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Sauvons l’Humanité !

Lettre ouverte à François Hollande, Président de la République

Monsieur le Président,

Un jour d’avril 2014, vous allâtes furtivement à Carmaux, rendre hommage à Jean Jaurès, à l’occasion du 100e anniversaire de son assassinat.

Même si vous avez beaucoup muté depuis le discours du Bourget, vous êtes, historiquement, ne vous en déplaise, héritier du patrimoine jaurésien, un patrimoine national, qui devrait être commun à tous les progressistes.

Un patrimoine dont la France peut s’honorer. Comme Jean Jaurès dénonça le « mur de l’argent », vous déclarâtes jadis « n’avoir qu’un ennemi : la finance ».

Jean Jaurès est le père fondateur du journal L’Humanité, à l’époque « Journal socialiste quotidien », dont il était le directeur politique. Dans le premier éditorial, intitulé « Notre but », du 18 avril 1904, il écrivait : « C’est à la réalisation de l’humanité que travaillent tous les socialistes. L’humanité n’existe point encore, ou elle existe à peine ».

Ce journal national, sans doute le plus ancien de France, quasiment seul journal d’opinion, se trouve aujourd’hui gravement menacé à cause des logiques économiques néolibérales. Vous voilà donc au pied du mur... de l’Histoire. Ne pas réagir au péril de disparition de L’Humanité vous rendrait coupable de « non assistance à liberté en danger ». Rien ne servirait d’être allé à Carmaux si vous n’usiez pas de vos prérogatives pour défendre le pluralisme de la presse, et ce qu’il reste de presse d’opinion, réduite au fil des années à peau de chagrin. Que reste-t-il dans notre pays de la liberté d’être informé autrement que par les marchands d’armes et les patrons du BTP ?

Lorsqu’un quotidien se meurt, c’est la démocratie qui souffre. C’est un pan de la mémoire populaire qui disparaît.

Je ne veux pas entrer dans le détail de ce que gauchement vous devriez ou pourriez faire pour contribuer à sauver notre Huma. Allez-y donc ! Cognez fort ! Et n’hésitez pas : le 49-3, ou le 98-6 s’il le faut ! Si vous ne réagissez pas, nous en déduirions que vous n’avez qu’un seul ennemi : la gauche de transformation sociale et les travailleurs. Nous nous en doutions déjà un peu. Elle avait bien raison la dame qui vous interpella à Carmaux : « Il parlait pas comme vous Monsieur Jaurès ! » Je n’attends pas une réponse écrite, mais des actes.

Recevez, Monsieur le Président, en tant que Tarnais, universitaire, syndicaliste, militant communiste depuis toujours et fils d’antifasciste espagnol, l’expression de ma déception et de ma colère.

Jean Ortiz, universitaire, Pau.

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