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Axel Kahn, candidat socialiste à Paris

C’est la meilleure de l’année : Axel Kahn sera candidat aux prochaines élections législatives contre Fillon et/ou Dati, sous les couleurs du parti socialiste, à la demande des militants de la circonscription !

S’il est des universitaires, des étudiants qui pouvaient encore imaginer qu’en cas de victoire à l’élection présidentielle François Hollande reviendrait sur les mesures scélérates de l’homme du Fouquet’s (la loi LRU au premier chef), ils savent désormais que ce ne sera pas le cas. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche juste après sa décision, le toujours modeste Axel Kahn se qualifiait lui-même de candidat très emblématique, « le plus emblématique » par rapport à Fillon et Dati (http://www.lejdd.fr/Election-presidentielle-2012/Actualite/Axel-Kahn-candidat-socialiste-aux-legislatives-face-a-Rachida-Dati-et-Francois-Fillon-interview-441011/). Si Kahn est emblématique de quelque chose, c’est bien du ralliement à la politique universitaire de droite d’un homme qui n’est même pas capable de louvoyer avec habileté.

Il faut toujours se méfier des gens qui aiment tout le monde, qui admirent tous azimuts. Kahn a servi Fillon qu’il « connaît très bien » : « Je l’ai aidé à mener les états généraux de la recherche lorsqu’il était ministre. Nous avons sympathisé. Je l’ai revu lors des grands mouvements de grève de 2009, quand je suis allé déjeuner à Matignon pour parler en particulier du problème de la formation des maîtres. » Son frère Jean-François soutient Bayrou. Allez, vas-y, Axel : « J’aime personnellement beaucoup François Bayrou. D’abord, c’est un homme de cheval, comme moi. Il a même posé des questions au généticien que je suis pour savoir comment favoriser les saillies de ses juments ! Il a des valeurs humanistes incontestables et elles me sont sympathiques. »

Axel Khan a dirigé de la manière la plus mandarinale qui soit une université parisienne, utilisant toutes les ressources antidémocratiques de la LRU qu’il a combattue très mollement pour la forme. En mai 2011, Pécresse et Kahn publiaient ensemble Controverses - Université, Science et Progrès, un livre de 250 pages où ces deux comparses dialoguaient furieusement. C’est ainsi que l’éditeur présentait les deux auteurs : « En tant que président de l’université Paris-Descartes, Axel Kahn se place à la pointe de la mise en oeuvre de cette réforme qu’il approuve dans sa philosophie tout en en contestant certains aspects et certaines méthodes. C’est à un dialogue parfois vif que nous invite ainsi cet ouvrage, où plusieurs sujets de fond sont abordés : réformes, diplômes, emplois, révoltes, recherche… En cette période où la notion de progrès est souvent attaquée, ces deux responsables s’interrogent sur l’avenir de nos enfants, à travers l’éducation poussée qui pourra leur être donnée… ou non. Et s’affrontent sur certains objectifs de cette éducation. » Que de violence !

Je reproduis ci-dessous des extraits d’une chronique des Ravages de la LRU de mai 2011 où, avec d’autres, je mettais en garde mes lecteurs contre les agissements d’Axel Kahn et de quelques autres socialistes :

La LRU est une arme de guerre conçue par l’hyperbourgeoisie internationale pour privatiser l’enseignement supérieur français et sortir ses personnels de la Fonction publique en une génération. Ont lutté contre cette ignominie, outre, évidemment, toutes les bonnes volontés individuelles, le Snesup, la CGT, Sud, une partie du syndicat autonome (droite), le Parti communiste, le NPA, le Parti de gauche, ainsi que deux associations d’universitaires : Sauvons l’Université ! et Sauvons la Recherche !. Le SGEN-CFDT, l’UNSA, le Parti socialiste (très tardivement) se sont fort mollement opposés à Pécresse. Les deux confédérations syndicales participent désormais à la gestion de l’Université de manière plutôt zélée. Le Parti socialiste, qui n’a jamais condamné globalement la logique de la LRU, ne prévoit pas de faire abolir cette loi en cas de victoire aux prochaines élections présidentielle et législatives.

