RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

De la Ruche murmurante

Le Prince de Machiavel peut être lu sous deux angles : pour les puissants, c’est un enseignement ; pour les peuples, une mise en garde. Il est tentant de faire de même avec le poème La Ruche murmurante, écrit par Bernard Mandeville en 1705 : une louange du capitalisme où la ruse et les vices sont mêlés pour le bien de l’Humanité, ou une satire visant les sophistes qui sont payés pour faire accroire que le capitalisme est le meilleur des systèmes…

« Un nombreux essaim d’abeilles habitait une ruche spacieuse. Là, dans une heureuse abondance, elles vivaient tranquilles. Ces mouches, célèbres par leurs lois, ne l’étaient pas moins par le succès de leurs armes, et par la manière dont elles se multipliaient. Leur domicile était un séminaire parfait de science et d’industrie. Jamais abeilles ne vécurent sous un plus sage gouvernement : cependant, jamais il n’y en eut de plus inconstantes et de moins satisfaites. Elles n’étaient, ni les malheureuses esclaves d’une dure tyrannie, ni exposées aux cruels désordres de la féroce démocratie. Elles étaient conduites par des rois qui ne pouvaient errer, parce que leur pouvoir était sagement borné par les lois. [...]

La fertile ruche était remplie d’une multitude prodigieuse d’habitants, dont le grand nombre contribuait même à la prospérité commune. Des millions étaient occupés à satisfaire la vanité et l’ambition d’autres abeilles, qui étaient uniquement employées à consumer les travaux des premières. Malgré une si grande quantité d’ouvriers, les désirs de ces abeilles n’étaient pas satisfaits. Tant d’ouvriers, tant de travaux pouvaient à peine fournir au luxe de la moitié de la nation.

Quelques-uns, avec de grands fonds et très peu de peines, faisaient des gains très considérables. D’autres, condamnés à manier la faux et la bêche, ne gagnaient leur vie qu’à la sueur de leur visage et en épuisant leurs forces par les occupations les plus pénibles. L’on en voyait cependant d’autres qui s’adonnaient à des emplois tout mystérieux, qui ne demandaient ni apprentissage, ni fonds, ni soins.

Tels étaient les chevaliers d’industrie, les parasites, les courtiers d’amour, les joueurs, les filous, les faux-monnayeurs, les empiriques, les devins et, en général tous ceux qui haïssant la lumière tournaient, par de sourdes pratiques à leur avantage, le travail de leurs voisins qui incapables eux-mêmes de tromper étaient moins défiants. On appelait ces gens-là des fripons : mais ceux dont l’industrie était plus respectée, quoique dans le fond peu différents des premiers, recevaient un nom plus honorable. Les artisans de chaque profession, tous ceux qui exerçaient quelque emploi, ou quelque charge, avaient quelque espèce de friponnerie qui leur était propre. C’était les subtilités de l’art, et les tours de bâton.

Comme s’ils n’eussent pu, sans l’instruction d’un procès, distinguer le légitime d’avec l’illégitime, ils avaient des jurisconsultes occupés à entretenir des animosités, et à susciter de mauvaises chicanes. C’était le fin de leur art. Les lois leur fournissaient des moyens pour ruiner leurs parties et pour profiter adroitement des biens engagés. Uniquement attentifs à tirer de précieux honoraires, ils ne négligeaient rien pour empêcher qu’on ne terminât par voie d’accommodement les difficultés. Pour défendre une mauvaise cause, ils épluchaient les lois avec la même exactitude et dans le même but que les voleurs examinent les maisons et les boutiques. C’était uniquement pour découvrir l’endroit faible dont ils pourraient se prévaloir.
[...]

La justice même, si renommée pour sa bonne foi quoique aveugle, n’en était pas moins sensible au brillant éclat de l’or. Corrompue par des présents, elle avait souvent fait pencher la balance qu’elle tenait dans sa main gauche. Impartiale en apparence, lorsqu’il s’agissait d’infliger des peines corporelles, de punir des meurtres et d’autres grands crimes, elle avait même souvent condamné au supplice des gens qui avaient continué leurs friponneries après avoir été punis du pilori. Cependant on croyait communément que l’épée qu’elle portait ne frappait que les abeilles qui étaient pauvres et sans ressources ; et que même cette déesse faisait attacher à l’arbre maudit des gens qui, pressés par la fatale nécessité, avaient commis des crimes qui ne méritaient pas un pareil traitement. Par cette injuste sévérité, on cherchait à mettre en sûreté le grand et le riche.

