RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le « vrai » journalisme enfin récompensé par l’aveu Cahuzac

Avec les aveux de Jérôme Cahuzac, un coup de tonnerre a secoué la classe politique. Cet éclair remet (enfin !) en lumière la nécessité impérieuse et citoyenne du journalisme d’investigation à l’origine de la sortie de l’affaire.

Un métier âpre et dont l’exercice est de plus en plus complexe compte tenu de la crise économique que traverse le secteur notamment du fait de la révolution Internet, et ce, particulièrement en France. Ses exigences n’en demeurent pas moins immuables. Rien à voir avec le cirque médiatique aujourd’hui le plus communément et tristement répandu.

Souvenons-nous. 1974 : Nixon tombe avec le Watergate. Le scandale est porté à la connaissance du public par le Washington Post et ses journalistes Woodward et Bernstein. 1981 : Giscard quitte l’Elysée : l’affaire des diamants de Bokassa sortie par le Canard Enchaîné y est pour beaucoup. Nous sommes au coeur des « trente glorieuses ». Riches encore.

Car ne nous y trompons pas : l’aboutissement d’une enquête journalistique indépendante coûte cher. En temps et en hommes. Donc en argent.

Il ne s’agit pas, dans ces cas où la publication de l’information conduira à la démission d’un homme (ou d’une femme) d’Etat ou au démantèlement d’un système, d’attendre que les éléments vous arrivent cuits et pré digérés de la bouche d’un contact lors d’un dîner mondain.

CARNET D’ADRESSES

Bien au contraire, le départ, puis le fil de l’enquête, ne peuvent se dérouler que dans des conditions où l’exactitude des faits révélés ne souffrira au final aucune réserve. Ce processus n’existe que parce que le journaliste a su, pendant de longues années, construire son bien le plus précieux : son carnet d’adresses.

Oh, je vous vois sourire d’ici. Un carnet d’adresses ! Pourquoi pas un bottin mondain ? Non, ce n’est pas cela. Il s’agit « juste » de contacts dont le journaliste a pu vérifier au fil de temps si ils étaient, ou pas, dignes de confiance. Certes, la réciproque est vraie.

Car un scoop, un « exclusive » comme on dit en anglais, n’est permis que parce que un maillon, un acteur, de telle ou telle affaire possède un intérêt à en informer un journaliste.

Manipulation ? Peut-être. Mais à condition que le reporter ne soit pas assez au fait du contexte général et des incidences que le « scoop » va déchaîner. Qu’il ne soit pas professionnel en un mot.

Contrairement à ce que l’on peut entendre, ou lire, ici et là  : le journalisme est un métier. Responsable.

Il obéit à des règles strictes même si elles sont trop souvent aujourd’hui transgressées dans un milieu qui ressemble plus à la Star Ac qu’à celui du reportage de guerre ou des « Hommes du Président ».

La Déclaration des droits de l’homme et la Constitution française ont guidé la rédaction de la charte éthique de la profession. Il s’agit de « rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité », est-il dit dans cette charte, indispensable et malheureusement méconnue.

Le journalisme « ne peut se confondre avec la communication » et « la notion d’urgence dans la diffusion d’une information ou d’exclusivité ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources ». Sans commentaire.

Avec la pression économique qui s’exerce sur le métier en ces temps de crise, il est souvent extrêmement compliqué pour le journaliste de mener à bien une enquête pouvant être polémique et mettre ainsi son employeur en délicatesse avec l’origine de sa ressource financière : annonceurs ou monde politique.

VÅ’U PIEUX

La charte devrait le protéger : « La responsabilité du journaliste ne peut être confondue avec celle de l’éditeur, ni dispenser ce dernier de ses propres obligations ». Force est de constater qu’il s’agit là , à de très rares exceptions près, d’un voeu pieux qui conduit à une forme de plus en plus présente d’autocensure, tristement acceptée.

Mais avec l’affaire Cahuzac, sortie par le site web Mediapart et le très traditionnel Canard Enchaîné, il n’y a pas eu d’autocensure. L’information est passée.

Au sein de l’équipe de Mediapart, de très longs mois se sont écoulés avant que le dénouement donne raison à l’enquêteur qui a débusqué l’affaire. Courageux. Mediapart, comme Marianne et d’autres titres « papier » ou « en ligne » réalise des prouesses pour boucler ses fins de mois (ce qui n’est pas le cas du Canard, très rentable).

Dans l’affaire Cahuzac, et d’autres avant elles, la justice a été alertée par la presse. C’est à présent à elle « de faire son travail ». Le Journaliste professionnel ne peut aller au-delà de ses propres prérogatives. Il sait où se situent ses limites.

La loi lui garantit (pour longtemps encore on l’espère) la protection du secret de ses sources. Sa charte déontologique lui dit : ne confond pas ton rôle « avec celui du policier ou du juge ».

C’est pourtant ce qu’un public, peu au fait du cadre de ce métier au bord de l’implosion, aimerait bien lui voir faire.

http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/le-vrai-journalisme-e...

URL de cet article 20018
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (prologue de Nelson Mandela)
Salim LAMRANI
En Occident - en Europe et aux Etats-Unis tout particulièrement -, Cuba suscite énormément de critiques et de controverses. Ce petit pays de onze millions d’habitants dispose d’une couverture médiatique disproportionnée par rapport à sa taille et les médias sont unanimes pour stigmatiser la plus grande île des Caraïbes et diaboliser son leader historique Fidel Castro. Les attaques sont virulentes, jamais nuancées et à sens unique. Cuba serait un enfer pour ses habitants avec un système archaïque et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Ce n’est pas de Wikileaks que les Etats-Unis ont peur. Ce n’est pas de Julian Assange qu’ils ont peur. Qu’importe ce que je sais ? Qu’importe ce que Wikileaks sait ? Ce qui importe, c’est ce que VOUS savez." — Julian Assange

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.