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Auteur : Philippe ARNAUD

De Mers-el-Kebir au bombardement de la Syrie

Philippe ARNAUD
Immédiatement après l'effondrement du régime de Bachar el-Assad, dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre, on apprenait que l'aviation israélienne avait bombardé 310 cibles en Syrie. Ces cibles étaient des aéroports, des avions, des hélicoptères, des dépôts de munitions, des stocks d'armes chimiques, des batteries de DCA, des usines de production d'armes chimiques, des ports, des navires, des centres de commandement, des chars, etc. Parallèlement, l'aviation américaine frappait 75 cibles en Syrie, en utilisant des B-52 (bombardiers stratégiques), des A-10 (avion d'appui au sol) et des F-15 (chasseurs-bombardiers). C'est-à-dire une gamme complète d'aéronefs. Remarque 1. Ces bombardements ont eu lieu sans opposition, du fait que l'armée syrienne s'était volatilisée devant l'avancée des rebelles au régime et que ces derniers, d'une part n'avaient pas les moyens de riposter, d'autre part avaient autre chose à faire : en gros, consolider leur victoire. Remarque 2. Ces (…) Lire la suite »
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Ceux des États qui ne reconnaissent pas la Palestine

Philippe ARNAUD

Trois pays européens (l’Espagne, l’Irlande et la Norvège), viennent de reconnaître diplomatiquement la Palestine. Ils s’ajoutent à la longue liste de ceux qui la reconnaissent déjà. Quelles observations peut-on en tirer ?

1. Ce qui est important, ce n'est pas de savoir quels pays reconnaissent la Palestine, mais plutôt quels pays ne la reconnaissent pas (ou, plus exactement, refusent de la reconnaître), car, à mesure que leur effectif se réduit, la signification politique et idéologique de leur refus augmente. Ces pays sont : 1.1. D'abord, en dehors, évidemment, d'Israël, les pays du “ Groupe Échelon ” (parfois aussi appelé UKUSA), à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, c'est-à-dire les pays de peuplement et civilisation européenne et de langue anglaise, soudés les uns aux autres par une multiplicité de liens économiques, stratégiques, militaires, culturels, Et qui pratiquent, en collaboration, l'espionnage du reste du monde. Etc. 1.2. Derrière, on trouve toujours des pays à la remorque stratégique des États-Unis comme le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, plus des micro-Etats du Pacifique. 1.3. Le deuxième gros bloc du refus est celui des pays (…) Lire la suite »

Guerre de Gaza : il y a morts et morts…

Philippe ARNAUD

Actuellement les informations sur la guerre de Gaza (par exemple le 24 janvier au journal de 13 h de France Inter) réservent une part prépondérante aux 24 soldats israéliens morts en une seule journée dans les combats au sol.

Remarque 1. Ces pertes, il est vrai, sont élevées... pour l'armée israélienne. En 2004, lors de l'opération Arc-en-ciel, les Israéliens n'ont eu aucune perte militaire. La même année, pour l'opération Jours de pénitence, ils ont eu deux soldats tués. En 2008-2009, pour trois semaines de guerre, ils ont eu 10 soldats tués. En 2012, pour une semaine de guerre, ils ont eu 2 soldats tués. En 2014, pour un peu moins de deux mois de guerre, ils ont eu 66 morts (pas de distinction entre morts civils et militaires). Depuis le début des opérations dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a eu plus de 200 morts. On est donc dans une tout autre échelle. Remarque 2. Ce qui est frappant, c'est la disproportion de temps accordée par les médias entre ces 24 morts israéliens, d'une part, et les plus de 25 000 morts civils palestiniens depuis le début de la guerre de Gaza. Le rapport est de plus de 1000 contre 1 ! Ce ratio est celui de toutes les guerres coloniales. A la bataille d'Omdurman, en (…) Lire la suite »
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D’une oppression … l’autre

