RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Pourquoi le Sénat français invite un terroriste néo-nazi... et l’assure de son soutien ?

Ce mercredi 29 mai 2019, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat de la République française, recevait une délégation de vénézuéliens, avec à leur tête Lorent Saleh.

En costume-cravate, le jeune vénézuélien se livrait à un exercice de diplomatie parallèle afin de rallier certains secteurs politiques décisionnaires de notre pays dans sa croisade anti-démocratique au Venezuela.

Que Mr. Saleh parade devant les médias français est une chose. Nous connaissons l’alignement systématique des rédactions sur les positions atlantistes et le manque de discernement de certains journalistes pour identifier leurs interlocuteurs. En revanche, l’invitation de Mr Saleh au Palais du Luxembourg révèle soit un dysfonctionnement des services de renseignements de notre pays, soit l’alignement d’une institution républicaine respectable sur les secteurs les plus anti-démocratiques de l’opposition vénézuélienne. Dans les deux cas, c’est assez préoccupant.

Puisque personne ne semble connaître les antécédents et l’orientation politique de Laurent Saleh, nous nous permettons ici de les rappeler.

Qui est Laurent Saleh ?

Laurent Saleh est un activiste politique vénézuélien et fondateur du groupe ultra-radical Juventud Activa Venezuela Unida (JAVU). Ce groupuscule a été formé par les serbes de l’organisation Canvas (ex Otpor) aux techniques de coup d’Etat soft, théorisé par Gene Sharp. Ayant quitté Javu pour créer une autre officine (Operación Libertad), Lorent Saleh fut responsable d’actions insurrectionnelles réalisées dans l’Etat central de Carabobo. Actes pour lesquels il écopera d’une condamnation sans incarcération en 2010, mais avec l’obligation de se présenter au commissariat. Selon des révélations du Ministère de l’Intérieur vénézuélien, il participe, dès 2011, à des camps d’entrainement dans le but d’agresser le gouvernement d’Hugo Chávez.

Le 6 juillet 2013, Mr. Saleh a participé, en Colombie, au lancement d’un mouvement politique (Alliance Nationaliste pour la Liberté) aux cotés de militants néo-nazis du groupe Troisième Force. Le positionnement politique de Laurent Saleh n’est pas un délit, cependant il nous paraît étonnant que le Sénat français déroule le tapis rouge à des représentants de cette idéologie.

Laurent Saleh et Diego Cubillos, du groupuscule nazi colombien Tercera Fuerza
Les amis colombiens de Laurent Saleh

En 2014, il participe à des guérillas urbaines dans le but de renverser le gouvernement vénézuélien. Bilan : 41 morts, 608 blessés, dontla plupart sont imputables aux amis de Mr Saleh. Durant les mois qui suivirent ces violences, le jeune vénézuélien s’initiera à cette diplomatie parallèle en parcourant plusieurs pays dans le but de conquérir des soutiens dans sa lutte contre le gouvernement du Venezuela.

Au cours de cette année, il retournera en Colombie et sera arrêté par les autorités colombiennes pour avoir participé à des actions violentes à Bogota, et avoir tenté d’infiltrer l’Ecole de Guerre de ce pays.

Durant sa détention en Colombie, le journal colombien El Tiempo, publiera des photos compromettantes de Laurent Saleh dont une où il apparait armé d’un fusil Galil, de fabrication israélienne. El Tiempo relèvera pudiquement que l’activité de Laurent Saleh allait bien au-delà de ce que son visa de coopération lui permettait. Au vu des révélations de cet organe de presse peu susceptible de complaisance avec la Révolution Bolivarienne, on peut se demander qu’est-ce qui justifie l’invitation d’une telle personnalité dans les arcanes de notre Etat républicain.

