RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Berlusconi, Chirac : deux hommes intègres face à Battisti.



La France a promis à l’Italie une livraison d’une quinzaine d’hommes et de femmes réfugiés chez nous. Battisti d’abord.



Juillet 2004


Il y a dix-neuf ans, par la voix de son Président François Mitterrand, la France offrait l’asile aux anciens militants rescapés de la crise italienne des « années de plomb ».

Ce qu’on a appelé la « Doctrine Mitterrand » a engagé la République, les services de justice et de police sous les gouvernements de Mauroy, Fabius, Chirac, Rocard, Cresson, Bérégovoy, Balladur, Juppé, Jospin, soit deux présidents de la République, trois septennats et neuf Premiers ministres. Deux jugements de justice en 1991 ont déclaré Battisti non extradable. Il était sur le point d’obtenir la nationalité française. La Ligue des Droits de l’Homme, France-Libertés, fondation Danielle Mitterrand, Attac-France, les partis de gauche, des élus et des intellectuels de tous bords, 25 000 citoyens pétitionnaires se sont prononcés contre la demande d’extradition formulée par l’Italie.

Mais, le 30 juin, trois magistrats de la Chambre de l’instruction, cédant aux injonctions de Perben, déclarent Cesare Battisti extradable. Battisti a été l’un de ces milliers de jeunes Italiens que la situation des années 70 avait lancés dans un combat où des centaines de formations d’extrême gauche armée s’opposèrent au gouvernement dont les services secrets alliés à l’extrême droite perpétraient de multiples attentats à la bombe.

Il fut jugé selon les lois " spéciales " de l’Italie d’alors, lois dénoncées par Amnesty International et la Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme (144 organisations à travers le monde), concluant que "les autorités italiennes avaient violé tous les accords européens et internationaux sur des procès équitables".

Cette justice d’exception avait ressuscité la figure du « repenti », c’est-à -dire un accusé qui négociait sa liberté en échange de dénonciations. Et c’est sur les seules paroles d’un repenti que Battisti fut condamné à la perpétuité, comme tant d’autres, après une instruction durant laquelle treize cas de torture furent avoués.

Dominique Perben a promis à son homologue italien une première livraison d’une quinzaine d’hommes et de femmes.
Et c’est à sa demande que, le mercredi 30 juin, la même Cour d’Appel de Paris a une seconde fois jugé le même homme, sur le même dossier.

Une désinformation massive, épicée de mensonges inouïs, a cherché à abuser les Français sur l’affaire Battisti.

En même temps, l’Etat a pesé de tout son poids, d’abord par les déclarations de Perben avant la décision d’extradition, ensuite par la voix de Chirac alors qu’un appel en cassation est en cours. Le 2 juillet, aux côtés d’un Berlusconi boudiné et lifté, un Chirac bronzé et convaincu, s’embarrassant à peine de précautions, donnait implicitement une directive en se prononçant pour l’extradition.

Que n’a-t-il pensé à l’élargir à Jean-Claude Duvalier, dit bébé Doc, que la France héberge depuis 15 ans, du sang plein les mains et de l’or plein les poches, assassin et voleur du peuple haïtien ? Que n’a-t-il suggéré à Berlusconi de raviver mieux que ça la guerre civile larvée des années 70 en n’omettant pas de juger aussi les factieux (identifiés) poseurs de bombes dans les lieux publics, les politiciens commanditaires de ces actes de terrorisme, les magistrats stipendiés par la maffia ? Peut-être alors Berlusconi lui aurait-il proposé en retour de coffrer Papon et d’ouvrir le dossier trop vite enterré de l’OAS. Ce à quoi Chirac aurait répliqué que ce carabinier qui tua d’une balle dans le front un jeune manifestant en juillet 2001 à Gênes pourrait, au moins, ne serait-ce que pour la forme, être traduit devant un tribunal. Qui l’acquitterait.

Deux autres dossiers seraient la comparution devant la justice de leur pays de Berlusconi et Chirac. Mais ne mélangeons pas tout. Il urge de comprendre que ces deux-là jouent au billard à trois bandes. Ils visent Battisti, ils inaugurent un nouvel espace policier et judiciaire européen, ils ont les peuples dans leur collimateur.

Maxime Vivas,Ecrivain.



Cesare Battisti broyé par les mensonges, par Maxime Vivas.


Cesare Battisti : ce que les médias ne disent pas, par Wu Ming 1.

Cesare Battisti ou A la recherche de la justice perdue, par Fred Varga.


Pourquoi Battisti n’a-t-il pas dit son innocence plus tôt ? par Fred Vargas.











URL de cet article 1676
   
Même Auteur
Les Chinois sont des hommes comme les autres
Maxime VIVAS
Zheng Ruolin (Ruolin est le prénom) publie chez Denoël un livre délicieux et malicieux : « Les Chinois sont des hommes comme les autres ». L’auteur vit en France depuis une vingtaine d’années. Son père, récemment décédé, était un intellectuel Chinois célèbre dans son pays et un traducteur d’auteurs français (dont Balzac). Il avait subi la rigueur de la terrible époque de la Révolution culturelle à l’époque de Mao. Voici ce que dit le quatrième de couverture du livre de ZhengRuolin : (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Au Salvador, les escadrons de la mort ne tuent pas simplement les gens. On les décapite, on place leurs têtes sur des piques et on garnit ainsi le paysage. La police salvadorienne ne tuait pas seulement les hommes, elle coupait leurs parties génitales et les fourrait dans leurs bouches. Non seulement la Garde nationale violait les femmes salvadoriennes, mais elle arrachait leur utérus et leur en recouvrait le visage. Il ne suffisait pas d’assassiner leurs enfants, on les accrochait à des barbelés jusqu’à ce que la chair se sépare des os, et les parents étaient forcés de garder."

Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.