Chaque ordre était ainsi rempli de vices, mais la Nation même jouissait d’une heureuse prospérité. Flattée dans la paix, on la craignait dans la guerre. Estimée chez les étrangers, elle tenait la balance des autres ruches. Tous ses membres à l’envi prodiguaient pour sa conservation leurs vies et leurs biens. Tel était l’état florissant de ce peuple. Les vices des particuliers contribuaient à la félicité publique. Dès que la vertu, instruite par les ruses politiques, eut appris mille heureux tours de finesse, et qu’elle se fut liée d’amitié avec le vice, les plus scélérats faisaient quelque chose pour le bien commun.

Les fourberies de l’État conservaient le tout, quoique chaque citoyen s’en plaignît. L’harmonie dans un concert résulte d’une combinaison de sons qui sont directement opposés. Ainsi les membres de la société, en suivant des routes absolument contraires, s’aidaient comme par dépit. La tempérance et la sobriété des uns facilitait l’ivrognerie et la gloutonnerie des autres. L’avarice, cette funeste racine de tous les maux, ce vice dénaturé et diabolique, était esclave du noble défaut de la prodigalité. Le luxe fastueux occupait des millions de pauvres. La vanité, cette passion si détestée, donnait de l’occupation à un plus grand nombre encore. L’envie même et l’amour-propre, ministres de l’industrie, faisaient fleurir les arts et le commerce. Les extravagances dans le manger et dans la diversité de mets, la somptuosité dans les équipages et dans les ameublements, malgré leur ridicule, faisaient la meilleure partie du négoce.

Toujours inconstant, ce peuple changeait de lois comme de modes. Les règlements qui avaient été sagement établis étaient annulés et on leur en substituait bientôt de tout opposés. Cependant en altérant ainsi leurs anciennes lois et en les corrigeant, ils prévenaient des fautes qu’aucune prudence n’aurait pu prévoir.

C’est ainsi que le vice produisant la ruse, et que la ruse se joignant à l’industrie, on vit peu à peu la ruche abonder de toutes les commodités de la vie. Les plaisirs réels, les douceurs de la vie, l’aise et le repos étaient devenus des biens si communs que les pauvres mêmes vivaient plus agréablement alors que les riches ne le faisaient auparavant. On ne pouvait rien ajouter au bonheur de cette société.

Mais hélas ! quelle n’est pas la vanité de la félicité des pauvres mortels ? À peine ces abeilles avaient-elles goûté les prémices du bonheur, qu’elles éprouvèrent qu’il est même au dessus du pouvoir des Dieux de rendre parfait le séjour terrestre. La troupe murmurante avait souvent témoigné qu’elle était satisfaite du gouvernement et des ministres ; mais au moindre revers, elle changea d’idées. Comme si elle eût été perdue sans retour, elle maudit les politiques, les armées et les flottes. Ces Abeilles réunissant leurs plaintes, on entendait de tous côtés ces paroles : « Maudites soient toutes les fourberies qui règnent parmi nous ». Cependant chacune se les permettait encore ; mais chacune avait la cruauté de ne vouloir point en accorder l’usage aux autres.

Un personnage qui avait amassé d’immenses richesses en trompant son Maître, le Roi et le Pauvre, osait crier de toute sa force : « Le pays ne peut manquer de périr pour toutes ses injustices ». Et qui pensez-vous que fut ce rigide sermonneur ? C’était un gantier qui avait vendu toute sa vie et qui vendait actuellement des peaux de mouton pour des cabrons. Il ne faisait pas la moindre chose dans cette société qui ne contribuât au bien public. Cependant tous les fripons criaient avec impudence : « Bon Dieux ! accordez-nous seulement la probité ».

Mercure [ dieu des larrons] ne put s’empêcher de rire à l’ouïe d’une prière si effrontée. Les autres Dieux dirent qu’il y avait de la stupidité à blâmer ce que l’on aimait. Mais Jupiter, indigné de ces prières, jura enfin que cette troupe criailleuse serait délivrée de la fraude dont elle se plaignait.

Il dit : « Au même instant l’honnêteté s’empara de tous les cœurs ». Semblable à l’arbre instructif, elle dévoila les yeux de chacun, elle leur fit apercevoir ces crimes qu’on ne peut contempler sans honte. Ils se confessaient coupables par leurs discours et surtout par la rougeur qu’excitait sur leurs visages l’énormité de leurs crimes. C’est ainsi que les enfants qui veulent cacher leurs fautes, trahis par leur couleur, s’imaginent que dès qu’on les regarde, on lit sur leur visage mal assuré la mauvaise action qu’ils ont faite.

Mais grand Dieux ! quelle consternation ! quel subit changement ! [...]

Personne ne pouvait plus acquérir des richesses. La vertu et l’honnêteté régnaient dans la Ruche. [...]

