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Gribouille à la tête de la 1ère puissance mondiale

Alors que le monde entier retenait son souffle après le départ samedi matin de Syrie des experts onusiens, s’attendant à ce que dans les heures qui allaient suivre le président américain Barack Obama allait ordonner le lancement de l’opération « punitive » promise au régime de Damas, celui-ci s’est adressé l’après-midi du même jour à la nation américaine pour lui annoncer que si l’action militaire projetée aura lieu irrévocablement, il en a néanmoins différé son exécution à une date indéterminée dont il fixera le terme après réunion du Congrès étasunien qui lui fera connaître par vote sa position sur le principe de l’intervention militaire des États-Unis dans le conflit syrien.

En l’occurrence, Barack Obama a voulu que ses concitoyens voient en lui un homme d’Etat « déterminé » mais conscient que la gravité des conséquences qu’aura l’intervention armée pour les États-Unis tant au plan diplomatique que pour ses intérêts dans la région, lui ont fait obligation de consulter la nation au travers de sa représentation parlementaire. Il est vrai que le président américain n’était pas tenu d’obtenir le consentement du Congrès. Mais ce n’est pas par « respect » pour celui-ci qu’il a opté de passer par lui. Mais parce qu’il s’est rendu compte que la majorité du peuple désapprouve sa décision d’engager son pays dans une nouvelle guerre et ne partage pas les raisons de la faire invoquées par lui. Ce qui, conjugué à l’isolement diplomatique qu’elle vaut aux États-Unis, l’a placé dans une situation extrêmement compliquée et délicate autant politiquement que « moralement ».

Moralement, il lui est en effet devenu impossible d’ignorer qu’il ne peut prétendre faire comme s’il a « raison » seul contre tous dans la justification de l’intervention militaire reprouvée majoritairement tant aux États-Unis qu’internationalement, et que politiquement il ne peut tenir pour négligeables les oppositions qu’elle suscite mondialement. Pour autant, s’étant mis dos au mur avec sa détermination proclamée qu’il a martialement martelée au monde, Barack Obama ne peut renoncer à son « opération punitive » qu’il a décidé de différer avec l’espoir d’obtenir la caution du Congrès.

Il obtiendra peut-être l’aval du Congrès qui lui permettrait de créer l’illusion d’une union sacrée autour de lui, mais son initiative d’en référer à cette institution montre à quel point il s’est retrouvé en position de faiblesse en décidant d’engager son pays dans une action militaire en Syrie. Faiblesse dont les congressistes républicains en profiteront pour en contrepartie de leur soutien lui soutirer le maximum de concessions au plan de la politique intérieure étasunienne qui ruineront les mesures économiques et sociales qu’il s’est engagé à mettre en œuvre lors de sa campagne électorale pour un second mandat.

Mais l’accord du Congrès ne signifiera pas pour autant que le peuple va taire sa désapprobation. Et pour peu que les événements comme cela est prévisible prennent une tournure que les stratèges du Pentagone refusent d’envisager, alors Barack Obama se retrouvera en butte à de plus graves problèmes avec l’opinion publique américaine. Et ce n’est pas en coupant la « poire en deux », c’est-à-dire annoncer qu’il ne renonce pas à lancer sa « guerre punitive » contre le régime syrien et qu’en même temps il a accepté de consulter le Congrès, que Barack Obama s’est attiré la compréhension et le soutien du peuple étasunien. Il a trop accusé son prédécesseur d’avoir fait des guerres injustifiables moralement et du point de vue des intérêts américains pour qu’ayant inconsidérablement enfilé les « rangers » de George W. Bush et faisant preuve de la même obstination à se croire avoir raison malgré que tout le monde lui démontre le contraire, pour qu’en retour il parvienne à retourner son opinion nationale et à faire accepter au monde son aventure syrienne.

Kharroubi Habib

»» http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syrie/gribouille.htm
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