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Québec is raid

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Fire Belle (Always Ready), 1956.

En perdant leur faim, ont perdu le sentiment des choses. Récoltes chiffrées en $, terre devenue un capital de production, moisons et récoltes vendues avant d’être semées. Mauvaises récoltes : pas la mort, une simple perte d’argent. L’amour se dessèche au contact de l’argent. Les fermiers se transforment en commerçants. Seuls les bons subsistent. Les fermes tombent aux mains des hommes d’affaires ; elles s’agrandissent et leur nombre diminue. L’agriculture devient une industrie. Comme dans la Rome antique, les propriétaires terriens importent des « esclaves » (Chinois, Japonais, Mexicains, Philippins) (discours de mépris) (325). Les fermes de plus en plus vastes. Une minorité de fermiers encore attachés à leur terre. Les serfs maltraités. Les cultures changent : les arbres fruitiers remplacent les céréales, légumes qu’on ne peut récolter que pliés en deux (laitues, choux-fleurs, artichauts, pommes de terre) (différence entre agriculture debout et agriculture à quatre pattes). Les grands propriétaires ne travaillent plus à leurs fermes. Extension tel qu’un seul homme ne peut plus suffire : armée de comptables, de chimistes, de surveillants. Le fermier tient boutique : il paye ses hommes et reprend leur argent en leur vendant des provisions puis ne les paye plus du tout. Les ouvriers vivent à crédit (326) et se retrouvent endettés vis-à-vis de la Compagnie. Un grand nombre de propriétaires n’ont même jamais vu leurs terres. ( Les raisins de la colère, Steinbeck) 

Je déteste parler politique, parce que la politique est l’oeuvre de l’Alzheimer des peuples. On oublie... Toutes les racines de la mondialisation se trouvent dans l’oeuvre de Steinbeck : la perte des terres. La perte de la faim... Et le grand miroir falsifié d’un monde meilleur. Un monde "avec des emplois garantis". La peur de mourir de faim après avoir vendu sa terre, comme cela se passe en ce moment dans le monde.

Je ne parle pas de politique, mais d’humanisme. Et la politique – cette religion du XXIe siècle – cultive la peur des gens rendus serviles, petit esclave au service de l’État.

Ce qui s’est passé au Québec, lors des élections du 7 avril, c’est une accentuation de la peur de perdre ce que l’on a, les mains liées à l’État et au néolibéralisme mondial.

Pour faire court : les aveugles mènent maintenant les chiens de guerre. De cette guerre économique qui n’en finit plus. De cette guerre mortifère  entretenue et glorifiée, soit-disant "nécessaire".

Et là, le peuple est perdu... Et il n’y a pas qu’au Québec que le peuple est perdu, lui qui a des frontières, et le monde de la finance qui n’en a pas. C’est la nouvelle jungle du monde "moderne".

L’unité un filament de lambeaux que personne ne peut plus suivre.

Informés ?

Il y aura toujours dans l’âme des Hommes cette dame pompier venue éteindre les feux. C’est une sorte de mythe entre la fabulation des esprits et celle d’un monde habitué à la tricherie, à l’espoir, au sauveur attendu qui changera l’eau en vain.

Du Québec au Canada.

De la France à l’Europe.

Des États-Unis qui enflamment la planète en brûlant l’intérieur de ses citoyens.

De la Russie à l’Ukraine.

Du Venezuela au Venezuela...

Promesses d’emplois et de vie meilleure. Or, dans l’Histoire, les "vies meilleures" ont toujours été provisoires et suivies de crises et de "guerres nécessaires".

En France, Valls triture les chiffres... Comme partout ailleurs.

C’est ce qu’on a à nous offrir, finalement : un monde d’emplois et de rameurs dans lequel il faut payer sa rame et l’on fournit le bateau.

La Fire belle , liée à notre monde est sans doute bien plus représentative que toutes les affiches et la bureaucratie tortue.

Mais, au fond, après avoir donné le prix Nobel à Steinbeck, le visionnaire qui avait retracé le spermatozoïde de la mondialisation, nous n’avons rien appris. La misère de la terre, avec ses saisons sèches, ses propriétaires empressés d’écraser ou de saisir les petits fermiers, rien n’a vraiment changé.

On est mieux vêtus... Mais le costume est petit... En politique, tout est raid, et dans la la vie tout est raide. Alors, le petit bonheur étouffe dans son costume. Même s’il se fend en quatre pour "bâtir" un pays. Notre citoyen grossit à la propagande et aux burgers.

Ben voilà ! Le monde "avenir" est facile à prédire. Après Philippe Couillard

 

Image illustrative de l'article Philippe Couillard

... après Hollande, après Sarkozy, après le prix Nobel de la paix, Monsieur de Obama, après qu’ils auront tous filé à l’anglaise, ils seront la petite maille tricotée par le monde de la finance.

Pour le filet des poissons que nous sommes...

Dommage que Freud ne soit plus de ce monde : entre la femme pompier qui glisse sur un poteau et les politiciens qui tentent d’éteindre les feux, c’est l’enfance retrouvée d’une masse déstabilisée...

L’Humanité doit avoir 13 ans... Elle a ses règles... Mais elle ne sait pas trop d’où cela provient, ni à quoi ça sert...

Je le dis à nouveau : nous votons pour des pubs passantes.

Gaëtan Pelletier

avril 2014

URL de cet article 25108
   
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LE LIVRE : Karel est correspondant de guerre. Il va là où nous ne sommes pas, pour être nos yeux et nos oreilles. Témoin privilégié des soubresauts de notre époque, à la fois engagé et désinvolte, amateur de femmes et assoiffé d’ivresses, le narrateur nous entraîne des salles de rédaction de New York aux poussières de Gaza, en passant par Lima, Le Caire, Bali et la Pampa. Toujours en équilibre précaire, jusqu’au basculement final. Il devra choisir entre l’ironie de celui qui a tout vu et (…)
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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

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