29 octobre 2005
1) Un rapport dénonce l’état des prisons cubaines.
(Reuters) octobre 2005. Les 185 prisons cubaines sont dans un état de surpopulation et d’hygiène dramatique pour les détenus, des conditions qui sont aggravées par la politique du gouvernement, estime l’« Observatoire international des prisons » (OIP) dans un récent rapport.
« La dégradation de la situation des prisons résulte de choix politiques », a estimé Patrick Marest, délégué national de l’OIP, lors de la présentation de ce rapport.
Le taux de suicide en détention (115 morts en 2004) est 6,4 fois plus élevé que la moyenne cubaine, les soins médicaux sont insuffisants, voire inexistants, alors que 70% à 80% des détenus souffrent de troubles psychiatriques et qu’un tiers sont toxicomanes à leur entrée en prison, souligne le rapport.
Les incidents collectifs ont augmenté de 155% en cinq ans et la violence, qui devient monnaie courante en prison, est de plus en plus sanctionnée par des placements en quartier disciplinaire (le « mitard »), procédure jugée arbitraire par l’OIP.
L’organisation non gouvernementale estime que le gouvernement cubain a tort d’axer sa politique sur un recours accru à l’incarcération.
La population carcérale cubaine était de 57.163 personnes au 1er octobre pour 51.144 places, soit un taux d’occupation de 112%. En 2002, le gouvernement avait annoncé un programme de construction de 30 nouvelles prisons d’ici à 2007.
TOUT CE QUE VOUS VENEZ DE LIRE EST (PRESQUE) VRAI, sauf que les mots France, français, française qui figurent dans le rapport authentique ont été ici abusivement remplacés par Cuba, cubain, cubaine qui n’ont rien à voir dans cette étude (sinon, Le Monde nous aurait averti).
C’est de notre beau pays des Droits de l’Homme qu’il s’agit.
2) Les Etats-Unis restent la plus grande prison du monde.
(AP) 27 juin 2005. Avec deux millions de détenus, soit 714 prisonniers pour 100.000 habitants, les Etats-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé du monde, devant la Russie et le Belarus, selon les chiffres publiés par le « Centre international des études carcérales » de l’université londonienne King’s College.
Les Etats-Unis occupent la première place de ce classement depuis l’an 2000.
Sur les neuf millions de personnes emprisonnées à travers le monde, plus de deux millions (soit 22%) sont derrière des barreaux américains.
La Russie a le taux d’incarcération le plus élevé d’Europe avec 550 détenus pour 100.000 habitants, devant le Belarus (532/100.000) et l’Ukraine (416/100.000). L’Afrique du Sud a le taux le plus élevé du continent africain (413/100.000) et le Surinam celui d’Amérique du Sud (437/100.000).
3) Conditions de vie épouvantables.
Quant au « Centre international d’études pénitentiaires », il révèle que les pires conditions carcérales du monde se trouvent notamment dans les systèmes pénitentiaires d’Europe Centrale et de l’Est et d’Asie Centrale. Les bâtiments en ruine, les conditions de vie épouvantables et les niveaux de surpeuplement choquants ont fréquemment entraîné le « Comité du Conseil de l’Europe pour la prévention de la torture » à décrire le traitement des prisonniers dans nombre de ces pays comme inhumain et dégradant. Les conditions d’incarcération font courir de terribles risques à la santé de ceux qui sont envoyés en prison.
4) Les diversions d’Averell Ménard.
L’association Reporters sans frontières, qui ne sait rien des prisons US, nous renseigne régulièrement sur celles de Cuba.
A Paris le 10 octobre 2005, devant le siège de l’UNESCO où le ministre des relations extérieures cubain, Felipe Perez Roque faisait entendre la voix des pays pauvres face aux USA, les maigres troupes de Robert Ménard déguisées en Averell Dalton tapaient sur des gamelles pour alerter la foule sur l’enfer carcéral cubain. Sur le site de RSF, un communiqué était alors assorti de sous-titres qu’on croirait écrits pour Guantanamo et Abou Ghraib « La mort, seul soulagement » et « Abus et humiliations ». Quasiment de la torture, quoi.
5) Que dit Amnesty International ?
Torture ? Plusieurs rapports des années précédentes d’Amnesty International nous renseignent. A la page « Torture, continent américain », nous trouvons 22 pays répertoriés : Argentine, Bahamas, Belize, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Equateur, USA, Guyana, Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Paraguay, Pérou, Suriname, Trinité et Tobago, Uruguay, Venezuela.
Nous lisons bien : Cuba n’y est pas. Par contre (et pensons à cette fable de la paille dans l’oeil du voisin et de la poutre dans le nôtre) pour l’Europe, nous trouvons une kyrielle de grands pays comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la France (1).
Sur Internet, le rapport 2005 d’Amnesty nous fournit un nombre important d’« entrées » pour Etats-Unis d’Amérique en tapant « torture », tandis que Cuba ne figure toujours pas sous cet item.
6) Certes, mais les prisons cubaines ?
