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Les dirigeants israéliens devant la Cour Pénale Internationale ? Une interview de Christophe Oberlin

En préambule à une très prochaine présentation de son ouvrage intitulé Le chemin de la Cour : Les dirigeants israéliens devant la Cour Pénale Internationale, Chronique de Palestine a interrogé Christophe Oberlin, Professeur de médecine à l’université Denis Diderot à Paris et chirurgien spécialisé dans la microchirurgie et la chirurgie de la main. Christophe Oberlin intervient depuis de nombreuses années dans le secteur hospitalier de la Bande de Gaza.

Chronique de Palestine : Christophe Oberlin, pouvez-vous rapidement vous présenter, en nous expliquant dans le même temps les raisons de votre engagement si actif aux côtés du peuple de Palestine ?

Christophe Oberlin : J’ai toujours été attiré par l’étranger et les étrangers. Quand j’étais enfant je demandais comme cadeau de Noël des cartes des régions les plus reculées du monde, et j’essayais d’imaginer la vie là-bas. A l’âge de voyager, je suis parti en routard. Et lorsque ma formation de chirurgien a été terminée, j’ai toujours passé une partie de mon temps à l’étranger pour opérer et enseigner. La Palestine est venue en 2001, à la suite d’une occasion de voyage avec le Pr Marcel-Francis Kahn et l’écrivain François Maspéro. Depuis je me rend à Gaza trois fois par an pour une dizaine de jours.

C.P : Pouvez-vous nous faire rapidement la genèse de votre ouvrage Le chemin de la Cour : Les dirigeants israéliens devant la Cour Pénale Internationale, paru aux Editions Erick Bonnier en novembre 2014 ? Le contexte dans lequel est né le projet ? Son but ? Les soutiens dont vous avez pu disposer ?

C.O. : L’une des richesses du monde associatif est de mettre en relation des personnes de formation et de compétences différentes. Dans le cas présent, c’est l’association du médecin que je suis, attaché à la prévention et non pas seulement au traitement des blessures, avec un juriste spécialisé dans le droit international, maître Gilles Devers.

Sur le thème de Gaza notre rencontre était inéluctable. En juillet 2014 j’aurais dû être présent à Gaza, mais nous avions décalé notre voyage du fait du Ramadan qui tombait à ce moment-là et nous sommes venus plus tôt en juin. La guerre se profilait et les équipes chirurgicales faisaient des stocks de matériel en vue de l’offensive israélienne. A mon retour la guerre a éclaté, et c’est en rongeant mon frein que j’ai appelé Gilles Devers afin de faire déposer une plainte à la Cour Pénale Internationale, dans l’espoir que cela pourrait peut-être raccourcir la guerre ne serait-ce que d’un jour.
Le livre raconte cet épisode, qui est l’occasion de glisser au lecteur des notions de droit international appliqué. Et aussi de montrer la duplicité de l’Autorité Palestinienne qui ment effrontément, jusqu’aujourd’hui, quand elle prétend défendre les Palestiniens. Pour donner un exemple, en dehors d’avoir bloqué deux plaintes déposées à la Cour Pénale contre les dirigeants israéliens, elle n’a elle-même déposé AUCUNE plainte à ce jour.

On s’aperçoit, en consultant les médias, que journalistes et politiques sont bien peu au fait de cette véritable trahison. Mon livre prétend donner à chacun, de façon pratique et facile à lire, les quelques notions indispensables. Une sorte de « Droit International Humanitaire pour les nuls » !

C.P : La Cour Pénale Internationale (CPI) vous semble-t-elle l’instrument adéquat pour un jour traduire en justice les dirigeants israéliens pour leurs crimes de guerre ? Les accusations contre la CPI d’avoir une attitude biaisée lorsqu’il s’agit d’accusés bénéficiant du soutien de l’Occident vous paraissent-elles fondées ? N’est-il pas exact que la très grande majorité des jugés et/ou condamnés sont des dirigeants ou chefs de guerre africains ?

C.O. : Tout ce que vous dites là est juste, je m’en explique longuement dans le livre. Mais il y a la loi, qui est indiscutablement bonne, et l’usage qu’on en a fait jusqu’à présent. Il y a dans cette affaire beaucoup d’entorses à la loi, commises aussi bien par les États que par les magistrats de la Cour, et en particulier le procureur. Mais le statut est bon et le droit se construit progressivement avec la jurisprudence. La machine est lancée et on ne l’arrêtera pas... à condition de s’en servir !

