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Un peu d’histoire #8 : L’affaire Iran-Contra

Alors que le Nicaragua s’apprête à célébrer les 40 ans de la Révolution sandiniste, qui chassa la dynastie dictatoriale des Somoza du pouvoir, il m’a paru important de revenir sur une affaire qui a beaucoup fait parler dans les années 80′. D’autant plus parce qu’aujourd’hui encore le gouvernement américain souhaite le renversement de Daniel Ortega ancien guérillero du Front sandiniste de libération nationale, réélu démocratiquement en 2016 à la tête du Nicaragua.

La révolution sandiniste triomphe en 1979

Le 19 juillet 1961 Carlos Fonseca (23 juin 1936 – 7 novembre 1976), Tomas Borge (13 août 1930 – 30 avril 2012) et quelques autres personnes créent le Front sandiniste de libération nationale (FSLN). Le nom sandiniste faisant directement référence au général Sandino, figure de la lutte contre les marines américains, et assassiné par la famille Somoza en 1934. La même famille encore au pouvoir à la création de la guérilla.

Ironie de l’histoire ce sera un 19 juillet également, en 1979, que le FSLN, et les autres factions de la résistance, prendront définitivement le pouvoir après la chute et la fuite, aux Etats-Unis, du dictateur Anastasio Somoza Debayle lâché par Jimmy Carter qui avait stoppé l’aide économique et militaire à celui-ci. C’est la fin de la dictature familiale et dynastique des Somoza.

Les premières mesures du nouveau gouvernement, qui regroupent alors encore toutes les factions opposées à la dictature, y compris des membres de la bourgeoisie, ne tardent pas à être appliquées :

 réforme agraire
 expropriation des terres de la famille Somoza et des grands propriétaires
 nationalisation de certains secteurs clés

Même Jimmy Carter aide le nouveau gouvernement baptisé Junte de gouvernement de reconstruction nationale. Mais l’aide américaine ne dure pas longtemps. En janvier 1981 Ronald Reagan arrive à la Maison blanche avec une seule obsession : relancer la guerre froide. Et pour lui les sandinistes ne sont que des pions de Moscou en plein pré-carré américain. L’aide au Nicaragua est immédiatement stoppée, et les exportations de blé sont suspendues. Bientôt un embargo est aussi mis en place par l’administration Reagan. La présence d’un gouvernement révolutionnaire et socialiste à Cuba était déjà beaucoup trop pour les Etats-Unis. Alors la perspective d’un second pays similaire ne pouvait qu’effrayer Ronald Reagan. Après avoir pris ces premières mesures ce dernier va accentuer les tentatives de déstabilisation du Nicaragua.

Pourtant à cette période le gouvernement nicaraguayen tente de mener une politique de non-alignement à l’international, même s’il est très proche du gouvernement cubain. Entre temps les sandinistes qui sont de plus en plus majoritaires au pouvoir mettent en place de nouvelles mesures :

 une nouvelle constitution
 la diminution des loyers de 40 à 50% dans les villes en 1980
 l’augmentation des bas salaires au mois de juin 1980
 de nombreux programmes sociaux
 des campagnes d’alphabétisation, faisant passer l’analphabétisme de 50 à 13% parmi la population
 la construction de nombreux centres de soins
 des campagnes de vaccinations, avec comme résultat notable l’élimination de la polio

Si ces mesures sont favorables à la majorité de la population, certains partisans de l’ancienne dictature commencent à se constituer en groupes contre-révolutionnaires : les Contras

Situation politique en Iran

Pour comprendre l’affaire Iran-Contra il faut aussi connaître la situation que connaît l’Iran à cette même période. 1979 est l’année où les Sandinistes prennent le pouvoir au Nicaragua en renversant un allié des Etats-Unis. En Iran, la révolution iranienne renverse le Shah, un autre tyran allié des Etats-Unis, et Khomenei arrive au pouvoir le 11 février 1979. Après quoi la République islamique d’Iran est officiellement créée. Le nouveau pouvoir iranien qualifie les Etats-Unis de « Grand Satan », et affiche également ouvertement son opposition à l’état d’Israël.

L’affaire des otages américains détenus dans l’ambassade américaine à Téhéran n’aide pas à la reprise des relations, bien au contraire elles vont empirer. Lorsque Reagan arrive au pouvoir aux Etats-Unis, sept otages américains sont de nouveau détenus au Liban, par le Hezbollah. Le dilemme gagne donc la Maison blanche qui officiellement se refuse à toute négociation avec les Iraniens qu’ils soupçonnent d’être derrière cette prise d’otages.

