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L’occupation corrompt

Israël enterre le judaïsme

La stratégies de Sharon et des ses alliés est une atteinte au principe même du judaïsme. Elle fait réflechir même les plus fervents orthodoxes. C’est parce que, comme de tous temps, l’occupation corrmpt.

Nathalie L et bien d’autres personnes sont en ce moment présents en Palestine. Ils y vivent, enseignent, soignent, aident. Les lettres qui nous parviennent d’eux nous passionnent. Ces lettres sont pourtant simples et douces. Elles n’apportent pas d’informations spectaculaires, ne se perdent pas en réflexions sur le contexte international ou les lobby militaro-industriels. Elles nous parlent en fait d’un quotidien où l’immonde le dispute au meilleur. Elles ne relatent que des petits faits, comme les conditions dans lesquelles est déployé le cessez le feu, la partie de football de l’après midi avec des joueurs si beaux, les enfants et les enseignants qui esquivent les check point pour aller à l’école , les destructions de maisons de maison au buldozer,le thé sur le toit d’une maison ou à l’ombre d’un olivier, la fragilité de la vie dans le sillage des balles perdues, les manifestations de pacifistes israéliens, le long détour de plusieurs heures fait pour acheter un peu d’huile, la solitude des mourants qui suffoquent sous le poids des débris d’immeubles, les refuznik qui expliquent que refuser de servir dans les territoires n’est pas trahir Israël, les rêveries d’un soir quand après une journée harassante il faut encore se demander si ça vaut la peine d’être là , etc.

Nous qui sommes abreuvés de nouvelles fraîches et sanglantes tous les jours, c’est de leur voix que nous avons le plus besoin. Ce qu’il nous faut c’est exactement ce qu’ils sont : un regard et une action ballottée dans la vie quotidienne, une mise en perspective à partir d’un point de vue personnel, le leur. Plus que cela, nous avons un besoin vital de leur parole, sans laquelle les informations glanées ça et là ne sont que des pas perdus.

Il est en effet impossible de porter la révélation de l’horreur au delà de ce qui est dit quotidiennement dans les journaux du monde entier. C’est peut être la meilleure réussite des services de certaines sections d’information du gouvernement israélien. Ils ont réussi à banaliser l’expression des horreurs qu’ils commettent. En la banalisant, ils ont saturé les esprits. Nul ne peut être réceptif tous les jours à l’étalage de tant de haine. En ce sens ils ont gagné.

Mais ils ne peuvent pas tout réussir. ils ne peuvent pas par exemple lutter contre l’expression à la fois actualisée et intériorisée du refus de cette horreur. Sauf à accepter d’y perdre l’un des mythes et principes fondateurs de l’Israël moderne : un îlot de démocratie noyé dans un océan d’oppression. Ils ne peuvent pas lutter non plus contre les actions de solidarité internationale mises en place depuis quelques années, en Israël même et à travers le monde et parfois simultanément en Palestine et dans le monde. De même qu’ils ne peuvent pas lutter contre un homme qui veut se suicider (même s’ils peuvent instrumentaliser sa mort), ils ne peuvent pas lutter contre des mots qui ne prennent pas de front leurs crimes mais les portent au contraire gravés en eux comme les stigmates d’une émotion insoutenable. Ces mots là sont les plus durs et les plus vrais parce qu’ils n’autorisent pas le déni ou la contradiction. Ils sont à prendre ou à laisser.

Et que disent ces mots ? A voir les réactions ou l’absence de réaction qu’ils suscitent ça et là dans la presse internationale on est stupéfait. Ces mots disent qu’Israël est entrain d’enterrer le judaïsme. Il ne faut pas s’y tromper. L’action de Sharon et de ses alliés va bien au delà d’Israël. Elle porte atteinte aux racines même d’une religion multiséculaire à l’origine des deux autres monothéismes, et d’un nombre infinis de sectes, d’hérésies, de shismes, de chapelles et de courants. Les réactions de certains rabbins pourtant orthodoxes, comme celui de la communauté juive anglaise récemment, en témoignent.

Sharron, un symptôme parmi d’autres, dilapide le capital moral et religieux acquis par le judaïsme au bout de centaines d’années d’errances, de victoires, de défaites et de souffrances. Son geste a un coût et un prix que seul les ultrasionnistes sont prêts à payer, ceux là même qui ont fondé Israël malgré l’opposition de leurs rabbins. La politique qu’il promeut mène en fait à une paradoxale sécularisation du judaïsme israélien qui se transforme petit à petit en une simple instance impériale et militaire.

L’extrême droite israélienne est en fait allée bien au delà de ce que le judaïsme orthodoxe lui même peut accepter. Tout récemment nous avons appris, dans le Jérusalem post Report, qu’un rabbin officiel de l’état d’Israël avait converti des indiens des Andes en douze jours, avant de les envoyer dans les territoires occupés. Il n’y a pas si longtemps nous apprenions que des israéliens des colonies livraient des armes et des balles aux palestiniens dont certaines avaient servi dans des opérations terroristes contre les même colonies. Encore récemment une commission dirigée par le ministre du travail et des affaires sociales israéliens (un membre du parti ultra orthodoxe Shas) discutait des moyens de mettre à contribution les utérus israéliens pour résoudre le problème démograhique. (Haaretz qui publie cette information se demande même si ladite commission n’étudie pas aussi les moyens de réduire les taux de natalités des femmes arabes en Israël). Toujours dans le même contexte on apprend qu’un arabe israélien a été déchu de sa nationalité du fait de sa complicité dans de supposés actes de terrorisme (L’assassin de Rabin, lui, n’a pas connu une telle infamie). De plus en plus des voix s’élèvent en Israël pour renvoyer chez eux les nombreux immigrés qui sans aucun doute occupent les postes d’israéliens au chômage. Et la liste est interminable.

Les ultraorthoxes d’Israël alliés à certains lobby sionistes sont tranquillement entrain de réécrire la torah et de violer les commandements divins qu’ils étudient pourtant tous les jours dans leur Yeshiva noyées sous des pluies de subventions. Et la diaspora juive hésite, apeurée, devant ce Golem dont la première victime est le rêve sioniste lui même.

Nous ne pouvons pas lutter contre Israël. Cet état est soutenu par des intérêts trop puissants pour que nous puissions espérer l’atteindre un jour. Mais nous pouvons lutter contre les outils de propagande qu’il utilise et rendre petit à petit le coût de ses engagements trop élevés pour qu’il puisse les maintenir à long terme.

Nous pouvons faire ce que font déjà ceux qui comme Nathalie L. sont présents sur les lieux. Agir, aider et témoigner. Et nous pouvons faire ce que font déjà de nombreuses voix juives à travers le monde et au sein même d’Israël : rappeler les principes du judaïsme tous les jours rappeler les principes fondamentaux du judaïsme. Et c’est par ce seul biais que nous pourrons enfin sauver et le judaïsme et la Palestine.

Nous devons amener chacun à se poser la seule question qui vaille : quel est le prix absolu de la vie humaine ? quel est le prix d’un soleil qui se couche vu depuis un toit d’où l’on peut tranquillement fumer un narguilé en regardant des enfants jouer dans une rue de Gaza ou Naplouse, sans que des sniper embusqués ne soient là à se faire des cartons sur les passants.

C’est un parlementaire israélien qui l’a dit au coeur de la Knesset : l’occupation corrompt. Et c’est aussi l’histoire de l’humanité.

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