Un psychodrame vient tout récemment de se dérouler autour de la personne de Bertrand Monthubert, ancien animateur de Sauvons l’Université !. Scientifique de premier plan, Monthubert a joué un rôle déterminant dans le combat contre la LRU. Membre du Parti socialiste, il a choisi d’accepter, après s’être retiré de la direction de SLU, des fonctions éminentes dans ce parti.

Le Parti socialiste avait décidé d’inviter à Toulouse (la ville où exerce Monthubert) Étienne Boisserie, l’actuel président de Sauvons l’Université !, à l’occasion d’une journée consacrée à l’université. Très choqué par le programme du Forum des idées du PS, Boisserie, dénonçant la manière dont ce parti accompagne les réformes de la droite en matière d’enseignement supérieur et de recherche, vient d’adresser une lettre ouverte à Monthubert :

Cher Bertrand Monthubert,

Je vous remercie de votre invitation à venir assister aux débats du PS à Toulouse.

J’ai bien entendu regardé attentivement l’organisation de vos travaux, les thèmes abordés et les personnalités invitées. Pour vous dire les choses avec une franchise que je juge préférable, connaissant les combats que vous avez menés, je dois bien avouer une grande déception. De toute évidence, vous avez totalement oublié les représentants des personnels (toutes catégories confondues), un certain nombre de thèmes et de secteurs fondamentaux de nos universités, et particulièrement ceux qui souffrent déjà - et continueront de souffrir - des effets des " réformes " conduites depuis 2007. J’entends bien qu’un président d’université - a fortiori quatre - a une certaine expérience des RCE et de l’application de la loi LRU, mais cela ne vous aidera certainement pas à calibrer l’indispensable balayage des effets les plus délétères de la LRU et des graves dysfonctionnements introduits dans les structures universitaires par les différents « -ex » que nombre de vos invités ne manqueront d’ailleurs pas de louer. Au demeurant, l’idée d’inviter à vos travaux un « grand témoin » qui, la veille, aura présenté dans une librairie parisienne le livre qu’il cosigne avec la ministre, permettant ainsi à celle-ci de vanter urbi et orbi son miraculeux « bilan », est un pied de nez qui doit être apprécié à sa juste valeur.

J’entends bien, par ailleurs, que « l’innovation » - qui se substitue bien trop à la « recherche » pour ne pas devoir susciter quelques interrogations - est une composante essentielle du discours ambiant, mais quid de pans entiers de l’université ? Des SHS ? Des IUT ? Quid des conditions de travail des personnels soumis à la RGPP - les Biatoss depuis un moment, les enseignants-chercheurs sous peu ?

Beaucoup de « vedettes » et de discours convenus en perspective, un mauvais signal adressé à la communauté universitaire, une incapacité à poser un diagnostic autrement qu’avec ceux qui ont accompagné - ouvertement ou dans les faits, avec zèle ou toute honte bue - des transformations redoutables.

Avez-vous oublié que votre groupe parlementaire avait, en plein mouvement de 2009, certes tardivement, mais clairement, pris position contre la loi LRU ? Avez-vous oublié que vous-même aviez pris une telle position au même moment ? Êtes-vous en train de vous préparer à annoncer au nom du Parti, comme M. Cambadélis l’a fait en son nom dans le JDD du 8 mai, que la réforme des universités est « peut-être » la seule réussite du quinquennat de Nicolas Sarkozy ? Votre idée de « la société de la connaissance » ne cache-t-elle pas une conversion définitive à « l’économie de la connaissance ? Et, enfin, pourquoi diable avoir pris la peine de consulter les associations SLR et SLU en décembre dernier si c’était pour produire un tel cadre de débat et de réflexion publique ?

