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Auteur : Lina SANKARI

La faim, une arme contre Maduro

Lina SANKARI

Érigé en exemple dans sa gestion du Covid-19, le pays souffre de l’inflation qui touche l’alimentaire.

Comme un paradoxe. Malgré les sanctions économiques, qui entravent l’acheminement de matériel médical, et la menace d’offensive militaire étasunienne, le Venezuela semble pour l’heure parvenir à contenir l’épidémie de Covid-19. Avec 345 cas et 10 morts selon le dernier bilan, l’Organisation panaméricaine de la santé, institution de l’ONU, a demandé au gouvernement la possibilité d’étudier sa stratégie « pour pouvoir la reproduire dans d’autres pays », précise la vice-présidente de la République bolivarienne, Delcy ­Rodriguez. Dépistage massif et gratuit – le plus haut taux du sous-continent –, porte-à-porte de médecins et confinement depuis deux mois portent leurs fruits. « Avec un Jair Bolsonaro aux manettes du Brésil et Donald Trump à Washington, Nicolas Maduro fait figure de véritable d’homme d’État » dans cette crise, concède un député d’opposition à l’AFP. Quatre pays européens (Belgique, Allemagne, France et Estonie) assuraient, lors d’une réunion le 28 avril, que les (…) Lire la suite »

Le Brésil face au covid. À Manaus, « on se croirait dans un film d’horreur »

Lina SANKARI

Du Nicaragua au Chili, en passant par le Venezuela ou El Salvador, la réponse des gouvernements face à la crise sanitaire du Covid varie du tout au tout. Manaus, la métropole amazonienne qui affiche le plus haut taux national de contaminations et de décès dus à la pandémie, lance un appel à l’aide. En cause, une urbanisation anarchique, un système de soins en crise et centralisé à l’extrême. À l’avenir, la hausse de la déforestation pourrait aggraver la situation sanitaire.

En bordure de la forêt, un champ de cercueils. Dix-sept rangées de vingt-sept croix bleues plantées à la va-vite. À quelques mètres des familles qui n’ont pu accompagner leur proche en fin de vie, des tractopelles s’activent pour creuser des fosses communes. Devant les cimetières, un embouteillage de corbillards. Manaus est dépassée par l’ampleur de l’épidémie. « On se croirait dans un film d’horreur », admet le maire Arthur Neto. La métropole amazonienne accuse le plus haut taux des vingt-sept capitales d’État du Brésil. Les morts côtoient les vivants Tout manque : les soignants contraints de travailler même contaminés, les lits d’hôpitaux, le matériel sanitaire, les respirateurs, les fossoyeurs malades ou morts à leur tour, les cercueils dont les stocks n’excèdent pas cinq jours. « J’utilise une cape de pluie pour me protéger », explique un physiothérapeute. Au sein des unités de soins, les morts côtoient les vivants. Ceux qui meurent chez eux ne peuvent bénéficier d’aucune (…) Lire la suite »

À Paris, Séoul vend son capitalisme autoritaire

Lina SANKARI

En visite en France jusqu’à vendredi, la présidente Park Geun-hye multiplie les atteintes aux libertés démocratiques. Militants syndicaux et politiques font l’objet d’une répression acharnée.

En renforçant son arsenal nucléaire et en multipliant les provocations depuis le début de l’année, Kim Jong-un a offert l’occasion à la présidente de la République de Corée du Sud, Park Geun-hye, d’intensifier la répression dans son pays. Avec l’adoption d’une nouvelle loi antiterroriste en mars, l’exécutif jouit d’un nouvel instrument de répression des organisations politiques et syndicales, justifié auprès de l’opinion par le regain de tensions avec la partie septentrionale de la péninsule. Mais la répression est surtout l’affirmation d’un capitalisme à visage autoritaire qui ne supporte aucune contestation, comme ce fut le cas avec la révision du Code du travail permettant de faciliter les licenciements en fin d’année dernière. Le sujet sera-t-il au menu des discussions entre Park Geun-hye, en visite en France jusqu’à vendredi, et François Hollande ? Il est permis d’en douter. Dans le cadre de la stratégie de pivot de la France en Asie, la Corée du Sud, partenaire privilégié (…) Lire la suite »
Le système d’interception électronique observe le monde entier.

