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De la modernité à l’idiotie

Notre ère est celle où le règne de l’argent exerce son pouvoir le plus absolu dépassant ainsi toutes les époques de l’antériorité. Accroître son bien est le souci majeur si ce n’est le seul de l’individu moderne. Cet être qui se croit rationaliste et pratique et qui profite du confort et de la bénignité de la modernité grâce à la technologie ne ressemble en rien à son antécédent d’antan. Se mesurer avec lui au niveau de l’aspect, du style ou de la beauté ferait une comparaison injuste puisqu’à ce domaine, la différenciation tourne en notre faveur. Il faudrait chercher la laideur de l’homme contemporain au niveau de son égoïsme, de son attachement au matérialisme et de la prostration de ses capacités affectives, morales et intellectuelles. Sur le plan éthique, la dégradation est plus qu’évidente.

Sous un déguisement esthétique visant à captiver l’attention et séduire l’imaginaire, l’abrutissement du consommateur se fait en médiatisant des produits industriels périssables et précaires. L’objectif c’est de créer la demande et avoir un maximum de consommateurs dépendants dont les goûts et les tendances, manipulés discrètement, seront facilement satisfaits. De surcroit, et avec la disparition des spécificités et des particularités qui font la nature d’un être et l’essence de chacun, nous aurons des individus standardisés dont les motifs, les desseins et des résolutions sont identiques. Conséquemment à ce fait, nous nous dirigeons vers une société dont les prototypes sont facilement classifiables, et des personnes dont la perspicacité se réduit et la sensibilité s’appauvrit : c’est la prolétarisation des modes de vie. A force du moulage médiatique, on côtoie désormais non des êtres mais plutôt des spécimens insignifiants voire interchangeables.

On ignore si les personnages historiques valeureux et perspicaces qu’on décrit de la sorte l’étaient réellement, or ce qui est certains c’est que leurs vis-à-vis contemporains le sont beaucoup moins et encore moins est leur magnanimité et leur grandeur d’âme.

Même si on prétend que cette société moderne procure la douceur de vivre, sa hideur est évidente. Il faudrait découvrir sa rudesse dans la perte de l’amabilité. Avec un sou de moins, vous partirez sans le produit, vous dormirez sans dîner peut être. Et le sourire du vendeur se transformera en désolation voire en colère. Je vous fais référence, cher lecteur, chère lectrice, pour dramatiser davantage mes propos à la scène où Jean Valjean fut arrêté et traduit devant la justice pour un morceau de pain. C’était aux prémices du capitalisme dans la capitale. Et Victor Hugo ne manque pas d’en taxer l’impureté en disant que Les villes font des hommes féroces parce qu’elles font des hommes corrompus. Voilà ce que nous ont altérés les aspects ravageurs de l’économie libérale. Ils ont écrasé l’harmonie de la vie par l’accroissement de l’individualisme, du matérialisme. De l’égoïsme.

Au sein de la société capitaliste, tout se consomme et personne n’a le droit d’échapper. Le capitalisme a tout mis en service pour parvenir à ses finalités. Tout produit est esthétisé même le piètre et le trivial. L’art moderne a mis en marche une dynamique d’esthétisation du monde sans limite, n’importe quel objet pouvant être traité d’un point de vue esthétique, être annexé, absorbé dans la sphère de l’art par la seule décision de l’artiste (1) Voilà pourquoi les artistes de la commercialisation se permettent de s’approprier tout ce qui pourrait rendre le produit attirant et séduisant. Et sous le voile de l’esthétique, on s’aperçoit que des produits s’opposent même à leur notion et à leur utilité. C’est le cas des couteaux qui ne coupent pas ou du cache-maillot qui ne cache rien pour ne citer que ces deux exemples. Comment peut-on être berné à ce point ?!

Des troupeaux standardisés et ridiculisés consciemment et inconsciemment : voilà ce que nous sommes et où l’on en est dans cette société d’hyperconsommation. Je réclame la lucidité de mes ancêtres pour s’écarter de la foule !

(1) Gilles Lipovetsky, Jean Serroy. L’Esthétisation du monde. Vivre à l’âge du capitalisme artiste. Paris : Gallimard, 2013. P. 22

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