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13 décembre 1937 : Massacre de Nankin

La Chine et la Seconde guerre mondiale

Bien que la Seconde guerre mondiale ait impliqué de très nombreux pays, les Européens ne retiennent généralement de ce conflit que les évènements et les dates qui ont marqué leur continent.

Ainsi, pour nombre d’entre eux, la guerre ne commence que le 1er septembre 1939 avec l’invasion de la Pologne pour se terminer le 8 mai 1945, date de la capitulation des armées nazies.

Ils n’ignorent pas toutefois qu’il y ait eu une guerre dans le Pacifique et que le Japon n’a capitulé que le 2 septembre 1945 après l’anéantissement de 200.000 êtres humains à Hiroshima et Nagasaki - cobayes des expériences nucléaires des Etats-Unis.

Mais que sait-on de l’invasion de la Chine par le Japon dès 1937 ?

Que sait-on de son effort militaire ?

Que sait-on du nombre de victimes chinoises, le plus important après l’Union soviétique ?

C’est pourtant en Chine, le 7 juillet 1937, que la Seconde guerre mondiale a commencé.

L’EXPANSIONNISME JAPONAIS

Pour comprendre le contexte, il faut savoir que la Chine était entrée dans la Première guerre mondiale aux côtés des pays de l’Entente (France, Grande-Bretagne,...) avec la promesse qu’elle récupèrerait les parties de son territoire (les concessions) illégitimement occupées par l’Allemagne.

Promesse trahie puisque le traité de Versailles a entériné leur annexion par le Japon.

Disposant ainsi d’un pied en Chine, le Japon poursuit ses visées expansionnistes : en 1931, il envahit la Mandchourie puis successivement d’autres provinces limitrophes. Au début de 1937 toutes les zones au nord, à l’est et à l’ouest de Pékin [Beijing] sont contrôlées par le Japon.

L’INCIDENT DU PONT DE MARCO POLO : DEBUT DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Le pont de Marco Polo est situé sur la rivière Wongding à 15 km au sud-ouest de Pékin.

Pont Marco Polo

C’est là que, dans la nuit du 7 juillet 1937, les troupes impériales japonaises provoquent un incident qui sert de prétexte à une attaque contre des unités de l’armée chinoise. Il s’ensuit une invasion généralisée et huit années d’une guerre atroce.

Troupes d’invasion japonaises

LE MASSACRE DE NANKIN

Durant ce conflit, les troupes impériales japonaises se sont renduent coupables de crimes abominables - curieusement méconnus, oubliés ou occultés en Occident.

En novembre 1937, Shanghai tombe aux mains de l’armée japonaise et la route de Nankin [Nanjing], capitale historique, située à 300 km à l’ouest, lui est désormais ouverte.

Nankin est d’abord encerclée puis, après trois jours de pilonnage d’artillerie, investie le 13 décembre.

Les soldats japonais se livrent alors, durant deux mois, à un déchaînement de violence aveugle qui fait 300.000 victimes tant militaires que civiles : fusillades collectives à la mitrailleuse, ensevelissement d’être humains vivants, décapitations, des milliers de femmes violées et éventrées.

Les morts, trop nombreux, ne peuvent être tous enterrés. Des corps flottent sur le Yangtsé [Yangzi].[1]

Comme le titrait la revue L’Histoire de décembre 2007, c’est le premier massacre de la Seconde guerre mondiale.

Soldats de l’Armée rouge

REVISIONNISME

Pour des raisons idéologiques, l’Histoire, telle qu’elle a été réécrite en Occident, minimise ou néglige totalement deux réalités de la Seconde guerre mondiale : d’une part, la participation des armées chinoises (principalement celle de l’Armée rouge, les nationalistes se réfugiant dans l’attentisme) à la défaite du Japon ; d’autre part, le fait qu’un nombre considérable de Chinois - militaires et civils - ont été victimes de cette guerre : de 10 à 20 millions selon l’encyclopédie Wikipédia (http://en.wikipedia.org/wiki/World_War_II_casualties).

Lors des commémorations françaises marquant la fin de la Seconde guerre mondiale, il est devenu habituel de ne citer que les alliés occidentaux parmi les vainqueurs du conflit. Le rôle militaire de l’Union soviétique - qui a été bien plus décisif que celui des Etats-Unis - est à peine évoqué.

Quant à l’implication de la Chine et aux souffrances de son peuple, elles ne sont jamais mentionnées.

Jean-Pierre Dubois - blanqui.29@orange.fr

Source : http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/

[1] Le réalisateur chinois Lu Chuan a réalisé un film relatant le massacre de Nankin : City of Life & Death [Nanjing ! Nanjing !]. Sorti en France, en juillet 2010, dans seulement sept salles parisiennes, on attend encore que nos grands médias veuillent bien en rendre compte. Snobé par le festival de Cannes, ce film a reçu un excellent accueil des critiques et a été couronné au festival de Saint-Sébastien et au festival du cinéma asiatique de Deauville. Il est disponible en DVD édité par Seven7.

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Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, (…)
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