La France, un nid d’espions alliés

Lina SANKARI

La délégation parlementaire au renseignement remettait, hier, un rapport au président de la République sur la vulnérabilité des entreprises françaises en matière d’espionnage.

Mata Hari semble avoir fait des petits. Hier, la délégation parlementaire au renseignement remettait au chef de l’État un rapport sur la protection du secret des affaires. Et le constat est édifiant. Contrairement à la plupart de ses partenaires économiques, la France ne dispose d’aucun arsenal législatif permettant de protéger ses entreprises contre l’espionnage. À l’heure actuelle, les sociétés nationales sont attaquées à grande échelle de façon tout à fait légale et exponentielle. Ordinateurs volés, systèmes informatiques pénétrés, raids capitalistiques lors d’une opération de financement, transferts de technologies abusifs... En la matière, « l’ami » nord-étasunien n’est pas en reste. Grâce à la procédure légale de « justice par le deal », des cabinets d’avocats étasuniens sont autorisés à enquêter au sein des entreprises étrangères sur les faits de corruption ou de manipulations financières afin d’éviter aux sociétés la mauvaise publicité que pourrait entraîner un long (…) Lire la suite »

Bangladesh : la griffe des marques sur les usines de la mort

Lina SANKARI

Les manifestations se succèdent après l’effondrement d’un immeuble abritant plusieurs ateliers de textile qui a causé la mort de 381 personnes et en a blessé des milliers d’autres. Quelque 15 000 ouvriers défilaient hier à nouveau à Dacca.

Des centaines de portraits de disparus étaient de nouveau brandis, hier, dans les rues de la périphérie de Dacca. Des centaines de portraits comme autant d’interpellations. Ce n’est pourtant pas faute de savoir qui porte une responsabilité dans le drame survenu mercredi dernier, avec l’effondrement de l’immeuble illégal Rana Plaza dans la capitale bangladaise qui aurait causé la mort d’au moins 381 ouvriers (sur 3 000) et fait des milliers de blessés graves, des femmes dans leur immense majorité. Soit la pire catastrophe humaine et industrielle de la jeune histoire du Bangladesh. En quittant leurs chaînes de travail, hier, les 15 000 ouvriers réclamaient la peine de mort pour les propriétaires de l’immeuble abritant les entreprises de confection sous-traitantes de grandes marques occidentales, à l’instar de l’espagnole Mango et de la britannique Primark, seules enseignes à avoir confirmé les commandes passées aux ateliers du Rana Plaza. « Ils ont bloqué des routes en chantant (…) Lire la suite »

L’esclavagisme, ou le stade Qatar du capitalisme

Lina SANKARI

Le bilan des Népalais morts sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar a été revu à la hausse. Une délégation internationale de défense des travailleurs est attendue lundi à Doha. Le pays tarde à ratifier les conventions internationales.

C’est un phénomène météorologique unique au monde, presque un microclimat. Au cœur de la minuscule et désertique péninsule du Qatar, les thermomètres, qu’ils soient à alcool ou à mercure, n’affichent jamais de températures excédant 49 °C. À l’origine de ce dérèglement climatique, la famille Al Thani et un quarteron d’entreprises, qui entendent contourner l’interdiction pour les ouvriers de travailler lorsque la température grimpe à 50 °C. Or, pour parachever ses désirs d’influence, l’émirat a besoin d’une main-d’œuvre abondante et corvéable à merci. Selon un recensement de 2010, le Qatar comptait seulement 180 000 nationaux pour 1,5 million d’étrangers. Au-delà des chantiers pharaoniques qui ont transformé les maisons de terre et les pistes de sable de Doha en une forêt de gratte-ciel, les travailleurs immigrés se font les soutiers du « miracle » qatari. L’organisation de l’événement planétaire de la Coupe du monde de football de 2022, une vitrine sans pareille, a une nouvelle (…) Lire la suite »