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Thème : Bangladesh

Les vrais journalistes agissent au service du peuple, pas du pouvoir (The Daily Star)

John PILGER
Dans un article paru dans The Guardian en 2008, vous avez écrit que lorsque vous êtes venu couvrir la guerre de libération du Bangladesh en 1971, l'épouse de Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman, Sheikh Fazilatunnesa Mujib, vous avait demandé, "Pourquoi êtes-vous venu alors que même les corbeaux ont peur de survoler notre maison ?" Mais vous n'avez pas écrit quelle avait été votre réponse. Pouvez-vous nous en parler ? J'avais passé une grande partie de l'année 1971 à Calcutta à faire des reportages sur les sept millions de réfugiés venant de ce qui était alors le Pakistan oriental. Ils avaient voyagé le long de ce que nous, journalistes, avions appelé un "couloir de douleur". L'année précédente, j'avais été témoin de la dévastation causée par le grand raz-de-marée qui a englouti la baie non protégée du Bengale. Ce qui m'a frappé, c'est l'absence de réelle préoccupation du gouvernement d'Islamabad, qui a envoyé l'armée pour imposer la loi martiale à la population du Bengale oriental. (…) Lire la suite »

Bangladesh : la griffe des marques sur les usines de la mort

Lina SANKARI

Les manifestations se succèdent après l’effondrement d’un immeuble abritant plusieurs ateliers de textile qui a causé la mort de 381 personnes et en a blessé des milliers d’autres. Quelque 15 000 ouvriers défilaient hier à nouveau à Dacca.

Des centaines de portraits de disparus étaient de nouveau brandis, hier, dans les rues de la périphérie de Dacca. Des centaines de portraits comme autant d’interpellations. Ce n’est pourtant pas faute de savoir qui porte une responsabilité dans le drame survenu mercredi dernier, avec l’effondrement de l’immeuble illégal Rana Plaza dans la capitale bangladaise qui aurait causé la mort d’au moins 381 ouvriers (sur 3 000) et fait des milliers de blessés graves, des femmes dans leur immense majorité. Soit la pire catastrophe humaine et industrielle de la jeune histoire du Bangladesh. En quittant leurs chaînes de travail, hier, les 15 000 ouvriers réclamaient la peine de mort pour les propriétaires de l’immeuble abritant les entreprises de confection sous-traitantes de grandes marques occidentales, à l’instar de l’espagnole Mango et de la britannique Primark, seules enseignes à avoir confirmé les commandes passées aux ateliers du Rana Plaza. « Ils ont bloqué des routes en chantant (…) Lire la suite »

Les sociétés mondiales et l’écroulement d’un immeuble au Bangladesh

Peter SYMONDS

Deux semaines après l’écroulement du bâtiment du Rana Plaza, les géants de la distribution qui font produire leur vêtements au Bangladesh, comme Walmart, Primark, Benetton et d’autres, se sont engagés dans une opération cynique de relations publiques dans le but de prendre leurs distances vis-à-vis de cette tragédie et de préserver leur image et leurs profits.

Le 7 mai, le bilan des victimes avait atteint 705 morts et des centaines de blessés, faisant de cet écroulement la pire catastrophe industrielle de l’histoire du pays et une des pires qui se soit jamais produites dans le monde. Le Rana Plazza est typique de milliers d’ateliers de misère mal construits et dangereux du Bangladesh, employant des ouvriers à 38 dollars par mois pour produire en masse les commandes de certaines des plus importantes sociétés dans le monde. Une opération médiatique bien orchestrée s’est mise en route dès que la nouvelle de la catastrophe a commencé à se répandre le 24 avril. Les services de relations publiques bien dotés des sociétés directement ou indirectement impliquées ont publié des déclarations exprimant leur « choc » et leur « tristesse » devant les vies perdues. La plupart ont tenté de nier tout rapport avec les cinq usines de vêtements situées dans le bâtiment, sans aucun doute conseillés par leurs services juridiques, également bien équipés. (…) Lire la suite »