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L’État social, une conquête du peuple-classe critiquée par la gauche et la droite !

L'Etat social est une conquête provisoire du mouvement ouvrier qui luttait surtout pour le socialisme d'inspiration marxiste avec divers sous-groupes. C'est certes une conquête insuffisante et limitée mais cet État avec son aspect de classe pro-capitaliste a néanmoins du céder, après 1945 surtout, des institutions et des espaces sociaux (services publics, sécurité sociale) ainsi que des droits économiques et sociaux conséquents.

Dans la même dynamique, la démocratie délégataire de plus en plus ouverte fut aussi une conquête du même mouvement ouvrier qui luttait pour une autre démocratie, une démocratie socialiste.

Parallèlement, l’État social est critiqué par les libéraux et les grands possédants qui fustigent la montée du collectivisme, de la démocratie, des droits économiques et sociaux au profit du seul État de police, voire pour certains - les plus riches - une absence totale d’État, ce dernier étant alors remplacé par des milices privées et des armées privées. Cet État garantie simplement la liberté, les contrats, les investissements et la propriété. Quasiment rien de plus. Point d’État social et, derrière, point d’État fiscal !

Il importe alors dans la critique de l’État de ne pas hurler avec les loups !

État social et République sociale

On semble oublier à gauche que, de Christophe Ramaux à Supiot, l’Etat social a trouvé la théorie de sa place. Ne parler que d’Etat capitaliste ne pouvait suffire. Le capitalisme est passible de plusieurs « régimes » (N Bénies), de plusieurs configurations dont il faut rendre compte.

cf La différence entre État et régime politique N Bénies

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1293

« Pour Supiot, l’État social ne saurait être un simple « compartiment du droit » : il doit constituer l’État contemporain. Raison pour laquelle la France est, théoriquement une République « sociale », tout comme l’Algérie, l’Allemagne ou la Turquie.

Lorsque l’État délaisse ses responsabilités sociales, le travailleur n’est plus un sujet, mais un « objet à louer ou à vendre ». Les États ultralibéraux et les dictatures fascistes ou corporatistes (ce sont parfois aujourd’hui les mêmes) se rejoignent dans la volonté de nier le droit ou de le sortir du corps politique ». C’est ici Bernard Gensane qui le note avec raison.

L’État social a trouvé sa place, au fil de l’histoire du XX ème siècle entre le capitalisme libéral et le socialisme bureaucratique. Cet État que l’on a souvent nommé Providence à la suite de la seconde guerre mondiale a fini par être théorisé. Christophe Ramaux, membre du Conseil scientifique d’ATTAC, a longuement décrit ce qui le caractérise . On retiendra qu’il est constitué par quatre gros piliers : la protection sociale, le droit du travail, le service public et la politique économique. Cet ensemble institutionnel s’oppose au marché. Il crée un compromis social de classe entre grande bourgeoisie et peuple-classe.

On pourrait en dire autant de la République qui a vu émerger la République sociale contre et entre la République libérale (souvent sans adjectif) et la République socialiste des socialismes autoritaires du XX ème siècle.

Au XXI siècle la bataille s’organise soit pour casser l’ État social et la République sociale soit pour la renforcer, soit pour la modifer.

Petit tour rapide, après quelques références au néosolidarisme, des courants qui agissent sur et contre lui , c’est-à-dire l’ État social.

Solidarisme - Coopérativisme - Néosolidarisme
Théorie et pratique d’un entre-deux .

Emile Durkheim, contre le socialisme, pour le solidarisme.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/270113/e-durkheim-contre-le-socialisme-pour-le-solidarisme

PS : Social-libéralisme et social-démocratie, deux courants pour le néo-solidarisme.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/200113/ps-social-liberalisme-et-social-democratie-deux-courants-pour-le-

L’ESS entre néosolidarisme et alternative.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/230512/less-entre-neosolidarisme-et-alternative

Contre le solidarisme et le néosolidarisme, promouvoir la solidarité au sein du peuple-classe.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/030213/contre-le-solidarisme-et-le-neosolidarisme-promouvoir-la-solidarite-au-sein-du-peuple-classe

Etat social critiqué de toute part

Commençons par ceux qui gagnent la guerre de classe et qui démantèlent l’ État social. La casse est en cours mais il y a des résistances et même des perspectives de dépassement vers une nouvelle mouture diversement conçue. Quatre orientations sont pointées.

 La finance internationale, le MEDEF et la droite comme l’extrême-droite en France attaquent frontalement les quatre piliers pour le privatiser, le marchandiser, le financiariser. Ici l’oligarchie politico-financière entend tirer la République sociale trop favorable au peuple-classe vers la République libérale ou néolibérale.

 Nombre d’écologistes défendent une mouture de facture néosolidariste qui combine certes intervention keynésienne (État social de base) mais surtout Économie sociale et solidaire. La tradition des fondateurs du solidarisme – Durkheim, Bouglé, etc... - est reprise, actualisée, confrontée aux impératifs écologiques contemporains. Le mode de production capitaliste reste dominant mais une large place est néanmoins faite à une économie socialisée et localisée. C’est que la perspective est mondiale et lointaine en termes de biens communs (pour certains du moins).

 Une gauche socialiste (marxiste, pas le PS) entend tirer franchement l’Etat social vers le socialisme de valeur d’usage en grossissant la place de l’économie non marchande donc des services publics. Ils veulent passer de la République sociale à la République socialiste au plus grand profit du peuple-classe.

 Une gauche écosocialiste entend pousser le modèle néosolidariste (Keynes plus l’ESS) des écologistes hors de la domination capitaliste, ce que ne font pas les néosolidaristes ou le mode de production dominant reste capitaliste. On trouve ici combinaison de trois secteurs : l’économie de marché productrice de valeur d’échange, l’économie non marchande productrice de valeur d’usage via les services publics et le secteur de l’ESS.

Risques pour les ouvriers et employés

Abandonner la proie pour l’ombre : Il convient de raisonner en termes de transition pour maintenir les conquêtes sociales tout en démocratisant ou socialisant l’État. Mais il convient de ne pas se faire d’illusion sur cette dynamique particulièrement difficile. Il est plus facile de critiquer l’État du point de vue des libéraux, en général en position de pouvoir dans le monde économique, par une politique de privatisation et marchandisation qui démantèle les conquêtes sociales au profit de la finance, de l’oligarchie au grand dommage des couches sociales modestes du peuple-classe.

De l’Etat social fortement national et sécuritaire à un Etat social ou socialiste ou néosolidariste ouvert.

Du SOCIAL au POLICIER : Textes sur les mutations au sein de l’ État et de la société.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article36

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