RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Jay-Z en visite à Cuba : qui interdit de voyager à qui ?

Le séjour du rappeur-producteur Jay-Z (Shawn Corey Carter à l’état civil) à La Havane en compagnie de son épouse Beyoncé, pour célébrer le cinquième anniversaire de leur mariage, a suscité une vague de critiques tout autant endiablées que consternantes dans les rangs de l’extrême-droite républicaine.

Cette réaction intempestive révèle le maximalisme d’une certaine engeance haineuse incapable de réformer son approche vis-à -vis de la Révolution cubaine. Les congressistes cubano-américains Mario Diaz-Balart et Ileana Ros-Lehtinen, chiens de garde de la ligne dure contre Cuba, ont interpellé le Ministère des Finances afin de vérifier si le couple jouissait de l’autorisation ad hoc pour voyager à Cuba, pays frappé d’un blocus inepte et anachronique depuis 51 ans. Certains énergumènes comme Mauricio Claver-Carone, directeur d’une officine contre-révolutionnaire basée à Washington, y voient une opération de propagande orchestrée par Castro [1].

Les sévères restrictions de voyage font partie d’une stratégie multilatérale d’encerclement-isolement de Cuba. Il est interdit à tous ressortissant des Etats-Unis de voyager dans l’île sous peine de se voir infliger une amende de 250.000 dollars (1 millions de dollars pour les entreprises) et jusqu’à 10 ans de prison, à l’exception de cas strictement définis par la loi et avec une autorisation explicite de l’OFAC (Département du Trésor des États-Unis - Bureau de contrôle des avoirs étrangers). Cette réglementation vise expressément à réduire les dépenses d’argent effectuées à Cuba, de nature à soutenir son économie. Sont susceptibles de bénéficier d’une dérogation extraordinaire : les journalistes et le personnel technique, les agents gouvernementaux en exercice, les chercheurs scientifiques, les membres d’organisation internationale dans le cadre de leur profession, les sportifs dans le cadre d’une compétition internationale. Des autorisations peuvent également être accordées dans le cadre d’échanges éducatifs et académiques ainsi que pour les membres d’organisations religieuses. Le montant per diem qu’ils pourront dépenser sur place est strictement déterminé par le Département d’Etat pour La Havane [2].

Contrairement à l’idée reçue, il est assurément plus aisé pour l’heure pour un cubain de visiter les États-Unis que pour un citoyen étasunien de voyager à Cuba. Cuba est le pays au monde faisant l’objet des plus rigoureuses restrictions de voyage pour les ressortissants étasuniens, bien plus que l’Iran ou la Corée du Nord.

Les présumés assouplissements proclamés cérémonieusement par l’administration Obama en vue de favoriser les échanges interindividuels étalent dans cette pitoyable affaire leur faible portée.

Jay-Z, irrité visiblement d’être dépossédé de son droit fondamental de libre circulation, n’a pas tardé à répondre à ses détracteurs à travers une lettre ouverte sous forme de rap dans lequel il déclare sans équivoque qu’il bénéficiait d’une autorisation de la Maison Blanche :

Boy from the hood I got White House clearance

Mec issu des quartiers j’ai reçu l’autorisation de la Maison Blanche

Politicians never did shit for me
Except lie to me, distort history
They wanna give me jail time and a fine
Fine, let me commit a real crime’

Les politiciens n’ont jamais rien fait pour moi
A part me mentir, déformer l’histoire
Vous voulez me coller une peine de prison et une amende
Très bien, permettez-moi alors de commettre un véritable crime

Obama said : « Chill you’re going to get me impeached
you don’t need this shit anyway
chill with me on the beach »

Obama a dit : «   calme-toi tu vas me faire destituer 
Tu n’as pas besoin de ces conneries de toute manière 
Viens te détendre avec moi à la plage ».

La Maison Blanche a formellement nié avoir donné son feu vert au couple pour se rendre à Cuba. Jay Carney, le secrétaire en charge des relations presse de la Maison Blanche a déclaré : ’c’est une chanson. Le Président n’a pas eu de contact avec Jay-Z pendant son voyage [3]. La question n’est pas de savoir si Jay-Z bénéficiait ou non d’une autorisation mais qu’une telle autorisation soit requise pour voyager à Cuba. La réalité de la «  dictature » cubaine, derrière les poncifs des médias, ferait-elle tellement peur aux autorités étasuniennes qu’ils se sentent obligés d’adopter des mesures liberticides ?

Aveuglés par la rancune et amarrés à la mafia cubano-américaine aux relents fascistes, les Etats-Unis s’engoncent toujours un peu plus dans l’irrationalité et le grotesque tragique.

Emrah Kaynak

[1Arturo López Levy, El efecto Beyonce, expert en relations cubano-américaines, http://www.infolatam.com/2013/04/08/el-efecto-beyonce/.


URL de cet article 20196
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Cuba Miracles
Ramon CHAO
(précipitez-vous pour acheter Cuba Miracles, cet "objet -livre", merveille de couleurs, d’odeurs et de musiques) Le « dictateur » cubain Fidel Castro vient de passer les rênes de l’Etat à son frère Raúl. C’est bien la première fois qu’un chef d’État abandonne ses fonctions motu proprio. Un certain nombre d’hommes politiques n’ont pas, eux, daigné se démettre de leur fonction avant de mourir. Souvenons-nous par exemple des longues agonies des entubés Georges Pompidou, François Mitterrand, ou Jean-Paul II, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Si les gens devaient découvrir ce que nous avons fait, nous serions pourchassés dans les rues et lynchés"

Président George H.W. Bush (père)
cité par Sarah McClendon (reporter à la Maison Blanche) dans sa lettre d’infos datée de Juin 1992.

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.