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Le grand paradoxe de l’antifascisme d’aujourd’hui

Nous sommes au mois de juin 2013. La mort de Clément Méric, militant d’extrême-gauche antifasciste tué lors d’une rixe avec un groupe de skinheads d’extrême-droite, déclenche une vague d’indignation dans tout le pays. Les partis de gauche descendent dans la rue pour lui rendre hommage et faire barrage au fascisme. Or, près de soixante-dix ans se sont écoulé depuis la disparition des leaders historiques se réclamant de ce dernier. Il nous semble donc opportun de faire le point sur le combat de l’antifascisme et sa réalité d’aujourd’hui.

Dans les années trente, Hitler et Mussolini régnaient respectivement sur l’Allemagne et l’Italie. En Espagne, Franco sortait victorieux d’une guerre civile qui fit quelque 300.000 victimes et instaura, avec l’appui de l’Église catholique, une dictature qui dura trente-six ans. La France et l’Europe virent l’apparition de mouvements et organisations se réclamant plus ou moins ouvertement du fascisme. La Révolution de 1789 était ouvertement fustigée et ses acquis honnis. Le 6 février 1934, une manifestation pour protester contre le limogeage du préfet de police Jean Chiappe tourne à l’émeute. Dans la soirée, des milliers de manifestants, dont certains sont armés, tentent de marcher vers le Palais-Bourbon. Le putsch est évité de justesse. La mobilisation républicaine et antifasciste des Français permet à notre pays de faire face à la tentative insurrectionnelle des forces réactionnaires de tous poils.

La France est sauvée... mais pour peu de temps. En Allemagne et en Italie, un système implacable se met en place. La politique sociale du gouvernement est naturellement conditionnée par la politique économique. Elle est même complètement assujettie à l’objectif essentiel du régime : servir les intérêts du grand capital. Le fascisme a tenté de voiler son vrai caractère sous la frondaison rhétorique et la démagogie. Il a imposé à la classe ouvrière les plus grands sacrifices, non pas au nom de la bourgeoisie, mais au nom de la Nation... et de la production. Gouvernement anti-ouvrier ? Non, persistent et signent les fascistes : « c’est un gouvernement italien, en marge des classes, subordonnant les intérêts particuliers à l’intérêt supérieur de la l’État », déclarait Mussolini lors de son premier discours au Parlement après son coup d’État, ajoutant même : « aucun privilège aux classes travailleuses, tutelle sur tous les intérêts qui s’harmonisent avec ceux de la production et de la Nation... ».

« Dans le système fasciste, les travailleurs ne sont plus exploités ; ils sont collaborateurs de la production », disait le Duce le 22 juin 1926. Mussolini ne peut s’empêcher malgré tout quelques accès de franchise, et déclarait ainsi devant le Sénat le 9 juin 1923 que le régime était un « mouvement antisocialiste et par conséquent anti-ouvrier ». Cette déclaration du dictateur italien n’était pas nécessaire pour que le prolétariat en soit convaincu. Les violences contre le mouvement ouvrier, la destruction de leurs organisations bâties sur des décennies d’efforts et de combats, le régime de terreur instauré à l’usine, les attentats permanents et systématiques à la situation matérielle et juridique de la classe travailleuse ont été pour cette dernière plus éloquents que toute la phraséologie des fascistes.

À l’aube du XXIème siècle, l’économie capitaliste et ses conséquences (démembrement des services publics, imposture de la dette, précarité, reculs sociaux, démantèlement du code du travail, etc.) apportent la violence que les antifascistes d’hier dénonçaient mais contre laquelle certains antifascistes d’aujourd’hui sont étrangement silencieux...

Leur pseudo-antifascisme joue aujourd’hui le rôle d’une gauche désormais conciliée avec l’ordre néolibéral, qui doit se déclarer antifasciste pour ne pas avouer faire partie du système en place, qui peut s’agiter dans les mouvements de rues mais accepte en silence les tortures imposées par le système : le chômage de masse, la pauvreté rampante et le démantèlement de notre système social hérité du CNR (conseil national de la Résistance).

La matraque a aujourd’hui changé de forme mais les coups portés font toujours aussi mal. Dans un tel état de choses, un véritable pouvoir populaire n’est pas seulement légitime en tant qu’instrument propre au renversement des exploiteurs et à l’écrasement de leur résistance, mais encore absolument indispensable pour toutes celles et tous ceux qui souffrent. Il représente le seul moyen de défense contre la ploutocratie au pouvoir qui a déjà causé la guerre et qui en prépare encore d’autres.

Le point le plus important, que ne comprennent pas ces antifascistes de pacotille et qui constitue leur myopie théorique, leur emprisonnement dans les préjugés et leur trahison politique avec le monde du travail, c’est que dans la société capitaliste, dès que s’aggrave la lutte de classe qui est à sa base, il n’y a pas de milieu entre la dictature de la bourgeoisie et un pouvoir réellement populaire. Tous les rêves d’une solution intermédiaire ne sont que des lamentations réactionnaires de petits bourgeois.

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-le-grand-paradoxe-de-l-anti...

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