Pour introduire le sujet, il m’a paru judicieux de rappeler une scène vue à l’Assemblée nationale : un jeune devant une urne, la main droite tendue, et des électeurs impassibles le frôlant sans lui serrer la main tout en mettant le bulletin dans l’urne. J’ai vite compris : le jeune est membre du Rassemblement national (RN) et les électeurs, des défenseurs de la République. Cette scène m’a choqué !
Elle m’a rappelé une scène que relate George Orwell dans son livre Pourquoi j’écris : « J’étais venu ici pour tirer sur des fascistes ; mais un homme en train d’empêcher son pantalon de tomber n’est pas un fasciste, c’est de toute évidence un semblable, un homme comme vous, et vous n’avez aucune envie de lui tirer dessus. » (1) Une scène vécue par le narrateur en pleine guerre d’Espagne.
Les députés qui ont refusé de tendre la main au jeune homme ont prouvé qu’ils ne sont pas à la hauteur de la crise politique qui secouent la société française. Comme le dit un proverbe africain : l’aigle ne fuit pas la tempête, il s’en sert pour prendre de la hauteur. Et la tempête politique qui ébranle et inquiète la population française dure depuis une trentaine d’années : crise sociale, démantèlement du bien commun que sont les services publics dont le socle fondamental sont l’école et la santé. Et constater que la société française est également minée par une crise identitaire ne fait nullement le jeu du RN. Faire le jeu du RN consiste à nier l’existence de cette crise profonde.
Bref, les problèmes urgents et graves qui se posent au peuple français exigent une vision à long terme.
Au lendemain, des élections législatives de 2022, dans l’article “ Une France démocratiquement déboussolée ”, j’écrivais que « faire des compromis est dans la nature d’une démocratie mais en ne traçant pas de ligne rouge, on devient un collaborateur dont les tenants du capitalisme sans frontière ont souvent besoin pour dessécher toute résistance à l’ordre social capitaliste. » (2)
Il est évident que le rôle de la Droite avec ses différentes sensibilités politiques jouent son rôle naturel : légitimer l’ordre capitaliste.
Et la Gauche ?
Pour savoir où tracer la ligne rouge, au préalable, il faut définir ce qu’est la Gauche.
Le parti socialiste a été le meilleur engrais pour que le RN s’enracine dans le paysage politique français. Et de cohabitation en alternance puis en passant par la gauche plurielle, le parti communiste français a légitimé cet état de fait. Mais faisant abstraction des trahisons de l’Union de la Gauche et de la Gauche plurielle, le Parti socialiste (PS) sous la présidence François Hollande a été l’un des fondateurs de ce qui est devenue la macronie. Un sarkozisme bon teint.
On a oublié que d’éminents membres socialistes ont trahi leur propre compagnon Benoît Hamon, candidat à l’élection présidentielle de 2017, pour soutenir celui qui tel un acteur meuble l’écran et qui « en toute responsabilité » a conduit la France vers une crise politique majeure.
Prendre acte de la défaite électorale de la macronie aux élections européennes et de la victoire incontestable du RN en dissolvant l’Assemblée nationale et appeler les citoyens aux urnes 15 jours plus tard est irresponsable pour de multiples raisons. La principale, selon les dires du ministère de l’Intérieur, étant les risque d’attentats pendant les Jeux olympiques.
A n’en pas douter , « en toute responsabilité », Emmanuel Macron a été irresponsable. Et tous les responsables politiques ont cautionné cette irresponsabilité. Résultat de cette comédie nationale, la France est devenue presque une République bananière. Presque ? Parce il n’y a pas de bananier en France.
NFP : une nouvelle farce populaire
Que dire des élections législatives ?
Pour y répondre, je vais donner ma position personnelle.
Aux dernières élections européennes, sans hésitation, j’ai mis dans l’urne la liste de La France insoumise (LFI) pour une raison simple : LFI est le seul parti qui défend la cause palestinienne tout en dénonçant le génocide perpétré par l’armée sioniste à Gaza et la colonisation continue de la Cisjordanie et ce malgré l’accusation infondée d’antisémitisme dont elle est victime.
Mais connaissant la mauvaise pièce de théâtre jouée précédemment par la Nouvelle Union populaire et écologique et sociale (NUPES) à l’ Assemblée nationale, l’annonce de la constitution du Nouveau Front populaire(NFP) avec les mêmes acteurs, ne m’a nullement enthousiasmé.
La raison de ce manque d’enthousiasme est limpide : le passé politique du PS et de écologistes et leurs soutiens à l’Entité sioniste.
Voici un exemple pour préciser ma position : lors du deuxième tour de l’élection présidentielle de 1995, réunion du bureau politique du Parti communiste de Haute Garonne - dont j’étais membre - pour rédiger un communiqué de soutien au candidat du PS, Lionel Jospin. Tour de table pour discuter du contenu du communiqué. Mon point de vue était limpide : - Je ne lis pas le communiqué parce que, sur le plan national, Jacques Chirac ou Lionel Jospin mèneront, à quelques nuances près, la même politique, mais sur le plan international, Chirac à ma faveur. Dans l’urne, je mettrai son nom... L’avenir m’a donné raison.
Ma ligne rouge est claire.
Abstentionniste au premier tour de l’élection législative, au second, j’étais outré de constater que la NFP est allée au secours de la droite et de ceux qui clignotent à gauche et tournent à droite provoquant ainsi de nombreux accidents.
Enfin, la ligne rouge du NFP est tracée : faire barrage au parti anti-républicain, le RN, quitte à venir au secours de ceux qui étaient vilipendés la veille. Le racisme du RN étant devenue la ligne rouge. Mais silence sur l’absence des travailleurs français originaires d’Afrique y compris du Maghreb lors de manifestations pour la défense du bien commun. Dernier exemple : la réforme des retraites. Pourtant, il est évident que les barrières culturelles s’estompent peu à peu ou deviennent secondaires en défendant côte à côte le bien commun. Aussi le paternalisme de gauche est à dénoncer aussi.
Pour conclure, puisque le RN est anti-républicain, il faut présenter une loi interdisant son existence dans l’espace républicain. A n’en pas douter, cela ne se fera pas pour deux raisons
1°) Le RN est le premier parti de la République française.
2°) L’existence du RN permet de tourner en rond tout en donnant l’illusion de détenir les clefs qui ouvrent la Maison France vers l’avenir, tout en sachant que les vraies clefs sont détenues par la Commission de Bruxelles.
M. El Bachir
(1) George Orwell : Pourquoi j’écris. Collection Folio. Page 18.
(2) https://www.mondialisation.ca/une-france-democratiquement-deboussolee/...
(24/07/2024)