Philippe ARNAUD
La date, relativement lointaine, à laquelle se réfèrent ces remarques, est celle d'une scène qui s'est déroulée au Parlement néo-zélandais de Wellington. A cette date, les élections dans ce pays, le 14 octobre 2023, avaient vu la victoire du Parti national (droite), qui avait inauguré une série de mesures discriminatoires à l'encontre de la minorité maorie. Le 12 décembre, lors d'une session du Parlement, le speaker (président de la Chambre) avait alors donné la parole à la jeune (21 ans) députée maorie Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, membre d'un parti d'opposition. Cette députée avait commencé son discours en maori. Ce discours avait plutôt l'air d'un poème traditionnel, récité de manière scandée. Puis, brusquement, sans crier gare, ce poème s'était mué en un haka enflammé, avec gestuelle des bras, de la tête et du corps entier (comme l'exécutent les joueurs de rugby des All Black). Ce haka avait alors été repris par les spectateurs des tribunes, ainsi que par (au moins) un autre (…) Lire la suite »

De l’USS Pueblo au Galaxy Leader

Philippe ARNAUD
On a vu tout récemment à la télévision la capture d'un navire japonais (mais appartenant, en fait, à un homme d'affaires israélien), par des rebelles Houthis, combattant au Yémen contre l'Arabie saoudite. Cette attaque n'est pas loin de faire penser à une affaire du même genre, vieille de près de 56 ans. De quoi s'agit-il ? De la capture du navire-espion étasunien USS Pueblo, le 23 janvier 1968, par les Nord-Coréens, en mer du Japon. Pourquoi opérer ce rapprochement ? 1. Parce qu'il s'inscrit dans un contexte d'affrontement géopolitique mondial. En 1968, on était en pleine tension Est-Ouest : guerre du Vietnam, accrochages persistants entre les deux Corées, guérillas en Amérique latine (Che Guevara avait été assassiné à peine quatre mois auparavant en Bolivie), guérillas dans les colonies portugaises d'Afrique australe, et poursuite du conflit arabo-israélien (la guerre des Six Jours avait eu lieu sept mois auparavant). Il y avait, en gros, trois secteurs d'affrontements : un (…) Lire la suite »

Yaël Braun-Pivet et le pâté d’alouette israélien

Philippe ARNAUD
Ce 23 octobre 2023, Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, était l'invitée de Nicolas Demorand et Léa Salamé sur France Inter. Elle revenait d'un voyage de solidarité en Israël. A cette occasion, elle révéla ingénument que deux de ses précédents voyages à l'étranger avaient été à Kiev, au début de la guerre russo-ukrainienne, et en Arménie, au moment du blocus du Haut-Karabakh. Elle n'aurait su mieux dire à quel point elle se plaçait dans le camp "occidentaliste", c'est-à-dire dans le petit bloc euro-nord-américain, si sûr de lui qu'il élargit son pré carré en se baptisant "communauté internationale" - comme les Étasuniens, qui annexent le Nouveau monde en se baptisant "Américains" : en effet, aller à Kiev, c'est se déclarer contre les "méchants" Russes, successeurs des non moins "méchants" Soviétiques, et aller en Arménie, c'est se déclarer contre les "méchants" Azéris (et, derrière eux, contre les "méchants" Turcs, soutiens des Azéris et successeurs des Ottomans (…) Lire la suite »

Chérir le sémantisme des Israéliens

Philippe ARNAUD

Philippe Arnaud poursuit sa réflexion sur les mots utilisés par nos médias pour parler du conflit en cours.

Depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre, l'énorme majorité des médias (y compris les journaux de province comme La Nouvelle République de Tours) tendent à présenter le conflit palestino-israélien en privilégiant le point de vue israélien. [N.B. L'ordre des mots n'est pas neutre : j'ai commencé par écrire "israélo-palestinien", et le correcteur d'orthographe n'a rien signalé. Lorsque, en revanche, j'ai inversé l'ordre des termes, et que j'ai fait figurer en premier le mot dérivé de "Palestine", j'ai vu cet adjectif composé souligné d'un trait rouge comme si c'était une graphie fautive – et fautive dans tous les sens du terme : fautive non seulement de manière orthographique, mais fautive surtout de manière morale et politique. Comme si ce conflit ne pouvait être considéré qu'au travers d'une vision israélo-centrée – voire, plus largement, occidentalo-centrée]. 1. D'abord par l'ouverture des journaux télévisés - par exemple celui de 13 h de France 2, le dimanche 15 octobre - sur (…) Lire la suite »