Docteur Laurent et Mister Saleh. A gauche, lors de son audition au Sénat de la République Française, à droite armé d’un fusil Galil, prêt à commettre des activités terroristes au Venezuela
Laurent Saleh (au milieu) lors d’un voyage en Colombie

Pire encore, la même année, un échange skype entre Laurent Saleh et un mystérieux interlocuteur révèle le caractère mercenaire de l’invité du Sénat. Durant la conversation, que chacun peut découvrir, Laurent Saleh découvre les contours d’une opération terroriste qu’il a lui même contribué à planifier.

« Il faut commencer à monter des camps d’entrainement, ici en Colombie. Que nos gens apprennent à manier les armes et les explosifs, à faire de l’auto-défense et du parachute » dit l’invité de la République française. Puis il continue « nous possédons déjà des explosifs et du C4, mais nous devons avoir aussi des gilets pare-balles et de l’armement, et une façade diplomatique avec Opération Liberté [son ONG, NDT] ».

En septembre 2014, la Colombie finira par extrader ce terroriste en herbe au Venezuela, et lui interdira l’accès à son territoire durant 10 ans. Rapatrié dans son pays, il sera jugé, arrêté, mis sous les verrous, puis libéré en 2018, dans le cadre de négociations entre le gouvernement vénézuélien et des diplomates européens.

Le 26 février 2019, trois jours après l’échec du gouvernement des Etats-Unis de violer la souveraineté du territoire vénézuélien, nous retrouvons Laurent Saleh en Colombie. L’interdiction d’entrer sur ce territoire, émise par la justice cinq ans auparavant, avait été levé pour 90 jours par le gouvernement d’Ivan Duque. Ce soir là, il fut arrêté par la police colombienne. Les interprétations sur les causes de cette arrestation divergent. Certaines sources révèlent que Laurent Saleh aurait essayé d’abuser de deux femmes dans un bar de nuit, la police de Colombie informera quelques jours plus tard qu’il s’agissait d’un contrôle de routine. Il sera finalement libéré.

La crise politique au Venezuela ne peut se résoudre pacifiquement que par le dialogue. Si les Etats-Unis et leurs alliés latino-américains continue de jeter de l’huile sur les braises, les diplomaties qui recherchent des solutions de paix ne peuvent que soutenir les rencontres qui se déroulent actuellement en Norvège entre les dirigeants envoyés par le président Maduro et des députés de l’opposition vénézuélienne.

Or cette dernière est protéiforme, et couvre un échiquier politique très large. Il existe au sein de l’opposition des politiciens qui, tout en s’opposant au chavisme, à Hugo Chavez et au président Maduro, cherchent tout de même des solutions politiques pour éviter un conflit de plus grande ampleur.

En faisant le choix de s’afficher avec un membre de l’opposition la plus radicale, la plus violente et la plus extrémiste politiquement, la France ne fait pas honneur à la recherche de solutions politiques. Lorsque le président de la Commission des affaires étrangères au Sénat, Mr Christian Cambon (LR) affirme, devant Mr Saleh aux anges, que « les 11 monstres ciblés par les pays qui ont saisi le Tribunal Pénal International devront répondre de leurs crimes », ou invite son hôte à « rapporter à nos amis vénézuéliens le soutien du Sénat de la République Française », la France ne s’exclurait-elle pas de son rôle de médiation en posant des préalables qui pourrait nuire au dialogue d’Oslo ?

Romain MIGUS

»» https://www.romainmigus.info/2019/05/pourquoi-le-senat-francais-invite-un.html
URL de cet article 34966
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Ainsi parle Chávez
Hugo Chávez, figure du Venezuela et de l’Amérique latine contemporaine, si critiqué et diffamé dans la plupart des médias, était indéniablement le président métisse, issu d’une famille pauvre, avec lequel les classes populaires pouvaient s’identifier. Pendant 13 ans, chaque dimanche, il s’est adressé à son peuple dans une émission appelée « Allô président », fréquemment enregistrée sur le terrain et en public. Ce livre recueille certaines de ses allocutions. Tour à tour professeur, historien, blagueur, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération. »

phrase prononcée par De Gaulle à Moscou en 1966.

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.