,
Quand Ils ont espionné Assange durant son asile diplomatique dans l’ambassade d’Équateur à Londres, je n’ai rien estimé, je n’étais pas vraiment au courant,
Quand Ils l’ont arrêté et mis à l’isolement dans un quartier de haute sécurité de la prison de Belmarsh (dans le comté du Grand Londres), j’ai cru, encore, en l’état de droit, je ne voulais pas voir le côté arbitraire de cette « détention préventive », ni les droits de la défense bafoués, ni la torture psychologique infligée,
Quand Ils ont laissé Assange s’étioler, sa santé physique et mentale se détériorer dangereusement, je n’ai rien déclaré, j’avais même oublié la Charte de Munich (sur les devoirs et droits des journalistes) et son article 1 (« Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité »), j’avais oublié jusqu’à ma compassion, jusqu’à mon humanité,
Quand Ils ont continué, encore et encore, à mentir, je les ai crus par nonchalance, par faiblesse et par indifférence, je ne voulais pas comprendre que c’était la vérité et la liberté d’informer qu’Ils assassinaient, ainsi, à petit feu.
Et puis vient le jour où l’on se dit : « À force de tout croire, on finit par tout accepter. À force de tout accepter, on finit par tout approuver ».
Quand Julian Assange sera livré par extradition, il sera bien trop tard, le mal sera fait, le cristal brisé. Il sera, alors, dérisoire et ridicule d’appeler à un quelconque boycott, histoire de se donner bonne conscience à vil prix.
À bon entendeur, salut.