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La Boîte de Pandore s’ouvre dans l’affaire de l’ex-procureur générale du Venezuela

Caracas, 19 août (PL) Le scandale de corruption, d´extorsion et d’impunité dans lequel est impliquée l’ex-procureure générale vénézuélienne, Luisa Ortega (photo), comprend de nouvelles évidences qui la désignent comme l’auteure intellectuelle de l’escalade de la violence qui a récemment secoué le pays.

Le nouveau procureur général désigné par l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), Tarek William Saab, a tenu Ortega pour responsable des lamentables résultats des protestations lors des quatre derniers mois, lesquelles ont fait un bilan de plus de 100 morts, près de 1500 blessés et des pertes économiques multimillionnaires.

« Je le dirai ici pour la première fois : je la considère comme l’auteure intellectuelle de chaque mort et blessé depuis le 1er avril. Pèseront dans sa conscience chacun des morts, des blessés, ainsi que le deuil et la tragédie qui ont baigné ce pays de sang », s’est-il exprimé.

Lors de sa comparution devant l’ANC, qui a tenu session jeudi dernier dans l’Hémicycle Protocolaire Législatif de la capitale, Tarek William Saab a décrit Ortega comme un « agent de la conspiration la plus terrible qu’ait vécue cette nation. Elle est l’auteure intellectuelle de ce qui a eu lieu, et elle a endeuillé le Venezuela ».

L’actuel titulaire du Ministère Public a souligné que sa prédécesseur « a parié sur la dissolution de l’État en assumant des attributions qui ne lui correspondaient pas. Elle devra payer pour ses crimes qui ont presque provoqué une guerre civile ».

La présidente de l’ANC, Delcy Rodriguez, s’est également prononcé à ce sujet en dénonçant le fait que l’ex-procureure générale « a porté atteinte à l’ordre constitutionnel en permettant l’impunité des délits de violence politique, encouragés par des secteurs extrémistes de l’opposition, qui ont eu lieu dans le pays lors des derniers mois ».

Rodriguez a précisé que les actions de l’ex-procureure Ortega « répondent aux intérêts d’axes impériaux, encouragés par le gouvernement des États-Unis, qui attentent à la stabilité et la souveraineté de la Patrie ».

L’ancienne chancelière vénézuélienne a assuré qu’Ortega « a tenté de déstabiliser la République, et d’encourager une intervention au Venezuela ». Avant d’ajouter que « l’Histoire la jugera ; mais la justice aussi ».

Le Tribunal Suprême de Justice a pour sa part sollicité l’ANC pour ouvrir et enquêter sur le cas de German Ferrer, député de l’Assemblée Nationale et mari de l’ancienne procureure générale, soupçonné de diriger un réseau de corruption piloté depuis le Ministère Public alors qu’Ortega Diaz commandait cette institution.

Selon la présidente de l’ANC, « il existe des éléments de conviction pour déterminer la responsabilité de ce citoyen (Ferrer) quant à des délits de corruption, enrichissement personnel illicite, délinquance organisée et extorsion ».

L’ex-procureure générale vénézuélienne, ainsi que son époux (le député German Ferrer), et d’autres fonctionnaires de cette institution, sont accusés, par les autorités de cette nation sud-américaine, de faire partie d’un réseau d’extorsion qui a sorti plus de six millions de dollars du pays vers des comptes aux Bahamas.

Six documents originaux qui témoignent des actions délictueuses effectuées par les accusés ont été présentés à la presse. Tareck William Saab a souligné que les procureurs Pedro Lupera et Luis Sanchez, ainsi que l’ancienne responsable du bureau d’Ortega au Ministère Public, Gioconda Gonzalez, sont également incriminés.

Saab a précisé que l’origine des fonds illicites provient de l’utilisation indue d’une enquête à propos de délits de corruption dans la zone pétrolière d’Orinoco. « Cela a terminé en extorsion d’entrepreneurs liés à ce territoire ».

Selon l’état actuel des recherches, Saab a précisé qu’Ortega a « monté une structure destinée au chantage, par laquelle transitaient des montants allant jusqu’à 100 mille dollars pour des cas d’importances mineures. Cela sans compter les paiements en biens tels maisons et véhicules. Ces indices ont fait supposer une escalade allant jusqu’à l’ouverture de comptes millionnaires ».

Pour sa part, le premier vice-président du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV), Diosdado Cabello, a précisé mercredi dernier que ce réseau « a été activé après que le gouvernement a ordonné d’enquêter sur des entreprises du secteur pétrolier ».

« C’est à partir de cet instant que les procureurs désignés pour ce travail ont pris contact avec des entrepreneurs pour leur faire payer des types de péages : comme une mafia », a-t-il commenté.

Le dirigeant socialiste a expliqué qu’un « premier compte a été ouvert, par le procureur auxiliaire Luis Sanchez, le 5 avril 2016, pour un montant de 669 mille dollars. Le jour suivant, l’ouverture d’un second compte a été réalisée par Pedro Lopera, procureur principal, et German Ferrer, pour un montant d’un million de dollars ».

« Le troisième jour, Ferrer et Sanchez ont ouvert un troisième compte pour le même montant (un million de dollars). Puis l’avocat défenseur de l’ancienne procureur, José Rafael Parra, lequel est actuellement détenu, a ouvert un compte d’un montant d’un million 50 mille dollars », a-t-il ajouté.

Selon les documents cités, Gioconda Garcia, accompagnée de Parra, a ouvert un cinquième compte, celui-ci d’un montant d’un million 669 mille 321 dollars.

Cabello a bien précisé que cette « Gioconda Garcia est bien la propre Gioconda Gonzalez, l’ex-directrice du bureau d’Ortega. Son identité avait été occulté par l’utilisation d’un autre passeport ».

Faisant référence à l’existence d’un sixième compte destiné au transfert des fonds provenant de l’extorsion, le leader bolivarien a signalé qu’« ensuite, Lopera est retourné ouvrir un autre compte d’un montant d’un million 730 mille dollars ».

Il a également expliqué qu’en mars, alors qu’il enquêtait sur des affaires concernant les compagnies PDVSA et la brésilienne Oderbrecht, le Centre d’Enquête contre le Crime des Amériques a débuté des recherches basées sur des plaintes reçues au sujet d’un réseau de corruption qui opérait au sein du Ministère Public de la République du Venezuela.

Vendredi dernier, des rumeurs, jusqu’à l’heure non confirmées, affirmant que l’ex-procureure générale et son époux avaient fui le Venezuela vers la Colombie ou le Brésil circulaient sur plusieurs sites internet [Note du GS. Ils sont effectivement en Colombie].

Miguel Fernández Martínez

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Prensa Latina. Agence de presse de l’Amérique latine

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