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Casseroles pour les pauvres, vrais véhicules pour les riches

Certains camarades pensent que Nicolas Hulot est un écologiste sincère. Ce n’est pas mon cas : je le considère comme une tirelire subventionnée par le capital et comme un précieux allié de la finance française qui a besoin de placer ses pions partout, y compris dans certains milieux "contestataires".

Certains camarades ont été surpris de constater que, très tôt, bien avant d’être le favori des sondages, Macron a reçu des soutiens non prévisibles : Cohn-Bendit, Renaud, Robert Hue, Braouzek, Rugy, Pompilli, etc. Argument pourri des traîtres : il faut voter Macron dès le premier tour parce qu’il est le seul qui puisse précéder Marie Le Pen. Hulot a fait beaucoup mieux, pire si vous préférez : en soutenant le gouvernement Macron il est le principal contributeur de la confusion mentale massive qui a abouti à la victoire de LREM aux législatives, sur fond d’abstention massive et de désarroi de l’électorat "dominé-exploité".

Les annonces d’Hulot sont là pour brouiller encore plus l’image de ce que sera le macronisme : un renforcement des dictatures du patronat et de la finance qui existent déjà plus un ethnocentrisme de classe décomplexé et un mépris affiché des populations les plus dominées et les plus exploitées (chômeurs, ouvriers, employés, fonctionnaires des catégories B, C et D...etc.). Le macronisme est une morgue hiératique qui assume sa nature et sa mission : résoudre la crise financière par la paupérisation absolue de 75% de la population et préparer le terrain à une répression policière-judiciaire brutale des mouvements sociaux éventuels (inévitables ?)...

Certaines annonces d’Hulot sont comiques. Monsieur veut réduire la déforestation de 50% en 2020 et la stopper en 2030... Il ne parle bien sûr pas de la France où la forêt progresse à cause de la désertification rurale et des faillites ou suicides d’agriculteurs et de paysans. Il parle donc du monde entier, sur lequel il n’a aucune prise, surtout après que Trump s’est assis sur le traité COP 21.

J’espère qu’un maximum de camarades sont suffisamment bien informés pour savoir que la proposition d’Hulot sur l’interdiction des voitures à essence ou gazole dès 2024 est une très mauvaise idée si cela s’accompagne de l’obligation d’acheter des casseroles électriques dysfonctionnelles qui ne serviront qu’à aller au travail (indispensable vu l’habitat dispersé) et au supermarché. Ces véhicules, minuscules, laids et chers qui n’ont que 200km d’autonomie le jour et 150km la nuit ne sont pas adaptés aux usages loisirs/vacances à cause de la durée du plein d’énergie (= 20mn ou 1h30)... Par ailleurs cela aboutirait à la généralisation de projets de vacances du type "avion low cost-hôtel" c’est à dire hyper polluants et cher. Pour les week end il faudrait forcément circuler en bus Macron qui, eux, ne seront pas électriques...

Les bourgeois ne seront pas assignés à cette attaque contre la liberté individuelle en matière de circulation. Des super véhicules électriques américains (je ne cite pas la marque) ont une autonomie énorme (= 800 km) mais leur prix est scandaleusement élevé. Les professionnels de la route vont se défendre et obtenir des licences pour rouler en véhicules hybrides et les bourgeois rouleront en camping car de 2 tonnes qui, eux aussi recevront une dispense, de même que les fourgons des artisans. C’est un retour à l’ambiance des années 1945 - 1960 où seule la bourgeoisie connaissait les joies du voyage fréquent et des loisirs faciles à organiser ou à improviser.

Enfin, j’ai un super scoop à vous communiquer : en plus d’être laides et chiantes, les voitures électriques détruiront la planète ! Extraction du lithium dans les salars d’abord puis dans certains fonds de la Méditerranée ensuite, transport du lithium par cargos panaméens qui polluent comme 55 millions de bagnoles, informatisation et électronique de bord utilisant des métaux, rares ou non, pas forcément recyclables, surproduction électrique la nuit lorsque ces véhicules seront en charge à domicile pendant 10 ou 12 heures...

En définitive, cette idée de monsieur Hulot est un peu sadique. Priver les pauvres de liberté individuelle et de loisirs, routes et voyages-loisirs réservés aux riches : une caricature de l’abjection macroniste : ethnocentrisme de classe et régression !

Georges SPÖRRI

Nota Bene  : il y a d’autres solutions pour supprimer les hydrocarbures, solutions qui présentent moins d’inconvénients. Je les connais.

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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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