Cela dépasse l’entendement, mais n’a pas empêché Maxime Vivas de continuer à travailler sur le cas Ménard, sur les agissements d’un homme qui n’est malheureusement pas une exception française et qui nous amène à nous demander si on en finira un jour avec la peste brune, avec les remugles et les régurgitations pétainistes, royalistes, primairement anticommunistes, et tellement décomplexés.
Même Sarkozy, c’est tout dire, se méfiait de Ménard à qui il n’accorda la Légion d’honneur que du bout des doigts et en se pinçant le nez. Cette breloque avait été demandée par un ancien responsable des étudiants communistes, Bernard Kouchner pour ne pas le nommer, souvent présent quand un coup foireux se prépare. Quand on pense que Kouchner a accordé cette faveur à un individu qui « admire toujours » les militants de l’OAS de son enfance oranaise !
Déjà auteur de La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone (2007), Maxime Vivas observe le problème Ménard par le bon bout de la lorgnette : comment se fait-il que la corporation des journalistes, pourtant suffisamment conscientisée, ait pu laisser se développer en son sein un tel expert en manœuvres aussi basses et dangereuses. Comment a-t-elle pu permettre à ce « coucou de pondre en son nid » un tel œuf ? Comment un homme de médias aussi sulfureux a-t-il pu paraître sur les plateau de télé encore plus souvent que Roselyne Bachelot ?
Lorsque l’on observe le parcours de cet individu, on est tenté de le croire incapable de décentrement : il faillit entrer au séminaire (sa mère s’y opposa), puis il fut anarchiste, trotskiste, socialiste, sarkoziste. Mais il y a les faits. À 20 ans, en pleine période de grèves lycéennes, au Lycée Jean-Moulin (sic) de Béziers, il donne des cours à quelques élèves pour qu’ils assurent leur cursus. Il ne tombe pas du côté d’où il penche. Il vient de l’extrême droite la plus âcre et la plus revancharde.
Il fait l’apologie de la torture, ce qui est interdit en France et par l’ONU (même si ses amis Étasuniens la pratiquent massivement), avec un argument à la Sarkozy : « moi, si ma fille était … et bien le type qui … je peux vous dire que… ». Il souhaite le rétablissement de la peine de mort. Il est contre la parité. Il soutient les militants pro-vie. Il est contre la modernisation de l’Église. Contre les syndicats.
Mais il est pour le régime quatarien, tellement démocratique, surtout quand il le stipendie ; il est pour l’encore plus démocratique Géorgie. Il est pour qu’on fiche la paix à Faurisson. Il est pour la censure lorsque ses propres manigances sont ou risque d’être dénoncées. Et, surtout, il est pour les Ricains, pour la CIA. Il lui faut deux ans pour dénoncer le bagne de Guantanamo (peut-être qu’en France il aurait rejoint la Résistance en 1947).
Comme il y a tout de même une justice, Ménard est désormais tricard à peu près partout. Au Quatar, mais surtout à l’Unesco, à l’ONU, à l’Union internationale des télécommunications. Et puis aussi dans diverses stations de radio et de télévision où il a sévi.
Ménard n’est pas un opportuniste. C’est désormais un idiot utile. L’idiot de l’alliance, à Béziers et ailleurs, du Front national et de la droite traditionnelle. Pour « accéder aux manettes », explique Maxime Vivas, le FN a besoin d’alliés, de poids mouche qui testeront « la solidité du ponton qui enjambe la rivière qui sépare la droite du Front national. Dans leurs veines coule un même fiel. »
Tout est dit.
Bernard Gensane
PS : Quand l’affiche avec Christine Okrent sévissait, PLPL ou Le Plan B l’avait publiée avec ce commentaire : "Heureusement, aucun organe vital n’a été touché !"
http://bernard-gensane.over-blog.com
Maxime Vivas. L’irrésistible déchéance de Robert Ménard ; candidat du Front national. Paris : Les Éditions Arcane 17, 2013. http://www.editions-arcane17.net