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Correctionnelle pour Jean-Luc Mélenchon

Comment peut-on traduire un incorrigible devant un tribunal correctionnel ? Ne mélangeons pas la FI et la formule 1. La justice est la justice, sous vérin ; alors chacun comprendra que nous lui foutions la paix, au moment où elle sature par manque de postes ; et d’agents perquisitionneurs (surmenés). Mettons-nous un moment à sa place... Elle a dû même écouter Sarkozy, que tout le monde croyait reconverti en chanteur de variétés. Les affaires succèdent aux affaires, et compromettent beaucoup de petites gens, gilets jaunes, journalistes indépendants, militants ouvriers, lanceurs d’alerte, précaires, urgentistes, jeunes qui ne savent pas nager, chômeurs, correcteurs du Bac, fans du Mercosur et de l’agriculture chimique, toutous-tout mignons et dociles embrassant un grand chef trumpiste éructant.

Ah, Trump, si tu savais ce que tu parais grand à côté de tous ceux qui s’inclinent devant toi, se vautrent, se couchent, s’agenouillent, se prosternent, se courbent, se « prostituent » (Ah, Macron revenant d’un sommet sur le réchauffement climatique content d’avoir rencontré le chef de sa bande... Joli bilan !) La planète menacée, sans accord parce que Trump n’a pas voulu signer, attendra. Nous ne sommes pas parvenus à un accord mais avons réussi à conserver le cadre, murmure le complice Macron. Félicitations pour le cadre ! Vous pourrez l’encadrer, avec ceux qui sont prêts à tout, ceux qui enfoncent chaque jour des millions de portes ouvertes, et l’humanité dans la détresse ; ceux qui ne contreviennent jamais à l’ordre normal des portes, ouvertes ou fermées !

Mélenchon, lui, est un récidiviste. Il a déjà claqué la porte du parti socialiste, pourquoi récidiver ? Etaler un tempérament si sanguin qu’il fait peur aux shootés à l’eau tiède... Les images tournent en boucle. Mélenchon a « pété les plombs ». De la graine de « populiste » autoritaire, ce Mélenchon, aussi violent que le chômage, que les inégalités abyssales. Il n’a pas l’heur d’aimer l’art exquis de la servitude volontaire ou du mensonge d’Etat, du mensonge sous serment.

Soyons sérieux quelques instants !

Je n’accepterai jamais que l’on criminalise des militants victimes d’un coup de sang, certes critiquable, et que l’on oublie le moment, l’environnement, la médiatisation, et les moyens déployés lors de « l’affaire ».

Je n’accepterai jamais que l’on condamne des militants échauffés alors que les vrais casseurs de vies humaines paradent et se goinfrent.

Je préfère les hommes politiques qui bousculent les portes du pouvoir à ceux qui s’agenouillent devant les portes maîtresses du système.

Alors : Non à ce qui ressemble à un traquenard pour se débarrasser d’une personnalité nécessaire au rassemblement populaire.

Ceci dit, camarade Mélenchon, j’essaie plus que jamais d’être communiste, et il me semble que sur l’unité populaire, nous, l’ensemble des militants anticapitalistes, ne sommes pas aujourd’hui à la hauteur des enjeux, des attentes pressantes, et que bien des portes doivent être encore enfoncées si l’on veut sortir des ruines et converger. Ce pays a besoin de plus de gauche, et de « enpoderar » le peuple, lui donner de la force. Est-ce contradictoire ? Besoin d’une gauche de rupture, diverse, de réponses anti-système urgentes, élaborées ensemble « en bas », une gauche émanation de collectifs de base vivants et protagonistes.

Pas de « soupe de sigles » ; d’accord. Mais oui, tu n’arriveras pas en solo à renverser des comportements, des habitudes, des identités, des histoires, à isoler les libéraux, à proposer des pistes pour bâtir une société nouvelle. Appelle-la comme tu voudras, pourvu qu’elle soit de rupture avec ce capitalisme prédateur. Si non, à quoi bon poursuivre le combat politique ? Il n’est pas d’autre option pour reconquérir l’espoir d’un monde fraternel et juste.

Jean Ortiz

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Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

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