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Ce que le monde construit, Israël le bombarde.

Les Nations Unies et les pays qui financent les projets de reconstruction dans les territoires palestiniens dépendants de l’assistance craignent que tout nouvel investissement à Gaza sous blocus pourrait se révéler vain si les causes sous-jacentes du conflit ne sont pas abordées.

Photo : Heidi Levine

Gaza Ville – Les donateurs internationaux sont réservés quant à un nouveau financement de l’effort de reconstruction à Gaza, avec une Union Européenne divisée sur la pression à exercer sur Israël pour parvenir à une solution durable de la question palestinienne.

« Nous craignons que tout ce que nous aiderons à reconstruire ne soit détruit à nouveau » dit un diplomate européen chargé dans son pays de l’aide au développement en Israël et dans les Territoires Palestiniens Occupés. « Nous avons besoin de changements fondamentaux de la situation afin que nous ne répétions pas ce qui ne cesse de se répéter ».

Les autorités palestiniennes ont révélé la semaine dernière que l’offensive israélienne lancée le 8 juillet a causé des dommages se chiffrant à 6 milliards de dollars. Plus de 1900 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués à ce jour.

L’attaque a détruit d’importantes infrastructures, des maisons voire des quartiers entiers, notamment Chejaya, Beit Hanoun et Khuza.

Selon les autorités, les destructions de cette offensive surpassent celles qu’Israël a perpétrées dans sa guerre de huit jours en 2012 et même celles de l’offensive de trois semaines lancée en décembre 2008 et qui avait tué plus de 1400 Palestiniens.

Israël, tout comme les EU et l’UE, classent le Hamas comme organisation terroriste. Soutenu par l’Egypte, le blocus d’Israël a longtemps entravé la reconstruction après-guerre en limitant de manière draconienne l’importation de matériaux de construction.

« Des surfaces importantes de Gaza ont été rasées. Nous ne pouvons pas reconstruire avec les mains attachées dans le dos » a dit samedi dernier Chris Gunness, porte-parole de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

« Il est temps pour Israël d’activer, pas de désactiver. Il est temps que le monde reconnaisse ce qui saute aux yeux : que le conflit de Gaza nécessite une solution politique ».

Le Hamas exige que la levée du blocus fasse partie de l’accord de cessez-le-feu que l’Egypte tente de négocier, tandis que l’Autorité Palestinienne qui gouverne la Cisjordanie veut la fin de l’occupation de 47 années en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, zones qui, avec Gaza, devraient former un Etat palestinien.

La semaine dernière, la France et l’Allemagne ont présenté à Israël, à l’Autorité Palestinienne et à l’Egypte une proposition pour résoudre la crise de Gaza. Elle inclut la démilitarisation du Hamas, la présence d’observateurs internationaux – dont des Européens – au passage de Rafah avec l’Egypte, un plan de reconstruction non spécifié et le retour du contrôle de Gaza à l’AP.

Mais il y a des tensions entre ces pays pour savoir si la pression sur Israël doit se poursuivre. C’est ce qui est apparu aux réunions avec de hauts diplomates UE à Jérusalem, surtout à la dernière réunion de la semaine écoulée.

Les diplomates habitués à ces discussions disent que la Grande-Bretagne et l’Allemagne étaient en désaccord avec l’appel de la France en faveur d’une politique UE qui aborde plus fermement l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Ce qui reviendrait à exercer davantage de pression sur Israël à propos de la construction d’implantations coloniales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

« Les Français sont ceux qui prennent sur eux de dire qu’ils ne peuvent pas continuer à payer pour ce cycle de destructions » dit un diplomate, ajoutant que des représentants du Danemark et de la Belgique disent également que l’UE « doit commencer à bouger sur ce point ».

L’UE dépense 600 millions de dollars dans les Territoires Palestiniens Occupés chaque année, hors les donations individuelles fournies par ses 28 états membres. Avec les financements des USA et des pays arabes, cet argent soutient l’AP et paie les projets de l’ONU mis en œuvre à Gaza.

Ces dernières années, l’UE a manifesté son irritation croissante envers Israël pour avoir détruit ses projets en Cisjordanie et à Gaza.

La Commission Européenne estime qu’entre 2001 et 2011 Israël a détruit la valeur d’au moins 66 millions de dollars en projets de développement et humanitaires soutenus par l’Europe dans les TPO. Le plus important a été fait pendant la deuxième intifada qui a commencé en 2000 et pendant la guerre de 2008-2009. Pendant la deuxième intifada, le coût des destructions s’éleva à 12,7 millions de dollars d’investissements espagnols, allemands et suédois, quand Israël a détruit l’aéroport de Gaza maintenant disparu. L’offensive de 2008-2009 a vu la destruction de 1,47 millions de dollars du projet suédois de renforcement du réseau électrique pour les foyers et les écoles.

A part l’UE, des institutions internationales comme la Banque Mondiale ont tenté d’améliorer le traitement des eaux usées et d’augmenter l’approvisionnement en eau ainsi que de réhabiliter le réseau électrique défaillant à Gaza.

La semaine dernière, le directeur adjoint de la commission humanitaire de l’ONU, Kyung-wha Kang, a dressé la liste de la « dévastation absolue » causée par la dernière offensive sur Gaza : 144 écoles et autres installations détruites, un système de santé publique « au bord de l’effondrement » avec un tiers des hôpitaux, 14 cliniques de soins de base et 29 ambulances endommagées, plus de 1.800.000 personnes sans accès à l’eau et à un minimum d’électricité, outre une abondance de munitions non explosées.

La seule centrale d’énergie du territoire, assurée par une compagnie basée aux Etats-Unis, a été visée par un bombardement israélien le mois dernier.

Un complexe d’immeubles résidentiels, la Cité Cheikh Zayed, financé pour 66 millions de dollars par les Émirats Arabes Unis dans le village de Beit Lahiya a également été endommagé. Selon les habitants le quatrième étage d’un immeuble a été détruit par trois frappes israéliennes le mois dernier.

Une réunion des donateurs internationaux pour Gaza doit se tenir en Norvège le mois prochain. Mais il est à craindre que ne se répète ce qui s’est passé à la conférence des donateurs après l’offensive de 2008-2009 : seule une fraction du budget de 5 milliards promis pour la reconstruction a été concrétisée.

"Nous espérons recevoir de l’aide, mais ici les promesses ne sont pas toujours tenues" dit Naji Sarhan, Vice-Ministre des Travaux Publics.

« Il est difficile de convaincre les gens de venir ici alors qu’ils savent qu’Israël agit comme notre agent de destruction ».

Hugh Naylor est un journaliste étasunien correspondant pour le Moyen-Orient de The National (Abu Dhabi) et contributeur indépendant à divers journaux étasuniens. Il a été chercheur au Center for Nonproliferation Studies (CNS, Vienne).

hnaylor@thenational.ae

9 août 2014

Original de l’article (en anglais)

Original de l’article (en français)

URL de cet article 26657
  

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