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La répression est en marche aux Etats-Unis

L’hypothèse-1984 de Russiagate

Daniel McAdams, ancien parlementaire, est le principal associé de Ron Paul dans la direction du Ron Paul Institute for Peace. Il donne ici, à partir d’une interprétation des textes, le développement d’une hypothèse d’une action maximaliste contre la presse antiSystème aux USA, en application de la loi sur les sanctions antirusses que vient de voter le Congrès et que le président Trump a signée mercredi.

Le paysage décrit par McAdams est apocalyptique, avec une offensive qui tendrait à retirer la protection de la liberté de la presse à toutes les organisations d’information et de communication qui seraient proclamées comme travaillant “pour le compte du renseignement russe ou en faveur de la Russie”. Cela signifierait une action générale, non seulement contre les réseaux russes aux USA (RT, Sputnik, etc.), mais aussi contre tous les types de sites antiSystème qui n’adoptent pas la ligne générale du Système, de TheDuran.com à ZeroHedge.com, de ConsortiumNews au Ron Paul Institute for Peace, etc.

Cette hypothèse vient s’ajouter aux nouvelles concernant l’action de Google contre des sites antiSystème dits-progressistes, telle que la dénoncent ConsortiumNews et WSWS.org. (Voir le 29 juillet 2017, mais aussi toute une rubrique de WSWS.org [8 textes], consacrée à cette question depuis le 27 juillet, avec quelques textes [3] traduits en français sur le site correspondant.)

L’appréciation de McAdams, qui est évidemment maximaliste comme il la présente lui-même, constitue une indication très forte selon laquelle la loi votée par le Congrès est aussi bien à destination interne qu’à action externe. Cela rejoint opérationnellement la remarque faite par Medvedev dans sa réaction après la signature de la loi votée par le Congrès : « L’hystérie antirusse est apparue comme étant devenue un facteur essentiel, non seulement de la politique extérieure (comme ce fut souvent le cas) mais aussi la politique intérieure US (c’est nouveau). »

(Le titre complet du texte de Daniel McAdams, le 4 août 2017 sur le site de l’Institut, est : « Russia Sanctions and The Coming Crackdown on Americans »)

Dedefensa.org
http://www.dedefensa.org/article/lhypothese-1984-de-russiagate

La répression est en marche aux Etats-Unis

Daniel McAdams

La semaine dernière, j’ai écrit un article et j’ai accordé une interview pour expliquer que, lorsque j’ai lu le nouveau projet de loi sur les sanctions contre la Russie qui vient d’être signé par le président Trump, j’y ai trouvé une mesure qui ouvre la porte à la répression des médias non conventionnels par le gouvernement américain. En particulier, l’article 221 de la « Loi sur la lutte contre les ennemis de l’Amérique au moyen de sanctions » punirait les « personnes » qui « s’engagent dans des transactions avec les secteurs du renseignement ou de la défense du gouvernement de la Fédération de Russie ».

A première vue, on pourrait penser que je fais une interprétation exagérée du texte, mais cela fait douze ans que j’examine les lois votées par le Capitole (Congrès), et je peux vous assurer qu’elles ne sont jamais écrites de manière claire et transparente. Il y a toujours des sous-entendus, et, dans ce cas, il nous faut prendre en considération les nombreuses fois où le directeur de l’Agence Centrale du Renseignement (CIA) et d’autres hauts dirigeants de la communauté du renseignement américain ont essayé d’imposer l’idée que les chaînes d’information étrangères comme RT ou Sputnik News ne sont pas protégées par le Premier Amendement sur la liberté de la presse, mais sont au contraire des outils de propagande au service de services secrets étrangers.

On se rend compte avec quelle facilité, avec l’hystérie anti-Russie qui s’est abattue sur nous comme la fièvre typhoïde, cette notion serait facilement acceptée par beaucoup de nos concitoyens. Les Rouges sont sous nos lits et les Ruskofs se sont emparés de nos moyens de nos ondes !

Je ne pense pas que la répression s’arrêtera aux organes de presse financés par le gouvernement russe comme RT et Sputnik. Une fois achevé l’assaut sur les plus bas fruits de l’arbre, la deuxième vague ciblera les organisations qui s’intéressent à la Russie et qui ne sont pas financées par des gouvernements mais qui remettent en question la ligne officielle des Etats-Unis selon laquelle la Russie est notre ennemi numéro un et son gouvernement doit être renversé. Des sites alternatifs populaires privés comme The Duran et Russia Insider seront probablement les prochains sur la liste des sites poursuivis en justice.

Cela vous semble inconcevable ? Voyez les choses de la manière suivante (je peux vous assurer que c’est comme ça que les néocons les voient) : si le gouvernement russe et le site d’information RT s’opposent aux sanctions et que vous administrez un site Web qui est également opposé aux sanctions contre la Russie, ne faites-vous pas le travail du Renseignement russe ? Ne cherchez-vous pas à influencer vos lecteurs dans le sens souhaité par les services secrets russes ? N’êtes-vous pas « engagé dans des transactions », même si ce n’est que sur les ondes ?

Et après cette deuxième vague, vous pouvez être sûr qu’il aura des pressions pour s’occuper d’autres médias alternatifs qui n’ont rien à voir avec la Russie, mais qui s’opposent à la politique étrangère interventionniste des États-Unis : ZeroHedge, Lew Rockwell, Ron Paul Institute, ConsortiumNews, etc.

Vous pensez que je suis fou ? Rappelez-vous, cette guerre contre nous a déjà commencé l’année dernière lorsque le Washington Post a publié un article en première page accusant tous les sites que je viens de citer d’être des agents russes !

Qui sera le prochain ? Vous fréquentez ces sites alternatifs ? Vous leur transmettez des articles opposés à la politique de sanctions américaine contre la Russie ? Alors vous êtes engagé dans des transactions. Vous encourrez les « sanctions » décrites dans la « Loi sur la lutte contre les ennemis de l’Amérique au moyen de sanctions », qui est maintenant la loi du pays.

Cela n’arrivera jamais, croyez-vous ? Le gouvernement n’inventorierait, n’analyserait et ne ciblerait jamais des organes de presse privés parce qu’ils s’écartent de la ligne officielle néocon de Washington !

Peut-être pas tout de suite. Quoiqu’il y ait déjà des organisations « non gouvernementales » financées par le gouvernement des États-Unis qui le fassent.

Le fonds Marshall allemand a aujourd’hui beaucoup moins à voir avec l’Allemagne qu’il ne l’avait lorsqu’il a été fondé après la Seconde Guerre mondiale en témoignage d’admiration pour le Marshall Fund étatsunien. Désormais, il est principalement financé par le gouvernement des États-Unis, des gouvernements alliés (en particulier des pays baltes qui haïssent la Russie), des fondations de néocons, et le complexe militaro-industriel. Grâce à son programme « Alliance pour la protection de la démocratie », (nom qui a d’étranges relents soviétiques), il a lancé quelque chose qui s’appelle « Hamilton 68 : un nouvel outil pour combattre la désinformation russe sur Twitter ».

Ce programme surveille 600 comptes Twitter dont le fonds Marshall allemand prétend qu’ils sont des « comptes impliqués dans la promotion des objectifs russes d’influence et de désinformation ». A quelles conclusions parvient ce surveillant ? Il ne veut pas le dire. Comment choisit-il les comptes qu’il surveille ? Il ne veut pas le dire. Dans quel but ? Il ne veut pas le dire. Tout cela est bien effrayant.

Quelle ironie que quelque chose qui s’appelle le fonds Marshall allemand utilise des méthodes du type de la Stasi pour faire taire, aux États-Unis, les médias et les points de vue alternatifs !

Alors, que fait exactement le site « Hamilton 68 » ? Selon ses propres mots, tout d’abord, il « affiche les tweets des organes officiels de propagande russes en anglais, et publie un court article sur les thèmes de la journée. C’est le message patent de la Russie ».