Je reconnais bien volontiers que ce courrier n’est pas une réponse courtoise à votre aimable invitation, mais comment un parti comme le vôtre peut-il à ce point évacuer autant de dimensions du problème de l’enseignement supérieur et de la recherche ? Comment peut-il aussi durablement éviter de tracer des priorités nouvelles pour un secteur gravement affecté depuis 2007. Or, il est consternant de constater qu’aucun de vos invités - à l’exception sans doute de votre élue régionale - n’a jamais pris la mesure de ces bouleversements et des effets néfastes des réformes en cours, quand il ne s’en est pas réjoui au nom d’une « excellence » qu’il est désormais convenu dans les cercles « réalistes » d’invoquer à tout bout de champ, comme jadis, en d’autres lieux, on en appelait aux mannes du « socialisme scientifique » ? Mesurez-vous vraiment - votre parti, pas vous-même - le degré de renoncement atteint, qui consiste à copier le discours de l’adversaire par crainte du discrédit ?

Cela ne remet pas en cause mon estime pour le militant que vous fûtes, ni mon espoir d’une alternance politique. Mais cela ne sera pas à n’importe quel prix et vous devez prendre enfin la mesure du désarroi des femmes et des hommes sans lesquels l’université n’existe pas. Je ne doute pas que le programme de votre « Forum des idées » - certains d’entre nous y ont lu un « Forum des Idex » - provoquera chez beaucoup d’entre eux un sourire mi-las, mi-désabusé, chez d’autres une grande inquiétude.

En espérant que votre parti saura un jour comprendre que ce n’est pas seulement d’une alternance dont l’Université et la Recherche ont besoin, mais bien d’une alternative aux politiques en cours, je vous prie de croire, cher Bertrand Monthubert, en mes sentiments les plus cordiaux.

Étienne Boisserie

Président de Sauvons l’université !

Deux remarques explicatives. Le " grand témoin " dont parle Boisserie, qui a cosigné un livre avec Pécresse, n’est autre que le président de l’université Paris V, élu en 2007. Homme assoiffé de pouvoir et de reconnaissance, Axel Kahn eut, pendant la lutte contre la LRU, une attitude plus qu’ambiguë de soutien voilé aux agissements de la droite. Dans sa jeunesse, Kahn fut membre du Parti communiste puis, brièvement, du Parti socialiste. Il est vice-président des Amis du journal L’Humanité et fut membre - au titre de ses compétences en génétiques, peut-être - de la commission de révision de la Constitution française présidée par Simone Veil. Bref, l’homme navigue à la godille, un pied dans chaque camp. Heureusement, il n’y a que deux camps. Je n’ai aucune compétence pour évaluer le savant. Je note ceci dans la page Wikipédia qui lui est consacrée :

« Présenté parfois par les médias comme le « généticien français le plus renommé en Europe », Axel Kahn ne figure cependant pas dans la liste des 137 scientifiques français les plus cités, établie par l’Institute for Scientific Information. Cette liste comporte une bonne dizaine de généticiens français, parmi lesquels Pierre Chambon, Daniel Cohen, Jean-Louis Mandel, Marie-Geneviève Mattéï et Jean Weissenbach. Il a néanmoins publié plus de 500 articles dans des revues internationales. »

Dans sa lettre, Boisserie joue avec le suffixe " ex " . Il faut savoir que les inventeurs de la LRU et les nombreux universitaires qui la soutiennent se gargarisent désormais du concept d’excellence. Cette notion bidon sert à mettre les institutions universitaires en compétition les unes avec les autres, tout comme les personnes. C’est ainsi qu’ont été créés des " laboratoires d’excellence " ou Labex. Une minorité de labos pourra bénéficier de cette prestigieuse étiquette et des subventions afférentes. Mais à l’intérieur de ces labos remarqués, seuls 30% des personnels pourront se prévaloir de l’excellence. On imagine donc la lutte à couteaux tirés entre les labos et à l’intérieur même de chaque labo. Ce n’est pas le lieu de se demander ici combien de ministres pourraient bénéficier du label...

http://bernard-gensane.over-blog.com/

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