C.P : Malgré ses limites évidentes, la CPI vous parait-elle un instrument dont les victimes dans tous les conflits devraient aujourd’hui souvent se saisir ?

C.O : Absolument, la Cour est faite pour eux. Et les populations civiles peuvent, dans une certaine mesure, saisir la Cour directement. L’un des mensonges les plus répandus consiste à dire que seuls les États ayant signé et ratifié leur adhésion à la Cour peuvent la saisir. C’est complètement faux, il y a de nombreux exemples.

C.P. : Y a-t-il eu – dans votre action auprès de la CPI – lors des bombardements israéliens sur la bande de Gaza à l’été 2014 – tous les éléments nécessaires à l’ouverture d’une enquête officielle pouvant aboutir à la traduction en justice des dirigeants israéliens ?

C.O. : Tous les éléments juridiques étaient réunis, mais il y a eu une trahison politique. Mais il faut se souvenir que la Palestine venait d’être reconnue comme une sorte d’État, et le président Abbas, quelques jours après le dépôt d’une plainte par son propre Ministre de la Justice Salim al Saqa, a dépêché à la Haye le Ministre des Affaires étrangères pour bloquer la plainte. La procureure, Fatou Bensouda en a immédiatement fait état dans la presse.

C.P. : Pouvez-vous revenir sur le comportement de l’Autorité palestinienne (Autorité de Ramallah) tout au long de l’action à laquelle vous avez si largement contribué ?

C.0 : Les dirigeants israéliens craignent le cour Pénale internationale, car celle-ci condamne les personnes responsables, et non pas les pays. Et le message à l’Autorité Palestinienne des pays occidentaux qui pour l’instant soutiennent Israël sans conditions, est de préserver les dirigeants israéliens sous peine de couper le financement de l’Autorité.

Donc Abbas n’a pas le choix, même s’il s’enfonce dans l’ignominie. Abbas, contre l’avis d’une partie de ses collaborateurs, refuse mordicus de déposer plainte. Il pourrait facilement le faire et obtenir gain de cause sur un autre dossier qui est celui des prisonniers.

Il pourrait aussi recourir au droit européen, l’exportation de produits de Cisjordanie en Europe étant illégale. Il a plusieurs boulevards juridiques devant lui mais refuse de les emprunter.

C.P. : Considérez-vous que l’Autorité palestinienne est aujourd’hui une aide ou un frein pour le mouvement national palestinien ? Selon vous, le comportement de cette institution obéit à quels intérêts, et répond à quelle dynamique ?

C.O. : Le principe d’une Autorité Palestinienne n’est pas forcément mauvais, mais les leaders actuels et en particulier Mahmoud Abbas ne respectent pas les lois palestiniennes ! La solution, ce sont des élections que tous les Palestiniens, quel que soit leur bord, réclament.

C.P. : Pour revenir à la CPI, quelles initiatives seraient à prendre au niveau international et dans le mouvement de solidarité, pour obliger cette institution à jouer pleinement son rôle ? Voyez-vous une articulation possible avec la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) ?

C.O. : Le mouvement de solidarité n’a pas d’initiative à prendre à la CPI, l’outil a été créé pour être beaucoup plus puissant, qu’il soit saisi par des États ou des représentants d’États « défaits », lorsque la souveraineté d’un État n’existe plus.
En revanche les ONG peuvent être très utiles pour servir de force d’appoint, notamment au niveau du témoignage. Le mouvement BDS tire son efficacité d’un mode d’action complètement différent mais aussi capital : peser sur l’économie israélienne. Il y a bien sûr là aussi des aspects juridiques, mais d’une autre nature, celle du droit d’expression.

C.P. : Avez-vous d’autres projets de publication en préparation aujourd’hui ?

C.O. : J’ai terminé, en collaboration avec Serge Nègre, un livre consacré aux chrétiens de Gaza. Un sujet passionnant sur plusieurs plans, historique, politique et sociologique. Le message que les chrétiens de Gaza nous envoient n’est pas celui que beaucoup imaginent. Le livre sortira début octobre aux éditions Erick Bonnier.

27 juin 2017 – Propos recueillis par Chronique de Palestine

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Chroniques de GAZA 2001-2011
Christophe OBERLIN
L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige (…)
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« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris, 25 mars 1871.

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