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Bruno, ou la pas vraie vie

C’est bien connu : on ne vient jamais de nulle part. Bruno Julliard est le fils d’Arlette Arnaud-Landau (il s’appelle d’ailleurs officiellement Bruno Julliard-Landau) qui fut maire socialiste du Puy-en-Velay de 2001 à 2008. Il a donc baigné tout petit dans le bain de la politique et le solférinisme.

En 1999, à l’âge de 18 ans, il est étudiant en première année de droit à Lyon 2. Ses activités syndicales ralentissent son cursus, si bien qu’il n’atteint la seconde année du master que sept ans plus tard. Il est vice-président étudiant de l’université de Lyon 2 en 2001 et il entre au bureau national de l’UNEF en 2003. Il est élu au CNESER de 2004 à 2006. Il préside l’UNEF à partir de 2005. Il est l’un des responsables les plus médiatisés de la mobilisation étudiante qui aboutit, en avril 2006, au retrait du contrat première embauche (CPE).

Dès lors, il se situe sur une ligne de plus en plus réformiste. Il négocie avec Valérie Pécresse le contenu de la LRU malgré le rejet du projet de loi par son syndicat.

Syndicaliste, son engagement est également politique. Il est responsable du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) en Haute-Loire en 2001. Il rejoint la Gauche socialiste (Mélenchon/Dray), puis Nouveau Monde (Mélenchon/Emmanuelli), enfin Alternative socialiste (Emmanuelli).

Tout cela pour dire quoi ? Comme tous les militants politiques et syndicaux de premier plan, Julliard s’est dépensé sans compter et n’a pas ménagé sa peine. Il a connu des hauts et des bas, il a pris des coups et connu des heures de gloire. Seulement, ce souriant jeune homme n’a jamais rien fait de ses dix doigts. Il n’a pas exercé de profession et ne connaît rien à la vraie vie. Il n’est bien sûr pas responsable de cet état de fait. Des générations de militants l’ont précédé dans cette voie. En France et ailleurs, mais en France plus qu’ailleurs, avec cette manie, cet acharnement qu’ont nos politiques de solliciter encore et toujours des mandats alors qu’ils ont un pied dans la tombe. Il ne faut donc pas s’étonner que le parti solférinien soit devenu un monde en vase clos, un monde de la reproduction la plus rigide, mais aussi une simple courroie de transmission de l’hyperbourgeoisie. Comment lutter, comment contester lorsque l’on est, ad vitam, le ministre d’un culte spéculaire qui n’a aucune utilité pour les citoyens de la vraie vie ?

Lorsque Jospin accéda à la tête du parti socialiste, il exerçait comme maître de conférences dans un IUT (alors qu’il était énarque et diplomate). Avant d’être élu municipal, Ayrault fut, plusieurs années, professeur certifié. Il manque une case dans le CV de Julliard. Dans celui de Manuel Valls aussi. En gros, la même.

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Roger Faligot. La rose et l’edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945. Paris : La Découverte, 2009.
Bernard GENSANE
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