Colombie : « Israël » d’Amérique latine

Du 24 au 26 mai 2013, un forum pour la paix en Colombie se tiendra à Porto Alegre (Rio Grande do Sul) au Brésil. Peu avant sa participation à l’évènement, Maria Socorro Gomes, présidente du Conseil mondial de la Paix, a précisé la position de son organisation. Synthèse.

La Colombie est, en Amérique latine, le principal théâtre des opérations de l’impérialisme nord-américain. C’est là que les États-Unis ont leurs principales bases (de sept à dix) qui encerclent les pays voisins et leur permettent de se projeter en n’importe quel pays d’Amérique latine avec leur marine de guerre, leurs avions et leurs troupes. C’est de là également qu’ils surveillent l’Amazonie.

« La Colombie est pour notre continent ce qu’est Israël pour le Moyen-Orient. »

Depuis six décennies, la Colombie vit une guerre civile, une tragédie qui a coûté la vie à un demi-million de personnes et provoqué la disparition de plus de 4 millions d’autres.

Tout a commencé, à la fin des années 1940, lorsque l’opposition et les forces populaires ont entamé leur lutte pour garantir la démocratie, la justice et la souveraineté. C’est alors que le candidat progressiste Eliecer Gaitan, en position de gagner les élections présidentielles, a été assassiné, le 9 avril 1948.

« Nous avons la conviction que cet assassinat a bénéficié du concours de la CIA, du FBI et des forces oligarchiques colombiennes. »

Depuis, il est devenu impossible à l’opposition et aux forces progressistes de participer normalement à la vie électorale du pays et l’insurrection armée n’est qu’une conséquence de cette situation.

D’autres pays d’Amérique latine, qui ont également connu une résistance armée contre des dictatures, sont parvenus à trouver une issue au conflit. Ce n’est pas le cas de la Colombie car les gouvernements qui se sont succédés - tous au service des Etats-Unis - n’ont prétendu rétablir la paix qu’en ayant recours à l’élimination physique des opposants.

Le forum va permettre que les forces populaires du continent parlent d’une seule voix pour dire qu’elles appuient le processus de dialogue pour la paix et la justice sociale, pour la paix et la souveraineté de la Colombie.

Le 9 avril, une Marche patriotique pour la Paix et en défense de la Souveraineté a réuni plus d’un million de Colombiens tandis que des rencontres régionales cherchent à résoudre les conflits agraires et la question de la justice pour la terre.

Car, il y a une énorme pauvreté dans le pays résultant de l’accaparement des terres tant par les paramilitaires qui, par la force et l’assassinat, ont désapproprié des millions de paysans que par les grandes oligarchies terriennes et par des projets agro-industriels internationaux. C’est pourquoi, l’avancée du dialogue est très dépendante de la question de la réforme agraire.

Une autre question tout aussi importante est celle de la démocratie, du droit, pour ceux qui ont eu recours aux armes, à la sécurité des personnes et à la possibilité de s’impliquer dans la vie politique.

En 2014, il est prévu des élections en Colombie et Juan Manuel Santos (l’actuel président) a déjà montré sa volonté d’être réélu.

Dans ces conditions, les peuples du continent doivent être vigilants et solidaires des combattants colombiens afin de veiller à ce que les accords de paix générés à la table des négociations soient respectés.

Jean-Pierre Dubois

http://combatpourlapaix.hautetfort.com/

(Texte original : http://cebrapaz.org.br/site/component/content/article/42-rokstories/937-socorro-gomes-qpaz-na-colombia-e-essencial-para-a-humanidadeq.html)

COMMENTAIRES  

03/06/2013 00:42 par Bonjour

Le gouvernement colombien travaille pour livrer des terres aux personnes déplacées.

L’accord concernerait la distribution de terres, des programmes de développement, l’enseignement et la sécurité alimentaire. On parle de 3 millions ha pour 250.000 paysans ayant été déplacés. A priori ces points sont positifs.

Cependant, le gouvernement Santos parle déjà d’un "énorme financement". C’est inquiétant, car la Colombie risque d’alourdir sa dépendance par rapport à Washington ou en recourant aux marchés financiers.

Ma critique - apparemment, pas de trace d’accord concernant l’indépendance de la Colombie en matière de réglementation financière et commerciale. Comme conséquence possible, les paysans risquent à terme d’être obligés de revendre à nouveau leurs terres dans la concurrence avec l’agro-industrie US qui n’en fera qu’une bouchée.

L’alliance lobby agro-industriel local / USA et ou "investisseurs" internationaux ne semble rien céder.

Et l’accord de libre-échange US n’est pas remis en cause.

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