Le financement des Contras

Revenons au Nicaragua où des petits groupes armés contre-révolutionnaires se forment et s’entraînent dans les pays voisins du Nicaragua : au Costa Rica et au Honduras. Sabotages, exactions en tout genre, attaques contre des bâtiments officiels, les Contras usent de la panoplie des groupes terroristes pour s’opposer au gouvernement légitime du Nicaragua. Mais ces actions restent minimes. Jusqu’à ce que Reagan décide d’augmenter considérablement l’aide américaine aux Contras. Le président américain va aller jusqu’à qualifier ces groupes armés de « combattants de la liberté », ce qu’ils ne sont en aucun cas, puisque pour la plupart ce ne sont ni plus ni moins que des nostalgiques de la dictature de Somoza.

C’est la CIA qui va être chargée de structurer, entraîner, financer et armer les Contras, via des bases secrètes au Costa Rica et au Honduras. Pour justifier cette aide Reagan va prétexter un soutien des sandinistes à la guérilla au Salvador contre l’allié des Etats-Unis, sans jamais émettre la moindre preuve de ses propos. Tandis qu’en parallèle le Congrès américain vote plusieurs amendements entre 1982 et 1986 pour limiter puis interdire toute aide aux Contras.

Mais dans les faits rien ne change. Les livraisons s’accentuent au fil des mois et les Américains vont jusqu’à livrer des avions aux groupes contre-révolutionnaires. C’est d’ailleurs par le biais de ces avions que les Nicaraguayens vont avoir des preuves de l’implication américaine en abattant certains appareils pilotés par des Américains. Ronald Reagan se rend par ailleurs compte que les Contras ne sont pas populaires au Nicaragua. Il va donc adapter sa stratégie en autorisant des opérations ayant pour but d’asphyxier l’économie du pays et retourner le peuple contre son gouvernement. Au moyen de petites vedettes les Américains mènent ces attaques, qui iront jusqu’au minage des trois principaux ports du Nicaragua.

C’en est trop pour le Congrès américain qui interdit formellement toute intervention directe ou indirecte des services secrets au Nicaragua. Reagan fait semblant d’obtempérer, mais les livraisons et le soutien aux Contras vont continuer secrètement. D’abord via des pays alliés qui vont prendre le relais : Israël, Arabie Saoudite, Sultanat de Brunei, vont ainsi envoyer armes, argent et instructeurs. Puis via d’autres moyens, dont le financement par le trafic de drogue.

L’affaire Irangate ou Iran-Contra

Cette affaire, qui éclata au grand jour le 3 novembre 1986 après des révélations du journal libanais Ash Shiraa, résulte d’une double nécessité pour l’administration américaine :

 libérer les otages au Liban
 trouver de l’argent pour continuer de financer secrètement les Contras

Au Moyen-Orient la guerre fait rage depuis 1980 entre l’Irak et l’Iran, et Américains et Israéliens ont tout intérêt à ce que cette guerre entre deux de leurs ennemis s’éternise. La nouvelle République islamique ayant hérité de l’armement du Shah, la plupart du matériel militaire est d’origine américaine. Il faut donc trouver des pièces américaines de rechange et des munitions pour continuer les combats contre l’Irak de Saddam Hussein. Israël, également armé par les Etats-Unis, commence à vendre secrètement des pièces et des armes à l’Iran considérant à l’époque l’Iraq baasiste plus dangereuse que la République islamique pour ses intérêts.

L’idée américaine va donc être la suivante, en passant par leur allié Israéliens de « troquer » les otages contre des armes. Tout doit être fait dans le secret car officiellement il y a un embargo sur l’Iran. Le Congrès n’est évidemment pas informé et l’opération se fait en toute illégalité du point de vue du droit américain. Au mois août 1985 la première livraison de 100 missiles a lieu. Quelques semaines plus tard, en septembre, 400 autres suivent. En parallèle un otage est libéré, mais les autres restent captifs au Liban. Le Hezbollah ne les libérera qu’au compte goutte.

Un homme est très impliqué et joue un rôle majeur : le colonel Oliver North, en charge du dossier des Contras. C’est d’ailleurs notamment lui qui sera jugé et condamné (avant d’être gracié) une fois que l’affaire éclatera, laissant Ronald Reagan s’en tirer à bon compte. En échange ce sont plusieurs millions de dollars qui sont transmis aux Contras tandis que les livraisons d’armes continuent : 1000 missiles anti-chars en 1986, puis plusieurs pièces détachées.

Au mois d’octobre 1986 un avion de la CIA chargé de matériel est abattu par l’armée nicaraguayenne. Un pilote en réchappe et avoue tout. Quelques jours plus tard le 3 novembre 1986 le scandale éclatait révélant au grand jour les actions de l’administration américaine, contre ses propres lois, et contre le droit international.

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Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire.

Lénine

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