Un seul objectif, le chiffre d’affaire
Ce qui compte alors n’est pas la qualité de la formation, l’intérêt pour leurs élèves. Non c’est le chiffre d’affaires, le profit et la part de marché. Pour sûr que dans ce genre d’endroit, on n’enseigne guère les lois du profit et de l’exploitation de l’homme par l’homme du système capitaliste si bien décortiquées par Marx et ses successeurs ! Non, une école de commerce c’est d’abord là pour faire du profit.
Pourquoi s’embarrasser des formations par les classes prépas (accessible à tous) et d’un concours (mode de recrutement le plus égalitariste) freins à une sélection d’une masse d’étudiants riches permettant de développer ce « marché » juteux. Alors que l’on peut recruter massivement.... à l’étranger. Ou mieux s’y délocaliser. Tant pis pour le savoir faire d’enseignement universitaire français, et tant pis pour les jeunes de France ! C’est comme cela que des directeurs d’Ecole de Commerce revendiquent de multiplier par 5 leurs effectifs par une expansion tous azimuts à l’international. tout en divisant par 3 la part réservée au recrutement par concours à l’issu d’une classe prépa (déjà devenu largement minoritaire)
Il suffit de consulter les gazettes des milieux capitalistes autorisées (nombreux parmi les travailleurs, les militants politiques de gauche et les syndicalistes ne les lisent pas : c’est un tort, on y apprend plein de choses !). Jugez plutôt
Bernard Belletante, Directeur de l’EMLyon dans Le Figaro Étudiant du 12 novembre 2014 :
« la croissance de l’école ne passe plus par le marché français, ni par le segment des classes prépas »
« la contribution de ces étudiants au chiffre d’affaire des grandes écoles est régulièrement en baisse »
L’EMLyon compte aujourd’hui 2754 étudiants : « Nous projetons d’accueillir 10 351 [étudiants] en 2020″ « La part relative des prépas va diminuer à 10% »
« De 16% d’étrangers, nous devrions passer à près de 50% en 2020″ « EMLyon recrutera directement des étudiants étrangers à partir de ses sites étrangers »
Le but est affiché à demi-mots : faire du fric en recrutant le plus possible d’étudiants à fort pouvoir d’achat. Dans ces conditions, évidemment le concours – égalitariste – ne permet pas de sélectionner forcement les étudiants les plus rentables – mais justes les plus méritants (horreur !). On comprend aussi comment sont choisis les critères de classement des performances de ces écoles par les médias.
Bien sûr, la logique de ces boites à « managers » est de fournir des têtes bien formatées pour réaliser de la manière la plus efficace l’extraction de la plus-value : pour exploiter un maximum les travailleurs. Dans ces conditions, il ne faudrait pas que ces étudiants puissent en venir à se poser des questions sur le monde qui les entoure.
Ce n’est donc pas un savoir économique, culturel, scientifique que compte leur enseigner Belletante, mais simplement leur « donner du sens et susciter la réflexion« . Au passage, pendant que les étudiants s’auto-formeront en « allant chercher l’information » en autonomie dans des projets – ou mieux travailleront gratuitement dans des stages à rallonge (sans salaire cela va de soit) – et bien c’est autant d’économisé en salaire d’enseignants qui eux sont considérés comme inutiles puisqu’ils ne servent qu’à « transmettre du savoir » dans un « enseignement linéaire dans lequel le prof fait descendre l’info ». Les profs et les enseignants apprécieront.
D’ailleurs, le gouvernement dans cette logique est en train de fermer nombre de petites classes préparatoires pour ne conserver que les quelques classes les plus élitistes (on se souvient d’ailleurs de l’attaque de ce gouvernement PS de droite complexée contre les profs de prépa l’année dernière). Celles-ci étant accusées de couter trop cher par rapport à l’université. Effectivement les classes préparatoires (de proximité) et les concours sont accessibles à tous et permettent un accès (imparfait) pour les classes populaires à l’enseignement supérieur.... Sélectionner sur dossier, c’est accroitre la ségrégation selon l’argent dans l’enseignement supérieur.
Dans son édition du 12 novembre le très patronal journal Les Echos complète le tableau, rapportant les préconisations formulées par un rapport de l’ultra capitaliste Institut Montaigne, pour que les écoles de commerces existent sur « un marché concurrentiel ».
On y apprend que les écoles de commerce ont eu recours à une augmentation massive du nombre d’étudiants et un augmentation non moins massives des frais de scolarité (x2,5 en 20 ans !). Un moyen simple de remplir le tiroir caisse. Utile quand ces écoles sont utilisées « comme des vaches à laits » par les CCI puisqu’une « buisness school est un fabuleux compte de trésorerie ».... Mais cela ne suffit pas pour lutter avec les mastodontes – américains notamment. Rappelons quel merveilleux exemple que l’enseignement aux EU devenu particulièrement prohibitif (on parle de 60 000$ l’année !), inaccessible à la populace (les sans dents !), à moins que les étudiants ne s’endettent avant même d’avoir commencer à travailler pour des décennies. Ce qui permet – avantage non négligeable du point de vue de la classe capitaliste – que d’avoir une main d’œuvre qualifiée pieds et poings liées obligée d’accepter le premier emplois venu. Au passage, on notera qu’en agissant ainsi, le système capitaliste conduit – en sélectionnant par l’argent et en dispensant des formations aux rabais – à alimenter les postes commerciaux de gens issus des mêmes castes – aussi prétentieux qu’incompétents – fragilisant à terme la production. N’est ce pas également ce que l’on constate avec les techniques de management de plus en plus brutale à l’égard de salariés assaillis de montage d’objectifs stupides qui au final nuisent à la production ?
Et le rapport de réclamer l’adossement des écoles de commerces à l’Université... afin de profiter « des infrastructures de recherche qui coûtent cher à développer seul« . Ben tient ! Ou comment essayer de faire financer les coûts des écoles (privés) de commerce par le Public ! Mais aussi de lorgner avec envie sur le très juteux « marché de la formation professionnelle« . Ou développer l’enseignement numérique – non pas en terme de potentialité éducative – mais pour profiter de ses « nombreux avantage comme la réduction, à terme du coûts des enseignements« .
Ne nous leurrons pas, les écoles de commerces sont l’avant garde de l’offensive du Capital dans le domaine de l’enseignement supérieur. Et ce qui s’y passe est le prélude de ce qui est prévu pour le reste. A l’heure de l’aggravation exponentielle de la crise systémique du capitalisme, le Capital se doit de trouver de nouveaux débouchés, et le marché de l’Éducation en est un particulièrement juteux.
source : www.initiative-communiste.fr - site web du PRCF
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