RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Trump projette-t-il d’attaquer l’Iran le mois prochain ? (RT)

Un rapport récent affirme que le président Trump a l’intention de bombarder l’Iran, dans une énième attaque armée étasunienne contre un pays étranger.

À la fin de la semaine dernière, un rapport explosif publié par l’Australian Broadcasting Corporation (ABC) affirmait que l’administration Trump se prépare à bombarder les installations nucléaires iraniennes dès le mois prochain, ajoutant que l’Australie pourrait aider à l’identification des cibles. Le rapport cite des personnalités de haut rang au sein du gouvernement australien, l’Australie étant l’un des acteurs clés de l’alliance connue sous le nom de Five Eyes, qui comprend également le Royaume-Uni, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

Le rapport faisait suite au tweet tristement célèbre de Trump, dans lequel il menaçait le président iranien Hassan Rouhani d’ ’avoir à subir des conséquences sans comparaison avec celles que d’autres personnes ont subies tout au long de l’histoire’.

En dehors du fait que ce tweet est, en lui-même, une violation claire de l’Article 2(3) et (4) de la charte de l’ONU, en particulier de la mention ’Tous les membres éviteront dans leurs relations internationales de se menacer ou d’utiliser la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre état’, il est inquiétant (mais pas étonnant) que les médias mainstream n’aient pas fait plus de cas d’aussi dangereuses initiatives.

Le rapport succède également à la rencontre du secrétaire à la Défense James ’Chien fou’ Mattis et du secrétaire d’État Mike Pompeo avec la ministre australienne de la Défense Marise Payne et la ministre des Affaires étrangères Julie Bishop plus tôt dans la semaine en Californie à l’occasion de la consultation ministérielle annuelle de l’Australie et des États-Unis (AUSMIN).

Depuis la publication du rapport, Mattis a ouvertement nié la véracité de son contenu, en le qualifiant de ’fiction’.

’Je ne sais pas où les journalistes australiens ont trouvé cette information ’, a déclaré Mattis aux journalistes qui l’interrogeaient sur le rapport. ’Je suis sûr que rien de tel n’est envisagé en ce moment, et je pense franchement que c’est de la fiction.’

Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a également balayé le rapport qu’il a qualifié de ’spéculation’, et affirmé qu’il n’avait ’aucune raison’ de croire qu’une telle attaque soit imminente.

Même Trump est revenu sur son attaque verbale contre l’Iran, en déclarant à une convention à Kansas City : ’J’ai sorti les États-Unis de l’horrible accord nucléaire iranien unilatéral, et l’Iran n’est plus le même pays.... Nous sommes prêts à conclure un accord’.

Alors, le rapport est-il une invention ? S’agit-il d’une spéculation fondée sur de mauvaises informations de hauts fonctionnaires anonymes ? Ou s’agit-il d’un des tours de passe-passe de la dernière doctrine de Trump sur la manière de traiter les états qui s’opposent à lui ?

Il faut garder à l’esprit que des rapports antérieurs affirmaient que l’administration Trump avait envisagé de procéder à des frappes limitées sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC), au moment où Trump menait, sur Twitter, sa petite guerre personnelle au dirigeant nord-coréen Kim Jong, suite à laquelle aucune frappe de ce genre n’a finalement jamais été déclenchée. Peu de temps après, l’administration Trump et les dirigeants nord-coréens ont accepté de suivre une voie diplomatique, ce qui a valu beaucoup de compliments à Donald Trump. Vous commencez à voir se dessiner un motif structurant ?

Quoi qu’il en soit, nous ne savons pas à ce stade ce qui peut arriver demain, et encore moins la semaine prochaine ou le mois prochain. Avec quelqu’un comme Donald Trump à la barre, les paris sont ouverts. Même si une attaque était imminente, il semble qu’il n’y a pas grand-chose à faire pour l’empêcher, vu que nous sommes tous réduits au rôle de benêts qui se demandent si le gâteau au chocolat est vraiment beau.

Parlons plutôt de ce que nous savons.

Nous savons que Donald Trump a unilatéralement retiré les États-Unis de l’accord nucléaire iranien, également connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) en mai de cette année. Nous savons qu’en même temps il a ordonné à tous les pays de cesser d’acheter du pétrole iranien d’ici le 4 novembre de cette année, et a réintroduit les sanctions contre l’Iran que le JCPOA était censé avoir levées. Nous savons que l’Europe ne peut pas faire grand-chose pour contourner ces sanctions et maintenir ses relations économiques avec Téhéran, en admettant qu’elle essaie.

Nous savons également qu’en réponse à ces sanctions imminentes, Téhéran a menacé de bloquer le détroit d’Ormuz, par lequel passent 30 à 35 % du commerce maritime mondial du pétrole. Nous savons que l’Iran a techniquement le droit de le faire, et que, même partielle, une fermeture suffirait à ébranler les marchés financiers mondiaux. Cette menace ne doit pas être prise à la légère, d’autant plus que les difficultés économiques pourraient réduire l’Iran au désespoir. En dehors du développement de sa propre crypto-monnaie, il y a peu de chance que l’Iran puisse faire face à la guerre économique de Washington sans rien faire qui paraisse menaçant aux Etats-Unis ou leurs alliés.

Selon CNN, les États-Unis étudient actuellement les options militaires qui s’offrent à eux pour maintenir ces indispensables voies navigables ouvertes, en utilisant très probablement des forces par procuration, comme les forces saoudiennes. Même l’allié de l’Iran, la Chine, a mis en garde le pays contre la fermeture imminente du passage, elle qui a pourtant mené des exercices navals conjoints près du détroit avec l’Iran dans le passé.

