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De la schizophrénie dans le bocage

Nul doute que cela fut réussi. Une chaine de plus de 35 000 opposants a transformé la ZAD en protection du bocage. Et puis, il y avait les autres, dispersés, que la farandole n’excitait point ou qui n’avait pas pu la joindre lors de la photo officielle. Et ceux-là comptent aussi.

Qu’importe, car l’aéroport de Notre Dame des landes a encore pu constater combien le bocage lui disait non. Il n’y a d’ailleurs pas que les futures pistes qui se voient opposer un refus des potirons, bien que les écologistes et autres verts tiennent à ce qu’aucune autre contradiction n’émerge du bocage. Cela à grands renforts de « ne nous dispersons pas ». Les slogans doivent rester « agricoles ». A peine peut-on crier « Duflot démission ». Pourtant l’invective s’accompagne alors de sourires discrets, un rien complices. Quoi, qu’est-ce à dire ? Des écologistes contesteraient un projet de leur gouvernement, voire même un de leur ministre ? Ne nous égarons pas, rappelle-t-on avec plus ou moins de conviction. Non, l’Ayraulport ne passera pas, car les écolos désavouent le droit d’une « entreprise privée » (sic) à installer son terminal. Et puis, les verts ne seraient pas « au pouvoir ». Modestement, ils seraient « dépendants » des « oukases socialistes ». Voilà bien une schizophrénie drôlement aveuglée.

A y regarder de plus près, il est quand même fort de café de constater si peu d’embarras dans la critique. Car nos « amis » les écologistes défendraient la planète contre les promoteurs et constitueraient, si l’on peut dire, le « dernier rempart » contre les décisions de saccager la nature. J’ai bien essayé de comprendre comment cela était possible, mais à moins de sombrer dans une cécité schizophrène, je n’ai pas compris. Il est vrai que le mouvement écologiste a été rejoint par nombre de révoltés et que son parti-pris à demi libertaire lui offre parfois un capital de sympathie inaliénable. Mais à quoi servent les écologistes sinon à nous tromper ? Sont-ils contre l’État ? Non, contre l’autorité et la police ? Au contraire, ils en redemandent. Contre le salariat ? Non plus.

L’épuisement de ce que les marchands appellent des « ressources » apparaît dans la même ligne d’horizon que l’entassement des ordures. Après des siècles de misère, l’avenir de notre planète est désormais devenu clairement compromis. Il n’a fallu que quelques centaines d’années pour que le rapport marchand ravage la majeure partie de la planète, minéraux, végétaux, animaux. Mais voilà. Le capitalisme ne perd jamais seul. Les salariés en sont totalement dépendants pour survivre. Il n’y a pas d’en dehors du monde marchand. Partout, le capitalisme a étendu sa domination et sa guerre totale à ce qui fait le vivant. Le capitalisme a fait du travail salarié non seulement notre unique moyen de vivre, mais aussi notre seule existence sociale. Le travail salarié est une première violence faite à notre humanité. Mais sans travail, le salarié n’est plus qu’un paria. Le chômage est une seconde violence.

Ayant compris l’insupportable rôle du productivisme et annoncé la fin de l’extraction aveugle des ressources, les écologistes proposent alors une exploitation plus modérée, plus régulée en appelant l’état à organiser le rationnement. Certains apparemment décroissants prônent un jeûne volontaire de la consommation. Tout reste à vendre, même les déchets. Mais quoiqu’il en soit, le credo écologiste reste en plein accord avec le capitalisme : il faut que le salarié baisse sa consommation pour que la planète puisse encore supporter plus longtemps l’exploitation. En prêtant une oreille incrédule à ce raisonnement, je constatai que le prolétaire est encore floué, et plus même, puisqu’il est rendu responsable du saccage. Non, l’écologisme n’est pas une utopie libératrice, elle prolonge l’économie marchande par l’économie de la poubelle et l’exploitation par la misère volontaire. En prônant l’abstinence du consommateur, l’écologisme n’échappe nullement à la pauvreté classique du vieux monde. L’écologisme veut seulement rendre la marchandise plus présentable, écolo-compatible, voire équitable, mais sans aucune critique du rapport marchand. Le rapport marchand est une exploitation grossière qui économise notre vie à en mourir. L’écologisme n’y pourra rien. La question sociale ressurgit nécessairement.

Alors que viennent faire ces capitalistes du dénuement dans la ronde autour de la ZAD ? Car, elle n’est pas anodine cette utilisation de l’espace reconquis, cette connivence de façade. Il s’agit pour les militants verts de contrôler, avec bienveillance certes, les protestataires qui partent à l’assaut de la reconquête des lieux, d’autant que chacun peut les reconnaître libertaires. L’escroquerie écologiste reste pourtant sensible et certains contestataires ne savent encore pas comment construire leur parole sans les apports hypocrites du discours écolo.

Occupons, occupons toujours le terrain. Car, nous, les opposants, tous ceux de la ZAD, sont beaucoup plus que ce que la farandole en voulu en faire. Ici se rencontrent des antiautoritaires, des anarchistes, des autonomes et autres antifas. Les révoltés n’ont nul besoin de se connaître pour se reconnaître. Nous sommes les résistants de la vie quotidienne, les expérimentateurs de l’anti-autoritarisme et les insurgés de la vie sociale. La ZAD est comme le point de ralliement provisoire de nos existences rebelles.

Nous tous, nous le savons. La Commune n’est pas morte.

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Le système bancaire moderne fabrique de l’argent à partir de rien. Ce processus est peut-être le tour de dextérité le plus étonnant qui fut jamais inventé. La banque fut conçue dans l’iniquité et est née dans le pêché. Les banquiers possèdent la Terre. Prenez la leur, mais laissez-leur le pouvoir de créer l’argent et, en un tour de mains, ils créeront assez d’argent pour la racheter. ôtez-leur ce pouvoir, et toutes les grandes fortunes comme la mienne disparaîtront et ce serait bénéfique car nous aurions alors un monde meilleur et plus heureux. Mais, si vous voulez continuer à être les esclaves des banques et à payer le prix de votre propre esclavage laissez donc les banquiers continuer à créer l’argent et à contrôler les crédits.

Sir Josiah Stamp,
Directeur de la Banque d’Angleterre 1928-1941,
2ème fortune d’Angleterre.

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