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Les Palestiniens ont besoin de notre rage

Un hôpital n’est pas un objectif militaire. Et si une force militaire frappe délibérément ce genre d’établissement, ce n’est certainement pas pour se défendre. Israël a bombardé le 21 juillet l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa à Deir el-Balah, causant la mort de cinq personnes. Quatre jours plus tôt, c’était le centre de réadaptation al-Wafa à Gaza qui était de nouveau visé. Plusieurs blessés sont à signaler. Ce centre avait demandé la protection des agences humanitaires internationales. L’armée israélienne avait demandé d’évacuer les patients alors qu’ils n’étaient pas selon le directeur de l’établissement en mesure de l’être. Aucun argument n’a empêché la fureur sioniste de s’abattre sur ces malades.

L’offensive terrestre visant à pénétrer dans la bande de Gaza a commencé le 17 juillet. C’est ce que craignaient le plus les Palestiniens. La dernière invasion en date remonte à l’opération Plomb durci il y a à peine six ans. Quelque 1.400 Palestiniens, dont 300 enfants et des centaines de civils non armés, avaient trouvé la mort.

La nouvelle guerre de Gaza demeure, comme celles qui l’ont précédée, totalement asymétrique aux plans technique et politique. L’opération « bordure protectrice » menée par l’armée israélienne n’est pas un affrontement entre deux parties égales mais une nouvelle attaque menée, avec des moyens aussi formidables que disproportionnés, par une armée régulière contre des militants enfermés dans une enclave assiégée. « Lors des attaques aériennes incessantes sur Gaza, les forces israéliennes ont fait preuve d’un mépris flagrant pour les vies et les biens civils », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnistie internationale. Selon le bureau des Nations unies pour la coordination des affaires sanitaires, près de 240 Palestiniens avaient déjà été tués avant que l’opération militaire ne commence ; au moins 171 étaient des civils, parmi lesquels 48 enfants et 31 femmes. Les déclarations israéliennes laissent quant à elles entendre que les objectifs de Tsahal consistent avant tout à briser la résistance palestinienne.

On se demande tout de même pourquoi on ne parle du drame palestinien que lorsqu’il y a des victimes israéliennes. Pourquoi la légitime résistance du peuple palestinien n’arrive-t-elle pas à capter un peu plus l’attention des médias internationaux ? Et pour quelles raisons un peuple qui vit depuis plus de soixante-quatre ans sous occupation fait-il plus figure d’agresseur que d’agressé ?

La réponse à ces questions réside tout simplement dans la collaboration, voire la complicité, entre notre gouvernement et Israël. Depuis une dizaine d’années, les convergences des intérêts israéliens et franco-européens est notable. L’entité sioniste jouit au sein des institutions européennes d’un statut à nul autre pareil. Depuis 1994 (conseil européen d’Essen), l’Europe est acquise à l’idée qu’Israël doit pouvoir jouir d’un « statut spécial » (dans le texte) avec elle. Leur finalité est de rapprocher les intérêts israéliens et européens comme leurs législations pour ouvrir notamment le marché intérieur européen à Israël, lutter contre le terrorisme et le crime organisé, contre le racisme et l’antisémitisme, développer la coopération scientifique et technique, la recherche, l’information dans quasiment tous les domaines, etc. Les relations sont si étroites que l’ancien Haut représentant de l’Union européenne Javier Solana avait déclaré en 2009 qu’Israël « était un membre de l’Union européenne sans être membre de ses institutions ». Le développement économique d’Israël explique ce rapprochement mais il serait naïf de croire qu’il ne s’accompagne pas d’un développement égal des relations diplomatiques.

Aujourd’hui, les Palestiniens n’ont pas besoin de nos larmes. Ils n’ont besoin ni de notre sympathie, ni de notre pitié. Contre l’entité sioniste, contre nos gouvernements de vendus, contre cette Europe collaboratrice du terrorisme d’État, les Palestiniens ont besoin de notre rage.

Capitaine Martin

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