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EN-BAS : Nous appartenons au(x) peuple(s)-classe . Nous sommes d’en-bas !

Contribution lors de la Journée mondiale des indignés du 15 octobre 2011.

Le sentiment d’appartenance de classe subsiste chez "ceux d’en-bas" mais il est concurrencé par le sentiment d’appartenance à la nation, lui même multiforme fort chez certains et faible chez d’autres. Il est concurrencé aussi par d’autres sentiments d’appartenance allant de la famille à l’humanité. On constate donc une multi-appartenance des individus.

Le sentiment d’appartenance de classe se rattachait jadis à la classe ouvrière. Ce sentiment s’est affaibli pour de nombreuses raisons (1). Mais il s’est recomposé. L’appartenance sociale perdure mais sur un mode plus diffus lié à la montée de l’individualisme.

I - Eléments pour une constitution progressive d’un nouveau sentiment d’appartenance de classe.

A - Des luttes sociales ...

On peut avancer que la montée du néolibéralisme - qui prend naissance au début des années 1980 (généralisation des politiques de Reagan et Thatcher) poursuivie avec les libéralisations financières ( vers 1986 en France) a recrée un sentiment d’appartenance "social" ou de classe . On l’a nommé corporatisme lors du mouvement de grève de novembre et décembre 1995. C’est à cet époque que les élites se sont départagées entre deux courants, l’un réactionnaire derrière Notat et l’autre progressiste derrière Bourdieu. Ce dernier défendait les fonctionnaires de base, le salariat public d’exécution de catégorie C, B et même "A de base" face à une bourgeoisie privée et publique déjà bien soudée pour casser l’Etat social français.

C’est à partir de ces années que la notion mouvement soutenu par procuration est entrée dans le discours politique. Les travailleurs du privé soutiennent les grèves et les manifestations mais n’y participent guère. Cela se constate avec des déformations dans les élections.

B - ... aux votes à gauche.

Ce mouvement social a trouvé sa traduction politique dans les urnes en 1997 avec la nomination du gouvernement Jospin mais aussi plus tard en 2002 sous la forme de votes plus à gauche encore du fait de la montée de la critique de la "gauche plurielle" (1997 à 2002). Les élections du 21 avril 2002 ont montré qu’un vote critique de la "gauche gouvernementale" d’accompagnement social du capitalisme existait en France. On peut avancer sérieusement que ce vote a été réduit par la crainte du FN et l’appel au "vote utile".

Les crises qui ont surgit ces dernières années ont très probablement renforcé cette accusation du capitalisme. Même quand la critique porte contre des entités externes, notamment depuis le "non" au TCE le 29 mai 2005, en visant la "troïka" (FMI, BCE, Commission européenne) il s’agit encore largement d’une contestation de "gauche" du pouvoir de "ceux d’en-haut" (classe dominante ou oligarchie). Certes une ambiguïté est présente puisque le clivage national "eux / nous" se mélange à celui de classe "en-haut / en-bas". C’est d’ailleurs sur cette ambiguïté que se greffe la stratégie de certains courants de droite et surtout du FN. Cela oblige les partis de gauche non seulement à des clarifications dans le discours mais aussi à des politiques concrètes pour recréer du "social". Le départ de Jean-Luc Mélanchon du PS peut s’interpréter comme une prise de conscience de la nécessité d’un discours social et même socialiste. Le PS n’est plus socialiste depuis bien longtemps.

II - L’appartenance au peuple-classe est économico-politique.

L’appartenance au peuple-classe est lié au refus du néolibéralisme. Il est donc économique social et politiques. Il y a une volonté de se démarquer de la classe dominante qui nous frappe dessus public et privé, travailleurs salariés et travailleurs indépendants. Ce sentiment d’appartenance n’est pas lié au fait que le peuple "social" disposerait de vertus particulières. Le peuple-classe ne forme pas un groupe homogène et c’est pour cela que le sentiment d’appartenance est diffus. Il a souvent refus d’appartenir à un groupe plus fermé : de n’être par exemple que "fonctionnaire". C’est que les fonctionnaires sont subdivisés en prolétaires (C et B et une partie des A), petit-bourgeois (A+) et bourgeois (Hauts fonctionnaires au sommet de l’appareil) et que toutes ces années de lutte n’ont pas forgé la même conscience de classe.

Pauvres, prolétaires ou petit-bourgeois, nous résidons en France soit comme national soit comme résident venu d’ailleurs et durablement installé (mal parfois) sur ce territoire. Le fait de parler le français comme première ou seconde langue et d’apprécier (ou non) ce pays pour diverses raisons n’empêche nullement d’y voir ses défauts. Et le plus gros de ses défauts ne lui est pas propre.

A - Un refus radical de la bourgeoisie et de sa fraction "finance".

Ce pays dispose comme tous les autres d’une classe dominante arc-boutée sur ses privilèges et qui entend bien reproduire la puissance de sa domination sur le peuple-classe dont nous faisons parti. Cette domination se renforce et fait problème.

Ce pays dispose aussi d’un parti d’extrême-droite particulièrement habile pour exploiter le sentiment d’appartenance à la nation au profit de la bourgeoisie. Cela non plus n’est pas propre à la France. En quelques lignes on comprend que les différents peuples-classe ont quelques raison de se montrer solidaire au-delà des différences culturelles souvent très secondaires.

Cependant, il ne suffit pas de poser théoriquement le peuple-classe comme "l’autre de la bourgeoisie" ou pour par le refus de la domination de la classe dominante pour que naisse le sentiment d’appartenance au peuple-classe. C’est qu’au sein du peuple-classe on trouve des divisions multiples. Divisions qu’il faut combattre pour donner du poids au peuple-classe.

Il existe en effet d’autres formes de domination, d’exploitation et d’oppression qui peuvent parfois se faire sentir de façon tout aussi concrète. Le jour ou une femme se fait violer, elle oublie qu’elle a perdu son emploi ou qu’elle travaille cinq jours sur sept pour un petit salaire depuis trop longtemps. Le jour ou un arabe se fait refuser un logement ou un emploi à cause de la "couleur" de son nom, il oubli qu’il partage le sort de millions de travailleurs salariés prolétaires qui comme lui doivent "travailler plus" pour gagner un salaire constamment réduit à zéro en fin de mois.

Il n’en demeure pas moins que la domination du capital et surtout du capital financier est celle qui pèse sur le plus d’individus de toute couleur, de toute culture, de toute religion, de tout genre (hommes et femmes), de toutes les autres couches sociales du petit patronat aux travailleurs prolétaires et évidemment aux chômeurs et précaires. Et cela est un vecteur important pour valoriser, l’appartenance au peuple-classe. Quitte à mener d’autres combats. Ils sont nombreux fort divers. Mais la frontière ne doit pas être oubliée.

B - Comment s’exerce aujourd’hui cette domination bourgeoise et capitaliste ?

Elle passe par un grand détournement de flux monétaires et financiers vers le haut, vers la spéculation et les actionnaires. Ce détournement s’effectue au détriment de la sphère productive, celle qui fournit à la société des richesses marchandes et non marchandes. Le débat n’est pas ici productivisme ou non productivisme. Il n’est même pas encore à déterminer ce qui va aller aux salaires et au profit du capital non financier. Car les entreprises non cotées en bourse sont largement victimes de ce détournement de fonds vers la finance, vers les rentiers.

Le refus de la domination de la classe dominante passe donc, entre autres, par des propositions (2) visant à contrecarrer ce détournement afin de réorienter les flux monétaires - ponctionnés sur le travail salarié - vers le bas vers la production et pour une plus grosse part vers les salaires. Ces propositions existent. Elles sont variables. Tout cela se discute. Le problème est qu’il y a peu de discussion et peu de propositions mises en avant. Au sein des partis de gauche et des syndicats elles restent dans les programmes mais ne s’affichent pas dans les tracts. Bref elles ne sont guère popularisées.

C - Le champ politique des alliances de classes.

C’est là que l’on voit que dans le refus de la domination du capital il n’y a pas accord au sein du peuple-classe et des organisations qui peuvent prétendre le représenter sur la façon d’avancer. Certains acceptent d’atténuer la domination de la rendre supportable alors que d’autres la refusent radicalement. Les choses sont si complexes que même ceux qui critiquent radicalement cette domination ne sont pas d’accord sur la façon de procéder.

Le plus gros désaccord me semble passer aujourd’hui entre ceux qui mettent d’abord l’accent sur la casse de la "troïka" (FMI, BCE, Union européenne) et ceux qui militent contre un anti-capitalisme transversal ci comme ailleurs. Les premiers (me) paraissent défendre plus le peuple-classe que les autres qui sous prétexte de défendre la souveraineté populaire efface le peuple-classe mais aussi la classe dominante sous le peuple démocratique.

Il ne s’agit pas de dénigrer le démocratique qui a des vertus citoyennes à réhabiliter. Mais cela ne saurait se faire par oubli du social ou faire "comme si" le démocratique menait automatiquement vers le social. L’histoire nous a montré que le chemin inverse était possible. Ainsi tout l’effort politique du moment doit porter à l’émergence d’une subjectivité du peuple-classe. Car c’est lui qui supporte les attaques de la finance, des créanciers et de l’oligarchie. C’est la raison fondamentale. Et cette vérité n’a pas été contredite par quiconque.

D - Changer la démocratie pour tous en invoquant le peuple-classe.

C’est principalement dans "la rue" que se forme la subjectivité de lutte du peuple-classe. Elle se fait autour des couches salariées les plus mobilisées. La "rue" tend à donner un contenu de classe à la démocratie lorsque est venu son heure. Encore faut-il que cette démocratie dite représentative ne reproduise pas de façon récurrente une délégation de pouvoir à l’oligarchie financière. Il faut donc démocratiser la démocratie rabougrie existante. Des mesures doivent être prise par la gauche et les écologistes pour qu’un "saut qualitatif" soit enclenché dans cette dynamique.

Sans être exhaustif nous voulons :

 Un débat à grande échelle doit être mené autour de la question du "tirage au sort" comme complément de l’élection et du suffrage universel. Ce débat a eu lieu dans ATTAC entre Pierre KHALFA et les amis de Jean-Claude BEAUDURET.

 Le système d’élection des sénateurs par des élus et non par des citoyens est à abroger.

 La professionnalisation des élus est à combattre par une limitation des mandats verticaux et horizontaux. Il s’agit de combattre la constitution en caste des grands élus.

 La question des sursalaires des sénateurs comme des députés et ministres est à reconsidérer d’urgence. Ce n’est pas une affaire secondaire puisque notre oligarchie est de nature ploutocratique. Il ne s’agit pas pour autant de tordre le bâton dans l’autre sens en proposant le "salaire ouvrier" aux élus. Cela est aussi à débattre.

 Les dispositifs favorisant l’intervention citoyenne doivent être développés. On imagine mal un saut qualitatif appréciable en matière de démocratisation sans cela.

 Il convient aussi d’en finir avec la personnalisation excessive de l’élection présidentielle. La gauche ne devrait pas défendre ce type d’élection ni tout lui subordonner. Faut-il revenir pour autant à la réforme de 1962 ? Ce n’est pas certain. Faut-il suggérer d’autres pistes ? C’est probable.

 Ce qu’il faut enfin réhabiliter c’est le programme politique à diffuser et à mettre en débat et non la politique des "petites phrases" qui discrédite le système de compétition électorale.

E - Solidarité des peuples-classe.

Reste encore à favoriser la solidarité entre les peuples-classe et donc à élargir le champ ordinaire de la politique. Les oligarchies sont transnationales. Les bourgeoisies se "serrent les coudes" autour de leurs privilèges de classe autant qu’elles se combattent au plan économique.

Les peuples-classe doivent faire de même. Faire prévaloir la solidarité plus que la concurrence est essentiel. Les objets d’une telle solidarité ne manquent pas. Ils sont aussi bien sociaux qu’écologiques.

Christian DELARUE

1) Les ouvriers et la politique. 1962 -2002, quarante ans d’histoire - Entretien avec Guy Michelat et Michel Simon

http://a.dorna.free.fr/RevueNo5/Rub...

2) Il s’agit des propositions qui passent de la séparation des banques d’affaire et des banques de dépôts à celle des nationalisations de banques et de constitution d’un pole public bancaire ou de celle de mise des banques sous statut de coopérativ

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Georges Séguy. Résister, de Mauthausen à Mai 68.
Bernard GENSANE
Il n’a jamais été le chouchou des médias. Trop syndicaliste, trop communiste, trop intransigeant à leur goût. Et puis, on ne connaissait même pas l’adresse de son coiffeur ! Seulement, à sept ans, il participe à sa première grève pour obtenir la libération de son professeur qui a pris part aux manifestations antifascistes de Février 34. Huit ans plus tard, à l’âge de quinze ans, il rejoint les rangs de la Résistance comme agent de liaison. Lui et les siens organisent de nombreuses évasions (…)
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Ce qui nous fait avancer, ce sont nos sources. Ce sont des gens, sans doute, qui sont à l’intérieur de ces organisations, qui veulent du changement. Ce sont à la fois des figures héroïques qui prennent des risques bien plus grands que moi et qui poussent et montrent qu’ils veulent du changement d’une manière, en fait, extrêmement efficace.

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