RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
12 

Extrême droitisation en France et aux États-Unis

Ce 14 mars, au journal de 7 h de France Inter, j’ai entendu deux informations que les journalistes, jusqu’à maintenant, n’ont pas cherché à rapprocher (en dépit de leurs évidentes ressemblances). Ces informations sont :

1. La critique de personnalités politiques et de médias étrangers (allemands, belges et américains) sur Nicolas Sarkozy, disant que celui-ci fait une campagne d’extrême droite, certains allant même jusqu’à l’appeler "Nicolas Le Pen".

2. L’annonce que, dans les élections primaires du Parti républicain aux États-Unis, le candidat "modéré" Mitt Romney n’était arrivé que troisième aux scrutins de l’Alabama et du Mississippi, derrière les deux candidats ultraconservateurs Rick Santorum et Newt Gingrich.

- Quel est le rapport entre les deux ? Celui-ci : dans les deux pays, le parti de droite dominant (UMP en France, Parti républicain aux États-Unis) est tiraillé entre une pulsion centriste et une pulsion extrémiste de droite. Certes, la situation n’est pas tout à fait la même : en France, le candidat de droite est au pouvoir, alors qu’aux États-Unis le Parti républicain est dans l’opposition et n’a pas encore choisi son candidat. Aux États-Unis, la modalité du tiraillement est que les élections donnent tantôt l’avantage au candidat "modéré", tantôt à l’un de ses rivaux ultraconservateurs. En France, la modalité du tiraillement est que le candidat Sarkozy tantôt durcit sa position en matière d’immigration, de "laïcité" ou de politique pénale, tantôt fait une annonce "sociale" en direction des plus pauvres ou à l’encontre des plus riches...

- Une autre ressemblance est celle-ci : aux États-Unis, les candidats républicains, outrageusement favorables aux riches, se lancent néanmoins à la tête des accusations d’enrichissement malhonnête, de spéculation, d’exploitation des plus pauvres. En France, le candidat Sarkozy, bien qu’également très ami des riches (et même des très riches) propose parfois des mesures fiscales (certes fort modestes) à l’encontre de ces très riches. Tout se passe donc, dans les deux pays, comme si les candidats de droite, en dépit de leurs tropismes ploutocratiques, se rendaient tout de même compte de l’aversion de la majorité de la population envers les grandes fortunes...

[Il me revient à l’esprit une image : lorsque j’étais plus jeune, un de mes proches m’amenait parfois faire un tour à moto. Et il me prévenait : "Dans les virages, je vais me pencher près de la chaussée. Même si cela te fait peur, penche-toi dans le même sens que moi. Ne cherche pas à te redresser, sinon on va dans le mur !". Je me demande si cette loi de physique élémentaire ne pourrait aussi s’appliquer en matière électorale : à vouloir attirer simultanément deux électorats dissemblables, voire opposés, ne risque-t-on pas aussi "d’aller dans le mur électoral" ?].

- Autre information, marginalement liée à la précédente. Il y a quelques jours, le magazine américain /Forbes /donnait, comme tous les ans, sa liste des personnalités les plus riches du monde. On avait donc, en 1re position, le Mexicain Carlos Slim, en 2e et 3e positions, les Étatsuniens Bill Gates et Warren Buffett, et, en 4e position... le Français Bernard Arnault !

- Mon observation à ce sujet est celle-ci : l’information a été donnée (en particulier sur France 2 et sur France 3) sans commentaires, mais avec des vues filmées de Bernard Arnault (alors que Bill Gates et Warren Buffett n’étaient figurés qu’en photo), et elle a été donnée comme si, sur ce point, elle représentait une fierté pour la France. Elle a été donnée comme si on annonçait que la France était le deuxième concepteur au monde de microprocesseurs ou le deuxième titulaire de médailles Fields (ce qui, en passant, est d’ailleurs la vérité). J’ai donc eu l’impression que les journalistes tiraient quelque fierté qu’un Français "batte un record" dans ce domaine, comme si ce "record" était censé témoigner, indirectement, de la bonne santé économique du pays, de son dynamisme, etc.

- Il est significatif, au demeurant, que l’on mette ainsi en avant, annuellement, ce classement, mais jamais celui du coefficient de Gini. [Le coefficient de Gini est un indice, étalonné de 0 à 1, qui donne la distribution des revenus à l’intérieur d’un pays. Le 0 représente l’égalité parfaite et le 1 l’inégalité totale. Dans ce classement, établi sur 124 pays, le pays le plus égalitaire figure en premier (et c’est le Danemark). La France figure au 16e rang, les États-Unis au 74e, et le Mexique... au 109e].

Philippe ARNAUD

URL de cet article 16091
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Histoire du fascisme aux États-Unis
Larry Lee Portis
Deux tendances contradictoires se côtoient dans l’évolution politique du pays : la préservation des “ libertés fondamentales” et la tentative de bafouer celles-ci dès que la “ nation” semble menacée. Entre mythe et réalité, les États-Unis se désignent comme les champions de la « démocratie » alors que la conformité et la répression dominent la culture politique. Depuis la création des États-Unis et son idéologie nationaliste jusqu’à George W. Bush et la droite chrétienne, en passant par les milices privées, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"La seule et unique raison pour laquelle certaines parties de la classe dirigeante n’aiment pas Trump, ce n’est pas parce qu’il ne défend pas leurs intérêts (il le fait), mais parce qu’il gère mal les événements et les récits d’une manière qui expose à la vue de tous la laideur de l’empire."

Caitlin Johnstone

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.