La justice, qui jusqu’alors avait été occupée à faire pendre certaines personnes, avait donné la liberté à ceux qu’elle tenait prisonniers. Mais dès que les prisons eurent été nettoyées, la déesse qui y préside devenant inutile, elle se fit contraint de se retirer avec son train et tout son bruyant attirail.

[...] Ceux qui faisaient des dépenses excessives et tous ceux qui vivaient de ce luxe furent forcés de se retirer.

[...] On évitait la vaine dépense avec le même soin qu’on fuyait la fraude. On n’entretenait plus d’Armée dehors. Méprisant l’estime des étrangers, et la gloire frivole qui s’acquiert par les armes, on ne combattait plus que pour défendre la patrie contre ceux qui en voulaient à ses droits et à sa liberté.

[...] L’architecture, cet art merveilleux, fut entièrement abandonné. Les artisans ne trouvaient plus personne qui voulut les employer. Les peintres ne se rendaient plus célèbres par leur pinceau. Le sculpteur, le graveur, le ciseleur et le statuaire n’étaient plus nommés dans la Ruche.

[...] Le peu d’abeilles qui restèrent vivaient chétivement. On n’était plus en peine comment on dépenserait son argent, mais comment on s’y prendrait pour vivre.

[...] Toutes les manufactures qui restent ne fabriquent que des étoffes les plus simples ; cependant elles sont toutes fort chères. La nature bienfaisante n’étant plus contrainte par l’infatigable jardinier, elle donne, à la vérité, ses fruits dans sa saison ; mais aussi elle ne produit plus ni raretés, ni fruits précoces.

À mesure que la vanité et le luxe diminuaient, on voyait les anciens habitants quitter leur demeure. Ce n’était plus ni les marchands, ni les compagnies qui faisaient tomber les manufactures, c’était la simplicité et la modération de toutes les abeilles. Tous les métiers et tous les arts étaient négligés. Le contentement, cette peste de l’industrie, leur fait admirer leur grossière abondance. Ils ne recherchent plus la nouveauté, ils n’ambitionnent plus rien.

C’est ainsi que la ruche étant presque déserte, ils ne pouvaient se défendre contre les attaques de leurs ennemis cent fois plus nombreux. Ils se défendirent cependant avec toute la valeur possible, jusqu’à ce que quelques-uns d’entre eux eussent trouvé une retraite bien fortifiée. C’est là qu’ils résolurent de s’établir ou de périr dans l’entreprise. Il n’y eut aucun traître parmi eux. Tous combattirent vaillamment pour la cause commune. Leur courage et leur intégrité furent enfin couronnés de la victoire.

Ce triomphe leur coûta néanmoins beaucoup. Plusieurs milliers de ces valeureuses abeilles périrent. Le reste de l’essaim, qui s’était endurci à la fatigue et aux travaux, crut que l’aise et le repos qui mettait si fort à l’épreuve leur tempérance, était un vice. Voulant donc se garantir tout d’un coup de toute rechute, toutes ces abeilles s’envolèrent dans le sombre creux d’un arbre où il ne leur reste de leur ancienne félicité que le Contentement et l’Honnêteté.

Quittez donc vos plaintes, mortels insensés ! En vain vous cherchez à associer la grandeur d’une Nation avec la probité. Il n’y a que des fous qui puissent se flatter de jouir des agréments et des convenances de la terre, d’être renommés dans la guerre, de vivre bien à son aise et d’être en même temps vertueux. Abandonnez ces vaines chimères. Il faut que la fraude, le luxe et la vanité subsistent, si nous voulons en retirer les doux fruits. [...] Le vice est aussi nécessaire dans un État florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse. [...] »

La Ruche murmurante ou les fripons devenus honnêtes gens (1), Bernard Mandeville

(traduction Jean Bertrand)

* * *

Voici ce que l’on pouvait lire en 1935 dans Dévalorisation de l’HOMME (2), ouvrage de Victor Monod [de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg] :

« Les théories historiques de Max Weber [auteur de L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905] ont mis en relief le rôle joué par la Hollande et l’Angleterre dans le développement de la civilisation économique moderne. Il est assez remarquable de constater que c’est un homme né et instruit en Hollande, puis émigré en Angleterre, qui a poussé à l’extrême l’apologie des activités mercantiles et soutenu que la morale traditionnelle, sous peine de ruiner l’expansion d’une société laborieuse, devait subir une transformation radicale. J’entends parler de Bernard de Mandeville [...]Addison déclara à Mandeville que, selon toute apparence, l’origine de son nom devait être : man-devil, l’homme démoniaque. Il était difficile, en effet, de heurter l’opinion publique anglaise du début du XVIIIe siècle d’une manière plus scandaleuse que ne le fit l’auteur de La Fable des Abeilles [titre de l’ouvrage contenant La Ruche murmurante et le long commentaire rajouté].

