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Ah ! la “ Communauté internationale ”…

L’observation des médias, depuis le début de l’attaque du Hamas, le 7 octobre, livre un certain nombre d’enseignements.

1. L’usage répétitif de l’expression "la communauté internationale". Cette expression n’est pas employée dans n’importe quel contexte : elle l’est, en général, pour stigmatiser, condamner, vouer aux gémonies un pays (la Corée du Nord, l’Iran), un régime ou un mouvement politique (le gouvernement cubain, le Hamas), un responsable politique (Vladimir Poutine, Bachar El-Assad, Fidel Castro, Hugo Chavez...) dont la politique contrarie celle des Occidentaux. Mais cette "communauté internationale" représente-t-elle les quelque 196 pays représentés à l’ONU ? Oui, à condition d’en exclure quelques-uns, entre autres le monde musulman, l’Afrique sub-saharienne, l’Amérique latine, la grande majorité de l’Asie (sauf le Japon, la Corée du Sud, Taïwan...), c’est-à-dire plus des trois quarts des gouvernements, des habitants et des opinions de la planète...

1.1. Que reste-t-il au fond de la cornue à l’issue de la distillation ? Les États-Unis, plus les pays anglophones du groupe Échelon regroupant, autour du premier, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, plus quelques pays d’Europe occidentale (les Six de la CEE de 1957, plus quelques-uns parmi les plus riches comme la Suisse, l’Autriche et les pays scandinaves). Et encore ne s’agit-il que de l’opinion publique supposée de ces pays, telle qu’elle a été modelée, biaisée, façonnée, déformée par les médias de grande diffusion...

1.2. La "communauté internationale" ainsi réduite ne condamne pas n’importe quoi : elle stigmatise l’attaque d’Israël par le Hamas ou le lancement de missiles par la Corée du Nord. En revanche, elle garde un pudique silence face au massacre de migrants éthiopiens par les garde-frontière saoudiens, ou des Yéménites par ces mêmes Saoudiens, ou lors de l’extermination, en 1965, de 500 000 à 1 million de communistes indonésiens par l’armée indonésienne et les milices musulmanes. Parce que chacun sait que les musulmans sont "naturellement méchants", sauf quand ils tuent les "Rouges"...

1.3. Il est plus que vraisemblable que la "communauté internationale" qui a condamné l’attaque du Hamas du 7 octobre, et s’est rangée derrière le gouvernement israélien le petit doigt sur la couture du pantalon a regroupé les mêmes gouvernements que ceux qui se sont mis au garde-à-vous devant Volodymyr Zelensky.

2. L’usage du terme "terroristes" pour parler des combattants du Hamas. Certes, ceux-ci ont tué délibérément 260 participants à une rave-party et au moins 100 habitants d’un kibboutz, alors qu’il s’agissait de civils désarmés, voire de femmes, d’enfants et de vieillards. Mais, au cours de la guerre d’indépendance d’Algérie (1954-1962), les combattants du FLN ont tué près de 3000 Européens et un nombre indéterminée d’Algériens musulmans.

2.1. J’ai été "bercé" (si j’ose dire...), pendant toute mon enfance, par les récits horrifiques des meurtres perpétrés par les "fellaghas" : femmes violées et éventrées, prisonniers énucléés, soldats au sexe coupé, etc. - En précisant néanmoins que l’armée française et les civils européens ne furent pas en reste : des anciens combattants m’ont, plus tard, raconté ingénument, sans marquer d’émotion, les abominations contre les Algériens auxquelles ils s’étaient livrés. Mais, depuis, la France a reconnu l’Algérie comme un État à part entière, et donne de "l’excellence" à son ambassadeur. De même Israël entretient des relations normales avec la Suède, même si le groupe Lehi tua le comte Folke Bernadotte, diplomate suédois, en 1948. Les combattants des luttes de décolonisation ont toujours été appelés "terroristes". Mais, au cours de la guerre du Vietnam, de 1963 à 1975, j’ai rarement entendu la grande presse accoler cet adjectif de "terroristes" aux bombardements américains du Vietnam, du Laos et du Cambodge. [Plus de bombes sur l’Indochine que sur l’Allemagne et le Japon, pour une guerre jamais déclarée...]

3. L’instrumentalisation d’événements de politique étrangère au détriment de partis de gauche. Depuis le 7 octobre, les politiciens et la presse de droite - et même une bonne partie de la gauche - ne cessent de tirer à boulets rouges sur LFI et le NPA, qui ont refusé de s’aligner sur les positions israéliennes. Cela remonte à loin : déjà, en août 1939, la signature du pacte germano-soviétique avait donné lieu, en France, à l’interdiction du Parti communiste (alors qu’il n’y était pour rien et que, précédemment, en octobre 1938, les députés communistes avaient été les seuls à voter contre les accords de Munich, qui livraient la Tchécoslovaquie à Hitler en violation de la parole donnée !). Après guerre, il me souvient du plaisir pervers avec lequel les journalistes allaient interviewer les responsables communistes, après l’invasion de la Tchécoslovaquie, en août 1968, après l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge en 1979, après le coup d’État de Jaruzelski, en Pologne, en 1981. Et ce, afin de souligner la distance avec le reste de l’opinion publique française et de déconsidérer encore plus le P.C. et ses idées.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas, de ma part, d’approuver a posteriori l’invasion de la Tchécoslovaquie, de l’Afghanistan, ou le coup d’État en Pologne (entre autres...), mais d’en dénoncer l’instrumentalisation malhonnête, pour affaiblir un Parti qui, à gauche, empêchait encore le Parti socialiste d’être emporté par les courants de baïne de la droite, où il allait barboter si complaisamment...

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