Il y a fort à parier que des critiques légitimes peuvent être formulées : état des cellules, qualité de la nourriture, heures de promenades et de parloirs, relations avec les gardiens, etc. Mais pourquoi se limiter aux prisons cubaines ? A cause de leur prolifération ? Du nombre anormalement élevé de prisonniers (« Goulag tropical ») ? Sur ce point aussi, les chiffres qui suivent vont surprendre. Mais d’abord, quelques mots pour contextualiser le sujet.
Dans tous les pays du monde (et à plus forte raison dans ceux du tiers-monde), les tentations sont grandes pour une frange de la population de recourir à des expédients qui conduisent sous les verrous. Les Cubains n’étant pas des surhommes, la délinquance commune existe, stimulée par la pauvreté.
N’importe quel désoeuvré qui consent à se vendre à la Section des Intérêts Nord-Américains (La SINA) à La Havane, est assuré de percevoir un salaire confortable. Le moindre opposant qui se déclare journaliste et envoie des informations à Miami contre son pays peut être mieux rémunéré qu’un ministre cubain. Depuis des décennies, et en même temps qu’ils refusent ou limitent les visas d’entrée sur leur territoire, les USA encouragent les sorties de Cuba par piratage, pratique sévèrement réprimée dans l’île, surtout quand elle s’accompagne de prises d’otages (comme en 2003).
Compte tenu du contexte politique (volonté d’agression affichée par la plus grande puissance militaire du monde, blocus), la décontraction n’est pas de mise dans la Justice cubaine.
Pourtant, à lire le rapport du « Centre international des études carcérales », on note que le taux d’incarcération pour 100 000 habitants est plus bas à Cuba que dans nombre de pays qui ne sont aucunement soumis à une menace extérieure mortelle. Il y est de 487/100 000 (contre 714 aux USA, redisons-le), 532 aux Bermudes (possession britannique), 523 à Palau (semi colonie US en Océanie) 490 aux îles Vierges (possession US. dans les Caraïbes).
Cependant, le taux d’incarcération cubain enregistre une fulgurante ascension si l’on prend en compte l’ensemble du territoire de l’île en y incluant Guantanamo (« US tropical Goulag »). Cela n’est pourtant pas suffisant pour ravir aux USA leur titre de champion du monde, même en ne tenant pas compte de leurs prisons réparties un peu partout dans le monde, en Afghanistan, en Irak, sur des bateaux navigant dans les eaux internationales et dans des centres de torture annexes (Jordanie, Egypte, etc.) où la CIA envoie des citoyens capturés n’importe où, y compris en Europe.
7) Des journalistes au cachot(2).
En France, il existe de mystérieux Centres de redressement de l’esprit (dits aussi « Conférence de rédaction ») où nombre de nos journalistes sont conditionnés. Jetés dans le cachot noir de la soumission à l’argent, ils n’en sortent bien souvent (parés d’un bracelet électronique qui leur interdit certains déplacements) que pour se lire entre eux et se répéter. Plus les directives des propriétaires de journaux sont précises, plus nos tâcherons des médias distillent une pensée unique, des vérités tronquée, voire de purs mensonges. Pareils au chien de La Fontaine qui, en échange d’abondantes platées d’os et de maintes caresses, flatte son maître et mord le mendiant, ils oublient que leur cou est pelé par le collier clouté. Ils vantent volontiers la Liberté sans se rendre compte (hum !) que la leur se mesure au nombre de maillons de leur chaîne (déterminé en Conseils d’Administrations de multinationales).
8) Ainsi l’ombre se fait chair.
Pour terminer sur un simple exemple : un article sur les prisons dans le monde peut s’appuyer sur des rapports multiples émanant de documents officiels ou d’ONG ou bien sur un témoignage idéologiquement orienté dans le bon sens. Nos journalistes optent toujours (on trouvera quelques exceptions, mais pas dans les grands médias qui font l’opinion) pour la dernière solution, plus facile et sans danger pour leur emploi : du partial-partiel-sensationnel-émotionnel politiquement correct.
Par suite, les vérités des chapitres 2 et 3 ci-dessus paraîtront suspectes, tandis que ma tricherie du chapitre 1 sera spontanément admise par une opinion publique gavée du même discours décliné par des médias à la fois réceptives à la sainte Parole de la Bourse et auto-intoxiquées jusqu’à démontrer la véracité du proverbe chinois : « quand un chien se met à aboyer à une ombre, dix mille chiens en font une réalité ».
Cela dit, toutes les prisons sont laides.
Maxime Vivas
Notes 1 et 2 :
Sur la torture externalisée par les USA, et sur les médias en France et dans le monde voir « Les Etats-Unis de mal empire » par Danielle Bleitrach, Viktor Dedaj et Maxime Vivas, Aden éditions, septembre 2005
Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud, Aden.
Le prix Nobel Günter Grass se joint à l’appel pour la libération des Cinq cubains emprisonnés aux USA.<BR>
Près de 5 000 intellectuels du monde entier ont déjà signé l’ appel.
Les Mensonges de RSF - suite mais sûrement pas fin, par Viktor Dedaj.