Ah ! la “ Communauté internationale ”…

Philippe ARNAUD

L’observation des médias, depuis le début de l’attaque du Hamas, le 7 octobre, livre un certain nombre d’enseignements.

1. L'usage répétitif de l'expression "la communauté internationale". Cette expression n'est pas employée dans n'importe quel contexte : elle l'est, en général, pour stigmatiser, condamner, vouer aux gémonies un pays (la Corée du Nord, l'Iran), un régime ou un mouvement politique (le gouvernement cubain, le Hamas), un responsable politique (Vladimir Poutine, Bachar El-Assad, Fidel Castro, Hugo Chavez...) dont la politique contrarie celle des Occidentaux. Mais cette "communauté internationale" représente-t-elle les quelque 196 pays représentés à l'ONU ? Oui, à condition d'en exclure quelques-uns, entre autres le monde musulman, l'Afrique sub-saharienne, l'Amérique latine, la grande majorité de l'Asie (sauf le Japon, la Corée du Sud, Taïwan...), c'est-à-dire plus des trois quarts des gouvernements, des habitants et des opinions de la planète... 1.1. Que reste-t-il au fond de la cornue à l'issue de la distillation ? Les États-Unis, plus les pays anglophones du groupe Échelon (…) Lire la suite »

Travail, Famille, Patrie ?

Philippe ARNAUD
Le 19 avril, le gouvernement a débaptisé Pôle Emploi. Désormais, à partir du 1er janvier 2024, cet organisme s'appellera France Travail. Je souhaite ci-après revenir sur la forme de cette appellation car, comme je l'ai dit lors que remarques précédentes, la forme dit toujours quelque chose du fond. Le 11 mai 2017 [je tiens cette rubrique depuis novembre 2002], je titrais une de mes Remarques : "Après 52 ans sur son pas de tir, la fusée Lecanuet a enfin décollé...". Je revenais, en effet, sur la parenté entre Jean Lecanuet et Emmanuel Macron : tous les deux jeunes, portant beau, brillants élèves, libéraux (si ce n'est ultralibéraux), pro-américains, pro-européens, atlantistes. Surtout, j'insistais sur le slogan de campagne de Lecanuet : "Un homme neuf... une France en marche". Et, en 2017, Macron se présentait comme un homme "hors système" – c'est-à-dire, dans l'image qu'il voulait faire passer de lui, un homme "neuf". Et le nom de son parti était "La République en marche". La (…) Lire la suite »

Une émeute ? Non, Sire, une insurrection !

Philippe ARNAUD
Ces remarques portent sur une déclaration un peu lointaine (datant de plus d'un mois) mais comme leur objet – la contestation de la (contre)-réforme des retraites – est loin d'être obsolète, je vais y revenir quelques instants. – Le 21 mars dernier, la veille de son interview, à 13 h, sur les chaînes nationales, Emmanuel Macron, devant les élus de son parti, a dit : « L'émeute ne l'emporte pas sur les représentants du peuple ». Par « émeute », il faisait allusion aux nombreuses manifestations (parfois accompagnées de violences et de déprédations) organisées contre sa « réforme » (en fait sabotage) des retraites. Remarque 1. Emmanuel Macron ne serait pas président de la République (le mot est important) si, le 14 juillet 1789, le 10 août 1792, le 27 juillet 1830, le 22 février 1848, le 4 septembre 1870 (entre autres), il n'y avait pas eu « d'émeutes » (pour reprendre son terme méprisant) qui renversèrent le pouvoir monarchique du moment. Si ces « émeutes » n'avaient pas eu lieu, (…) Lire la suite »