Nous savons aussi que le major-général Mohammad Hossein Bagheri du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) a averti que l’offensive économique de Washington n’était que le prélude à une attaque militaire, l’objectif réel de l’administration Trump.

Nous savons qu’une attaque militaire est très probablement en préparation, d’une manière ou d’une autre, puisque Donald Trump a pris comme conseiller en matière de sécurité nationale le fou dangereux John Bolton, qui a promis qu’il y aurait un changement de régime en Iran avant la fin de l’année. C’est le même fou dangereux qui a publié un éditorial dans le New York Times intituléPour arrêter les bombes iraniennes, il faut bombarder l’Iran’.

Nous savons aussi que les Etats-Unis veulent relancer le soi-disant ’OTAN arabe’ pour attaquer directement l’Iran, car la Maison Blanche vient de confirmer ouvertement qu’elle discute de la forme de cette alliance avec ses ’partenaires régionaux depuis plusieurs mois’. Actuellement connue sous le nom d’Alliance stratégique pour le Moyen-Orient (MESA), son rôle semble être de servir de rempart contre une ’agression iranienne, son terrorisme et son extrémisme’, selon un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.

Oui, vous avez bien lu - l’Iran, qui ne bombarde ni n’envahit personne et qui est l’une des entités les plus engagées dans la lutte contre des groupes terroristes tels que l’EI, est soi-disant la source d’agression, de terrorisme et d’extrémisme dans la région du Moyen-Orient qu’il est absolument nécessaire de combattre.

Ce qui relie entre eux tous ces développements est un incident qui s’est déroulé sans faire grand bruit jeudi dernier, et au cours duquel un énorme pétrolier en provenance d’Arabie saoudite à destination de l’Égypte a été endommagé par une attaque de missiles lancée par les Houthis du Yémen depuis le détroit de Bab el-Mandeb au nord de la mer Rouge. Les médias occidentaux, de concert avec les médias saoudiens et israéliens, qualifient les Houthis de forces supplétives de l’Iran. Toutefois, comme je n’ai cessé de le souligner toutes ces années, il n’y a en fait que très peu de preuves concrètes d’une implication iranienne à grande échelle au Yémen, malgré cette propagande incessante. De toute façon, il est facile de voir quel est le cette rhétorique sur le long terme.

Nous savons que, comme les États-Unis ne peuvent pas attaquer l’Iran directement, ils ont conçu un plan pour réduire son influence dans l’ensemble du Moyen-Orient. Nous savons que les États-Unis ont envahi plus d’un tiers de la Syrie, y compris certains de ses territoires les plus stratégiques, pour contrer l’expansion de l’Iran dans la région. Nous savons aussi que c’est l’objectif réel qui a toujours sous-tendu l’engagement de Washington en Syrie et que la lutte contre l’EI n’est qu’un prétexte fallacieux. Selon le commandant du CENTCOM, le général Joseph Votel, la base militaire étasunienne d’al-Tanf, en Syrie, permet aux États-Unis d’influencer indirectement l’activité iranienne ’par la poursuite de nos opérations en cours’.

Combien de temps les opérations illégales en Syrie vont-elles encore se poursuivre et jusqu’où les Etats-Unis sont-ils prêts à aller pour nuire à l’Iran en Syrie ?

Nous savons aussi que le commandant des Force Qods de la Garde révolutionnaire iranienne, le général Qasem Soleimani, qui a également répliqué à la rhétorique anti-iranienne de Trump, a fait craindre aux États-Unis que l’Iran puisse déployer des milices chiites en Irak pour frapper les troupes américaines stationnées là-bas. La preuve que Soleimani donne de sacrés maux de tête aux États-Unis, c’est qu’il aurait été désigné comme cible légitime d’assassinat par les États-Unis et Israël depuis un certain temps déjà.

En outre, et c’est peut-être le plus important, nous savons que le récent sommet des BRICS, une épine économique enfoncée dans le pied de la politique étrangère belliciste de Washington, a également pour projet d’inclure l’Iran en tant qu’allié de choix dans l’avenir. En ce qui concerne les pays du BRICS, une attaque contre l’Iran constituerait très probablement aussi une attaque contre tout ce que les BRICS tentent de réaliser.

Dans ce contexte, l’Iran pourrait avoir de bons alliés, alors même qu’il doit faire face à un ensemble sans précédent de mesures agressives de la part des États-Unis et de ses laquais. Quelle que soit la manière dont on regarde le sentier de la guerre sur lequel nous nous trouvons, les scénarios sont potentiellement catastrophiques et les conséquences seront profondes.

Une guerre avec l’Iran peut sembler aberrante étant donné les conséquences inimaginables qu’elle entraînerait, mais on en voit les bases se consolider sous nos yeux dans un silence médiatique assourdissant. Qu’une attaque de missiles sur l’Iran se profile ou non à l’horizon, la guerre de Washington avec l’Iran a déjà commencé de plus d’une façon et semble devoir s’intensifier jusqu’à ce que les États-Unis réussissent à détruire le régime iranien par des moyens directs ou indirects.

Darius Shahtahmasebi

Darius Shahtahmasebi est un homme de loi et analyste politique basé en Nouvelle Zélande.

Traduction : Dominique Muselet

»» https://www.rt.com/op-ed/434621-iran-attack-trump-australia/
URL de cet article 33646
   
Une histoire populaire des États-Unis - De 1492 à nos jours
Howard ZINN
Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu. L’auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Honte à tous ceux à gauche qui ont tourné le dos à Assange. J’ai vu ce que vous avez fait, bande d’enfoirés.

Daniel Fooks

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.