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Les Frères musulmans : entre turpitudes et « printemps »

La conclusion existentielle vient de tomber pour les Frères musulmans, en Égypte. La cécité politique dont ils ont fait preuve a fini par compromettre, quasi définitivement, leurs chances de récupérer un minimum d’espace dans la société.

Confrontés à un rapport de force qu’ils n’ont pas su négocier, ils se sont fourvoyés dans une démarche suicidaire pour la Confrérie qui jouissait, à n’en point douter, d’un ancrage qui aurait pu lui permettre de se reconstruire avec beaucoup plus de possibilités.
Emportés par une lecture délirante de la réalité, les chouyoukhs ont cru à leurs chances de faire reculer et la rue, majoritairement hostile, et les Forces armées, coincées entre la gigantesque mobilisation populaire et le souci de préserver les institutions du pays et la stabilité du système en place.

Le choix était donc vite fait, d’autant que l’Armée obéissait aussi à ses propres intérêts menacés par la propension insoutenable des Frères à porter atteinte aux libertés publiques et, surtout, au mode de vie d’une large frange de la bourgeoisie et des classes moyennes, sans préjudice de l’ostracisme à l’égard des millions d’adeptes de l’Église copte.
Face à la levée de boucliers, qui a pourtant donné des signes d’amplification et malgré la jonction des mécontentements économiques et sociaux avec les revendications démocratiques, les Frères n’ont pas concédé la moindre parcelle sur leur programme religieux.

Avec la destitution de Mohamed Morsi de son poste de chef de l’État, ils n’ont pas mesuré l’isolement dans lequel ils se trouvaient et ont campé une position jusqu’au boutiste, tablant sur le soutien de l’Alliance atlantique, Europe et États-Unis en tête, alors que l’anti-américanisme et le refus populaire de l’ingérence étaient au plus haut. Ils comptaient aussi sur des troupes fictives qui avaient fondu, à cause des désillusions provoquées par l’exercice d’un pouvoir pas du tout en décalage avec les pratiques connues du régime de Hosni Moubarak, au moins sur le plan de la gestion économique de l’Égypte.
D’autant que les promesses mirobolantes, rapportées aux actions caritatives qui caractérisaient l’implantation des Frères musulmans dans la population, ont été balayées d’un revers demain dès qu’il a fallu faire allégeance au néolibéralisme et aux directives de la finance internationale.

Le dernier acte vient de tomber, consacrant la défaite d’une stratégie qui n’augurait que la fin d’une époque pour la Confrérie. L’Égypte vient de prendre la décision, de classer les Frères musulmans organisation terroriste, et de la notifier à la Ligue arabe et aux 17 pays arabes signataires de l’Accord arabe sur la lutte contre le terrorisme. Ce qui, non seulement, offre au pays du Golfe un argument de taille dans leur attitude contre les Frères, mais va entacher un tant soit peu l’ensemble de l’Internationale frériste, dont l’aile égyptienne constituait le référent et la matrice.
Ceci sur fond de contestation dans les pays où les Frères ont pu accéder au pouvoir (Tunisie, Maroc…), même en Turquie qui a, un temps, offert ce modèle qu’est l’AKP de Tayeb Rajeb Erdogan. Le "Printemps" dit arabe, après avoir euphorisé les Frères semble bien leur avoir été fatal. Eux qui croyaient avoir pris leur revanche sur les "régimes" issus des nationalismes et avoir ouvert une ère d’émancipation de leur règne.

Ahmed Halfaoui

»» Lesdebats.com
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Les Etats-Unis de mal empire : Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud
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« Nous préférons croire au mythe selon lequel la société humaine, après des milliers d’années d’évolution, a finalement créé un système économique idéal, plutôt que de reconnaître qu’il s’agit simplement d’une idée fausse érigée en parole d’évangile. »

« Les Confessions d’un assassin financier », John Perkins, éd. Editions Alterre, 2005, p. 247

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