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Bangladesh : la griffe des marques sur les usines de la mort

Les manifestations se succèdent après l’effondrement d’un immeuble abritant plusieurs ateliers de textile qui a causé la mort de 381 personnes et en a blessé des milliers d’autres. Quelque 15 000 ouvriers défilaient hier à nouveau à Dacca.

Des centaines de portraits de disparus étaient de nouveau brandis, hier, dans les rues de la périphérie de Dacca. Des centaines de portraits comme autant d’interpellations. Ce n’est pourtant pas faute de savoir qui porte une responsabilité dans le drame survenu mercredi dernier, avec l’effondrement de l’immeuble illégal Rana Plaza dans la capitale bangladaise qui aurait causé la mort d’au moins 381 ouvriers (sur 3 000) et fait des milliers de blessés graves, des femmes dans leur immense majorité. Soit la pire catastrophe humaine et industrielle de la jeune histoire du Bangladesh.

En quittant leurs chaînes de travail, hier, les 15 000 ouvriers réclamaient la peine de mort pour les propriétaires de l’immeuble abritant les entreprises de confection sous-traitantes de grandes marques occidentales, à l’instar de l’espagnole Mango et de la britannique Primark, seules enseignes à avoir confirmé les commandes passées aux ateliers du Rana Plaza. «  Ils ont bloqué des routes en chantant “Pendez Rana”  », rapportait Badrul Alam, le chef de la police locale.
Mohamed Sohel Rana, l’un des propriétaires de l’immeuble, a été appréhendé dimanche alors qu’il tentait de fuir vers l’Inde ; l’industriel espagnol David Mayor, qui possédait une partie des locaux, est toujours recherché par la police et trois propriétaires d’ateliers, arrêtés samedi, devront répondre d’homicides par négligence. Sur le parcours des manifestants, des véhicules auraient été incendiés et la police n’a pas hésité à faire usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes.

Des conditions déplorables de travail

La colère que les patrons locaux espéraient étouffer en décrétant le week-end dernier chômé retombera-t-elle d’ici quelques semaines, comme ce fut le cas en novembre dernier lorsqu’une autre usine de textile, sous-traitante du géant américain Wal-Mart, était réduite en cendres, emportant 112 de ses travailleurs ?
Le drame lève une nouvelle fois le voile sur les conditions déplorables de travail dans ce secteur fer de lance de l’économie nationale, puisque le textile place le Bangladesh au rang de deuxième exportateur mondial après la Chine. En 2012, les exportations de prêt-à-porter ont ainsi atteint 14,5 milliards d’euros, soit 80 % du commerce extérieur et 45 % des emplois industriels du pays.
Les ouvriers enclenchent régulièrement des luttes pour que le Parlement vote une loi sur la sécurité. En vain.
Nombre de députés sont effectivement propriétaires d’usines et préfèrent sauvegarder un environnement favorable aux investissements étrangers plutôt que de consentir à des augmentations ou à des travaux qui ralentiraient la production sous pression constante des délais imposés par les marques occidentales.
«  Un député sur dix possède, lui ou sa famille, une usine de textile  », juge ainsi Kalpona Akter, la directrice du 
Bangladesh Center for Workers Solidarity, une ONG de défense des droits des travailleurs. Le propriétaire du Rana Plaza est par ailleurs dirigeant du mouvement de jeunesse laïque de la Ligue Awami, actuellement au pouvoir.

« La responsabilité de ce qui est arrivé incombe d’abord au gouvernement du Bangladesh, mais le vrai pouvoir est entre les mains des marques occidentales et de leurs distributeurs, à commencer par les plus grands d’entre eux : Wal-Mart, H&M, Inditex, Gap et les autres. La pression que ces acheteurs mettent sur les usines est telle que les directeurs de ces unités de production n’entreprendront pas les travaux nécessaires à leur sécurité  », souligne de son côté un responsable syndical. Après l’incendie de novembre, le gouvernement s’était engagé à fermer les usines au système de sécurité défaillant. Quatre étages supplémentaires ont été ajoutés à la va-vite au Rana Plaza, déjà construit sans autorisation sur un sol instable et, la veille de la catastrophe, des inspecteurs auraient fait état de graves fissures.

Nombre de marques internationales sont censées avoir adopté un code de conduite les engageant, d’un bout à l’autre de la chaîne, à ne pas employer d’enfants de moins de quatorze ans, à ne pas faire travailler les ouvriers plus de soixante-douze heures par semaine et à favoriser un environnement de travail sain. Pourtant, au Bangladesh comme ailleurs, les audits conduits par les grands groupes auprès de leurs sous-traitants ne sont ni transparents, ni contraignants, ni indépendants. Autant dire une porte ouverte à l’impunité. Depuis 2005, 1 000 ouvriers bangladais ont trouvé la mort sur leur lieu de travail.

Les multinationales se défilent

Outre Primark et Mango, d’autres marques occidentales sont soupçonnées d’avoir passé commande aux ateliers de textile abrités par le Rana Plaza. Les syndicats locaux citent pêle-mêle Benetton, C & A, Carrefour et Wal-Mart. Des étiquettes auraient été retrouvées dans les décombres et permettront bientôt de confondre les responsables. «  Les gens concernés dans l’effondrement de l’atelier au Bangladesh n’étaient pas des fournisseurs de Benetton  », 
se défend la marque italienne. Même discours du côté de Carrefour, qui communique 
sur sa volonté de mener une «  enquête approfondie  » afin de déterminer le circuit 
des bons de commande et de ses fournisseurs. Ce type d’investigation mènera-t-elle les grandes marques à se défausser sur des sous-traitants officieux dont ils diront ne pas soupçonner l’existence ? Les syndicats locaux et associations de défense des travailleurs appellent d’ores et déjà les multinationales à «  prendre leurs responsabilités  ».

Lina Sankari

»» L’Humanité.fr
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La face cachée de Reporters sans frontières - de la CIA aux faucons du Pentagone.
Maxime VIVAS
Des années de travail et d’investigations (menées ici et sur le continent américain) portant sur 5 ans de fonctionnement de RSF (2002 à novembre 2007) et le livre est là . Le 6 avril 2006, parce que j’avais, au détour d’une phrase, évoqué ses sources de financements US, RSF m’avait menacé dans le journal Métro : " Reporters sans frontières se réserve le droit de poursuivre Maxime Vivas en justice". Au nom de la liberté d’expression ? m’étonné-je. Quoi qu’il en soit, j’offre aujourd’hui (…)
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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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