Mais il va plus loin. Il cherche et stocke des informations sur des gens qui n’ont aucun lien avec la Russie, mais qui, « de leur propre initiative, relayent et amplifient les thèmes russes ». C’est ce que le fonds Marshall allemand appelle un « réseau » de distribution de désinformation de deuxième niveau.

Que fait ce « réseau » de personnes sans lien avec la Russie mais qui amplifient les « thèmes » russes ?

Il « reflète les priorités des messages russes, mais cela ne signifie pas que tous les noms ou liens que vous voyez sur le tableau de bord sont pro-russes. Le réseau fait parfois de la place à des articles qui plaisent à la Russie ou de personnes ayant des opinions proches de la Russie, mais sans connexion formelle avec elle ».

Donc, selon l’alliance autoproclamée pour protéger la démocratie, vous ne savez sans doute pas vous-mêmes que vous faites de la propagande pour le compte de l’Etat russe !

Vous vous rendez compte de ce qu’ils font ? Ils utilisent l’argent des États-Unis et d’autres gouvernements dans le but d’éliminer tous les organes d’information et les individus qui s’écartent de la ligne officielle de la politique étrangère des Néocons sur la Russie, la Syrie, l’Ukraine, etc. Ils essaient d’éliminer toutes les informations qui contestent la ligne néocon. De les criminaliser.

D’ailleurs, ils ne font pas mystère qu’ils cherchent à faire taire les opinions alternatives :

« Notre objectif avec ce tableau de bord est d’aider les gens ordinaires, les journalistes et d’autres analystes à identifier les thèmes des messages russes et à détecter la désinformation active et les attaques dès qu’elles commencent. En exposant leurs messages au grand jour, nous rendons les consommateurs d’information plus résistants et nous réduisons l’efficacité des efforts de la Russie pour influencer la pensée des Américains et nous les dissuadons de se livrer à ces activités en en réduisant l’efficacité. »

La description du programme « Alliance pour la protection de la démocratie », à résonance très soviétique », se termine par l’avertissement autoritaire qui convient, arraché des pages de 1984, du Zéro et l’Infini ou du guide pratique d’Erich Honecker :

« Nous ne vous disons pas ce que vous devez penser, mais nous croyons que vous devez le savoir quand quelqu’un essaie de vous manipuler. Ce que vous faites de cette information dépend de vous. »

Ca fait froid dans le dos, non ? Et surtout que tout cela soit fait avec votre argent, par votre gouvernement, et en votre nom.

C’est pourquoi rien ne ferait plus plaisir aux néocons et à leurs innombrables think-tanks (souvent financés par le gouvernement) que d’empêcher la tenue de notre Conférence pour la paix et la prospérité-2017 qui se tiendra juste sous leur nez ! Ils ne peuvent supporter un débat ouvert sur la politique étrangère hyper-interventionniste de Washington. Ils ne veulent pas qu’on parle de toutes leurs guerres ratées - et ils ne veulent surtout pas qu’on parle des guerres qu’ils essaient de déclencher.

Nous ne sommes pas anti-Américains. Ce sont eux les Anti-Américains. Ils détestent le Premier Amendement. Ils détestent le débat. Ils nous détestent.

Comment pouvons-nous nous défendre ? Un moyen très simple est de leur montrer que notre Conférence a fait le plein ! Rien qu’en venant, vous leur mettez un direct en pleine figure !

Imaginez-vous leur fureur quand la Conférence pour la paix et de la prospérité de l’année dernière a été diffusée sur CSPAN ?

Grâce au soutien de notre très généreux Comité d’accueil, nous pouvons maintenir le prix du billet assez bas. Nous voulons vous y voir tous ! Vous aurez droit, toute la journée, à des conférenciers perspicaces et clairvoyants, vous pourrez réseauter et comploter avec des personnes partageant les mêmes idées que vous, et vous profiterez d’un très bon déjeuner avec beaucoup de café et de thé pour vous donner des forces ! Nous avons également réussi à obtenir des chambres à un bon prix pour vous faire économiser de l’argent !

Et vous rendrez les néocons fous de rage ! Qu’est-ce que vous attendez ! Réservez votre billet dès aujourd’hui !

Daniel McAdams

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Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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