Pourtant, ces insolents paradoxes recouvraient plus d’une vérité. Après deux siècles écoulés, on ne peut pas ne pas admirer la prodigieuse habileté de Mandeville à deviner bien des problèmes sociaux, inaperçus de son temps, qui accablent lourdement les sociétés contemporaines. Mandeville est peut être un philosophe déplaisant, mais c’est un observateur pénétrant et on ne peut pas dire que sa fable ait perdu toute actualité, en face de l’humanité de 1935. [...]

Dans toute société orientée vers la production d’objets, l’homme utile est celui qui crée de nouveaux besoins de consommation. En effet, si l’on multiplie à l’infini les besoins des mortels, ce qui doit servir à les satisfaire n’aura aussi point de bornes. [...]

Les conceptions sociales de Mandeville sont essentiellement aristocratiques. Pour que le travailleur manuel reste laborieux et content de son sort, il est nécessaire de le maintenir dans l’ignorance : ‘‘Dans une nation libre où il n’est pas permis d’avoir des esclaves, les plus sûres richesses consistent à pouvoir disposer d’une multitude de pauvres laborieux. C’est une pépinière intarissable pour les flottes et pour les armées. Sans ces sortes de gens, on ne jouirait d’aucun plaisir et on n’estimerait point ce qu’un pays produit. Pour rendre la société heureuse et pour que les particuliers soient à leur aise, lors même qu’ils n’ont pas de grands biens, il faut qu’un grand nombre de ses membres soient ignorants, aussi bien que pauvres. Les lumières augmentent et multiplient nos désirs, et moins l’homme souhaite de choses, plus il supplée aisément à ses nécessités (Essai sur les écoles de charité, tome II).’’ [...]

En vérité, Max Weber aurait pu trouver chez Mandeville des manifestations de l’esprit du capitalisme infiniment plus hautes en couleur que chez Baxter ou chez les prédicants non-conformistes. Mais, il lui eût été difficile de rattacher les théories sociales d’un Mandeville, libre-penseur militant, ennemi du clergé, aux dogmes de la grâce inamissible et de la prédestination.

L’exemple de Mandeville donne à penser que les racines du capitalisme moderne ne sont probablement pas celles que Weber avait cru découvrir. Mandeville est un pur utilitaire qui se soucie peu du destin des individus. À ses yeux, l’avantage de la société prime tout le reste : « Tout le monde, dit-il, doit toujours favoriser ce qui convient au public. » Il ne voit pas dans le travail fécond une occasion pour l’individu de sculpter sa personnalité morale par l’ascèse et l’effort,

mais un redoutable problème social. Comment absorber la production ? Comment assurer des emplois à une population dont la prospérité économique entraînera l’accroissement numérique ? [...]

Mandeville s’est donc érigé en prophète du monde à venir et on ne peut nier qu’il ait été perspicace. L’accroissement de la population européenne sous l’impulsion d’une civilisation enrichie, les périls du chômage, l’urgence économique de créer sans répit des besoins nouveaux parmi les hommes, la destruction des valeurs morales anciennes par l’éthique du consomptionisme qui élève le gros consommateur à la dignité de bienfaiteur social : autant de traits qui ont pris rang aujourd’hui parmi les truismes et les évidences manifestes, mais qui frappent sous la plume d’un homme qui a vécu bien avant l’essor de la grande industrie. »

(1) La Ruche murmurante ou les fripons devenus honnêtes gens, texte complet (quelque 400 vers) disponible sur : http://expositions.bnf.fr/utopie/cabinets/extra/textes/constit/1/18/2.htm

(2) Chap. IV, Dévalorisation de l’Homme, Victor Monod, disponible sur : http://gallica.bnf.fr (taper : victor monod)


URL de cet article 32631
   
Donde Estan ? ; Terreurs et disparitions au Pérou (1980-2000)
Daniel Dupuis
La pratique des arrestations illégales, des tortures et des exécutions en dehors de tout procès régulier puis de la dissimulation des dépouilles (d’où le terme de « disparus ») est tristement célèbre en Amérique latine où les dictatures ( l’Argentine de la junte militaire, le Paraguay dirigé par le général Alfredo Stroessner, le Chili tenu par Augusto Pinochet...) y ont eu recours. De 1980 à 2000, sous un régime pourtant démocratique, l’armée du Pérou n’a pas hésité à recourir à la terreur (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Les Etat-Unis eux-mêmes, par leur tendance croissante à agir de manière unilatérale et sans respect pour les préoccupations d’autrui, sont devenus un état voyou."

Robert MacNamara
secrétaire à la défense étatsunien de 1961 à 1968
paru dans l’International Herald Tribune, 26 juin 2000.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.