Un haut gradé israélien a reconnu que les entraînements en Cisjordanie occupée comprenaient des tirs à balles réelles pratiqués pour chasser les habitants palestiniens de leurs terres.
Au moment précis où Nadim Nuwara était abattu, la caméra de CNN tournait, filmant un soldat israélien qui met en joue les manifestants palestiniens, puis le jeune blessé qui est transporté jusqu’à l’ambulance.
Le mois dernier le colonel Einav Shalev, officier responsable des opérations au commandement central militaire, a reconnu recourir à cette tactique lors d’une réunion en sous-commission au parlement israélien.
Cette révélation est la reconnaissance rare d’une mesure que les critiques dénoncent depuis longtemps comme faisant partie d’une politique concertée pour forcer les Palestiniens à quitter leurs terres.
Les commentaires tombent alors que les négociations de paix sous la houlette des États-Unis ont échoué, le mois dernier, en grande partie à cause des constructions par Israël de logements coloniaux en Cisjordanie. Ils donneront sans doute un élan à ceux qui appellent à passer à l’action contre Israël au sein d’institutions mondialisées, comme la Cour Pénale Internationale (CPI), pour les crimes de guerre perpétrés contre des Palestiniens.
La quotidien Haaretz rapportait mercredi dernier qu’aux dires du COL Shalev l’objectif de la tactique militaire était une tentative délibérée de réduire la population de communautés palestiniennes ; cette politique concorde avec les restrictions administratives israéliennes qui leur interdisent de construire des maisons.
Il a fait ces commentaires lors de la réunion du 27 avril dernier de la Commission parlementaire des Affaires Étrangères et de la Défense, qui planchait sur la manière de vider de ses habitants palestiniens la Zone C, environ 60 % de la Cisjordanie qu’Israël administre directement et où vivent le plus gros de ses 300.000 colons du territoire.
Se référant aux Palestiniens, le COL Shalev a dit à la réunion de membres de l’extrême droite parlementaire, dirigeants colons, policiers et fonctionnaires de différents ministères que « dans les endroits où nous avons réduit de façon significative la quantité d’entraînements, les mauvaises herbes ont poussé ... ».
Il a également détaillé les efforts pour restreindre les organisations nationales qui fournissent de l’aide, comme des tentes et de l’eau, aux communautés palestiniennes en Zone C où les propriétés sont régulièrement démolies. Les autorités israéliennes ont démoli des dizaines de milliers de structures palestiniennes au fil des ans, souvent en vertu de l’absence de permis de construire, lesquels, selon les Palestiniens, sont virtuellement impossibles à obtenir de la part des administrateurs israéliens.
Les organisation d’aide internationales se sont plaint de la pression croissante d’Israël. Récemment, la Croix Rouge a stoppé ses distributions de tentes aux bergers palestiniens en guise de protestation.
Le COL Shalev a décrit la confiscation militaire de l’aide comme « un coup de poing au bon endroit ».
"Quand vous confisquez 10 grandes tentes blanches coûteuses, ce n’est pas facile. Ce n’est pas simple de récupérer.
Près de 18 % de la Zone C sont désignées comme zones militaires fermées malgré les 6.200 Palestiniens qui vivent dans ces zones. Ils sont fréquemment obligés de quitter leurs communautés essentiellement pastorales et agricoles pendant plusieurs jours en raison des exercices militaires.
La reconnaissance militaire de la tactique ajoute un peu d’huile sur le feu des efforts internationaux pour faire assumer par Israël ce qu’on considère comme une violation permanente de ses obligations en tant que force de d’occupation des territoires palestiniens, qui comprennent la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza.
Israël enfreint le droit international puisqu’il a commencé à déplacer sa propre population de colons juifs – qui dépasse aujourd’hui le demi-million – dans les zones qui ont été accaparées pendant la guerre israélo-arabe.
La révélation se produit en pleine protestation de la part des Palestiniens et des groupes israéliens défendant les droits humains, après la diffusion d’un enregistrement vidéo montrant deux jeunes Palestiniens que l’on voit tirés comme des lapins par des tireurs israéliens, sans la moindre justification.
Les Nations Unies et le Département d’État étasunien ont pressé Israël de mener une enquête et Oscar Fernandez-Taranco, secrétaire général adjoint, a déclaré devant le Conseil de Sécurité « Il est très préoccupant de constater que les premières informations semblent indiquer que les deux Palestiniens tués étaient sans armes et ne semblaient représenter aucune menace directe".
L’incident s’est produit au cours des manifestations annuelles du 15 mai commémorant la Nakba, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont dû fuir ou ont été expulsés de leur maison par les milices juives.
Des dizaines de Palestiniens étaient confrontés aux les forces israéliennes près d’une base militaire fortifiée en Cisjordanie, mais selon Sarit Michaeli, porte-parole de l’observatoire israélien des droits de l’homme B’Tselem, Muhammad Abu Thahr et Nadim Nuwara, 16 et 17 ans respectivement, représentaient « un risque zéro » pour les tireurs qui les ont abattu à plus de 200 mètres.
Moshe Yaalon, ministre de la Défense israélien, a prétendu que la vidéo de l’incident avait été trafiquée.
Tout en précisant qu’il n’avait pas vu l’enregistrement, il a décrit les soldats comme confrontés à « une situation mettant leurs vies en danger, et donc les officiers ont agi en conséquence ».
Hugh Naylor
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM
