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Le peuple-classe a besoin d’une force plurielle élargie.

Plus précisément, le peuple-classe a besoin d’une alternative rouge et verte et d’une force politique plurielle élargie.

Les analyses qui suivent ne sont sans doute pas totalement " bien informées " sur certains aspects. C’est que mon job militant se rapporte massivement à l’altermondialisme et l’antiracisme. Pour autant, j’ai " fréquenté " durablement la gauche politique pour exprimer un " désir de politique " . Il se peut même qu’une certaine distance permette précisément de pointer des manques cruciaux dans la période. Une certitude : Le peuple-classe a besoin d’une force politique plurielle forte pour initier de nouveaux rapports démocratiques et fonder un Etat social qui corresponde beaucoup plus à ses besoins, et ce dans une perspective écologique.

Bref retour nécessaire pour pointer une dynamique : Septembre 2007, nous étions, en France, dans les tous premiers mois de l’installation de la présidence de N Sarkozy et de sa contre-révolution libérale conservatrice. Il y avait aussi à gauche le souvenir cuisant de la division autour des candidatures des " trois B " à savoir "Bové, Buffet, Besancenot". Le spectre du repli sur soi des forces politiques "vraiment à gauche" remettait à l’ordre du jour la question du rassemblement et de la bonne méthode pour ce rassemblement.

I - Les difficultés du rassemblement à gauche d’une base rouge et verte.

A - Le cadre général alternance (rose) ou alternative (rouge) comme premier repère.

a) A propos d’une distinction.

Le périmètre général de ce rassemblement politique restait le seul élément stable dans la mesure ou le "de gauche" signifiait d’alternative et non d’alternance, ce qui excluait d’emblée le PS et les écologistes socialement modérés qui ne cessent de poursuivre une pente socialibérale depuis trente ans s’agissant du PS. Cette démarcation ne signifie pas refus de voir ce qui se décante au sein du PS comme courant de gauche. Mais au plan politique global le débat interne au PS continue de se focaliser majoritairement sur des grandes personnalités "recentrées", toutes obsédées par l’alternance, c’est à dire d’accompagnement social du capitalisme ; toutes incapables de proposer autre chose que ce qui a déjà été fait pendant 30 ans et qui a généré la situation actuelle du peuple-classe. Cela concerne un certain nombre d’écologistes strictement insérés dans une logique d’alternance et d’une " économie de marché ". On évoquera seulement ici le PS.

b) L’alternance du PS.

Au regard de la situation récente et notamment de la crise de l’été 2011, le PS pourrait défendre plus hardiment le peuple-classe contre la finance et même disputer cette défense à la droite qui ne défend plus les PME et qui entérine les attaques contre les couches modestes et moyennes. Or rien de sérieux n’est proposé par le PS pour contenir et réduire la finance et domestiquer les banques. Si les nationalisations n’y figurent pas au programme, ce qui est une absence très significative du projet, on y trouve quand même la séparation des banques de dépôt avec les banques d’affaire mais ce thème n’est pas popularisé. Il y a donc de forte chance qu’il reste dans les cartons bien loin d’une quelconque réalisation. Même la TTF n’est pas solidement défendue. Quand aux travailleurs qui espèrent plus de salaires pour les prolétaires (ceux à moins de 3000 euros net par mois) et plus de RTT on ne voit ni la RTT à 30 heures hebdomadaires, ni l’échelle mobile des salaires.

c) Les écologistes ou le refus de distinguer alternance et alternative.

Au sein des écologistes, la dynamique qui prévaut est au rassemblement large qui casse la distinction alternance-alternative pour rassembler tous les écologistes soit l’écologie socialibérale avec une écologie sociale et même une écologie socialiste. La dynamique globale est d’alternance pas d’alternative. Il existe bien cependant un projet de fond mais il est précisément dépourvu d’un marquage clair à gauche comme plusieurs auteurs l’ont remarqué. De ce fait c’est la dynamique électoraliste qui prévaut avec un rapprochement avec le PS. Cependant ce rapprochement n’est pas conçu "à froid" mais en fonction d’un rapport de force mesuré sur le terrain électoral.

B - Gauche d’alternative mais laquelle ?

Pour le reste de la gauche, le terme de gauche, y compris parfois avec la précision de gauche d’alternative, est régulièrement réfuté - la "gôche"- par de nombreux partis qui se réclament de façon diverse du marxisme certains sont à orientation communiste-autogestionnaire, d’autres pour une alternative socialiste démocratique, d’autres sont plus écologistes, d’autres moins notamment par rapport au nucléaire. Mais les mêmes ne peuvent que constater régulièrement une incapacité politique au rassemblement au sein d’une organisation plurielle de masse. Les impasses du sectarisme politique restent extrêmement pesantes.

Un des masques à ce sectarisme est à gauche l’ouverture aux mouvements de grève et de manifestations. Il y a effectivement une gauche qui s’appuie plus sur la "rue" que sur les "urnes". Soit. Mais une telle ouverture au social revendicatif cache mal parfois un sectarisme politique néfaste. En France de nombreux petits partis politiques sont "naturellement" actifs dans les luttes sociales mais incapables du moindre rassemblement politique. Regardez outre le PCF et la LCR (devenu NPA) des groupes comme le POI ou LO plus les groupes se réclamant de l’anarchisme.

Le parti politique apparaît comme un producteur naturel de sectarisme politique si des correctifs n’apparaissent pas. Le sectarisme n’est pas une fatalité. Par chance, certains partis politiques sont explicitement construits pour travailler au rassemblement. Regardez la Gauche unitaire. Autrement dit dans le paysage politique français il y a besoin d’un appareil politique spécialisé pour oeuvrer à la convergence des appareils politiques ! Il ne suffit pas d’invoquer le nécessaire ancrage sur les luttes sociales pour offrir le débouché politique tout aussi nécessaire. La raison tient au fait que d’une part les luttes sociales ne sont pas permanentes mais espacées et que d’autre part la signification des luttes n’est pas univoque.

Le parti comme producteur naturel de sectarisme politique, cela semble valoir tout autant pour les partis à dominante "machine électorale" - rose ou verte - autour d’un ou plusieurs élus que pour les partis beaucoup plus programmatiques. Malgré ce défaut, on imagine mal l’exercice de la démocratie hors de la confrontation des projets et programmes politiques et donc des organisations qui les portent. Ce qui apparaît en politique comme dans le syndicalisme c’est la "clause de convergence" : l’unité fait parti des revendications sociales et politiques.

Or la tendance lourde des partis est à la crispation sur la "carte d’identité" politique. Et il y a une bonne raison à cela : tous les programmes politiques ne sont pas mutuellement compatibles à gauche de la gauche. Et même, au sein d’un même parti on trouve déjà une matrice commune et plusieurs déclinaisons différentielles. Le goût excessif de la différenciation tue l’unité des dominés. L’unité réclame toujours un effort pour d’abandonner l’accessoire pour rester intransigeant sur l’essentiel. Et cette détermination de l’essentiel ne va pas de soi. Elle passe par le débat démocratique. La volonté d’unification doit partir du réel et non d’une vision fantasmée et idéaliste du rassemblement.

II - La dynamique de construction du Front de gauche se poursuit .

L’examen du passé récent permet d’espérer (un peu) de l’avenir.

A) La dynamique passée.

1) Au sein du PCF depuis l’appel dit Ramuleau de l’été 2003, un courant politique appelle tout à la fois au décolage du PCF de l’ornière socialibérale mais aussi de l’aventure en solitaire du PCF et donc à l’ouverture aux autres forces de gauche. Le PCF depuis des années se caractérisait principalement par la combinaison d’un opportunisme à droite vers le PS et d’un sectarisme agressif à l’encontre des forces anticapitalistes. Plus marginalement, il existe aussi en son sein un groupe qui défend le "PCF seul" tout à la fois contre le PS mais aussi contre les autres forces politiques marxistes à la gauche du PS. Ce groupe très en défense du communisme dans les congrès se fait silencieux en période électorale. Depuis le programme commun de la gauche de 1972 il est contraint d’avaler la couleuvre des alliances avec le PS et 35 ans de trahison de la gauche de gouvernement.

2) Au sein du PS il existe aussi un courant de gauche qui en appelle régulièrement à l’unité des gauches sur une base sociale de gauche et pour un véritable socialisme. Mais avant le départ de Jean-Luc Mélanchon du PS le parcours de cette tendance a toujours été de rejoindre les grandes têtes de courants qui toutes au-delà de leurs différences optent pour le recentrage et l’accompagnement du capitalisme. Il n’y a plus guère qu’un Arnaud Montebourg pour offrir une carte de gauche mais sur un volet anti-mondialisation qui est loin de faire l’unanimité à gauche.

3) Au sein de la LCR, il y a 4 ans dans le bulletin UNIR de la tendance "100% à gauche" de la LCR animée par Christian PICQUET ce dernier appelait à "Refonder une gauche de gauche" et "Construire un nouveau parti pour le socialisme". En janvier 2011 fut officialisé par un congrès de fondation la GU, soit la Gauche unitaire qui existait déjà depuis plusieurs mois, depuis la scission de ce courant UNIR du tout nouveau NPA. Politiquement, les bases de cet appel de septembre 2007 reposait négativement sur une double faillite celle d’une gauche d’accompagnement social du libéralisme et celle d’une gauche radicale incapable de porter une alternative sociale et démocratique.

Avec cet appel il s’agissait de rassembler dans la pluralité des parcours les antilibéraux et les anticapitalistes au sein d’une force nouvelle qui "inscrirait son action dans la perspective d’un socialisme rénové et démocratique" et qui "illustrerait sa vision du changement social par un ancrage sans cesse renouvelé dans les mobilisations populaires, refuserait toute subordination de sa politique aux contraintes de la participation aux institutions.

B) La dynamique se poursuit et doit se poursuivre

La crise du NPA peut déboucher sur une prise de conscience. On sait que le dernier congrès du NPA a débouché sur une grave scission interne et qu’une fraction s’est montrée disponible pour le rassemblement . Le reste du NPA va-t-il se replier sur un repli politique et se marginaliser ? Le rassemblement politique a besoin de toute la gauche critique celle déterminée à inverser le cours des choses pour l’immense majorité de la population. Les disputes sur le vote du second tour apparaissent stériles. Supputer des alliances permanentes et structurelles avec le PS relève du procès d’intention et empêche la réalisation du bloc politique efficace.

Le fait que la FASE ait rejoint le Front de gauche est une initiative qui réconforte les partisans de l’élargissement. On ne saurait se résoudre à clore le cadre politique du Front de gauche autour du PCF, du PG et de la GU.

Il semble par contre improbable que les autres forces d’extrême-gauche - POI ou LO - qui sont resté durablement dans une logique d’affirmation identitaire hyper-minoritaire puissent rejoindre un jour le Front de gauche. Néanmoins, la dynamique de rassemblement se poursuit.

Christian DELARUE
Altermondialiste

source blog médiapart
http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/150911/le-peuple-clas...

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