Les stratégies employées varient en fonction du niveau de conscience sociale des participants. Il suffit de jeter un coup d’œil.
A ma droite, un mouvement qui s’oppose aux législations, réclame la levée de toutes les restrictions qui s’imposent à un capitalisme productiviste débridé, favorise l’entreprenariat et l’investissement, divise les travailleurs entre « natifs » et « étrangers », et adhère totalement à la construction européenne, dont elle ne réclame qu’une modification de la PAC pour qu’elle soit plus avantageuse. En bref, une stratégie qui vise à intensifier les méthodes capitalistes sans jamais pointer du doigt les inégalités de richesse et l’exploitation des petits paysans par les grands groupes : c’est la collaboration de classe, prônée par l’extrême droite.
A ma gauche, un mouvement qui propose d’organiser les volumes de production de manière à ce que tous les paysans puissent travailler assez sans travailler trop, de repenser la production pour qu’elle soit plus respectueuse des sols, de la biodiversité, de la santé, de la qualité, qui dénonce clairement les grands groupes productivistes qui s’accaparent toutes les richesses de la production, et s’oppose au libre-échange de l’Union Européenne pour promouvoir une autonomie alimentaire nationale : c’est la lutte des classes, prônée par la gauche (enfin, en général).
Vous l’avez bien compris, je veux parler de la Coordination Rurale et de la Confédération Paysanne.
Comparons les méthodes
Les militants de la première se sont récemment fait remarquer, samedi dernier, pour avoir interpellé fermement notre cher « Président » de la « République » (geste très intelligent) en hurlant « on est chez nous ! » (geste beaucoup moins intelligent). Ce type de positionnement a été observé à de nombreuses reprises, notamment lors d’un double assassinat d’inspecteurs du travail (!) en 2004, par un agriculteur accusé d’exploiter des travailleurs migrants saisonniers sous-payés et sans égard pour leurs droits en tant que travailleurs. La Coordination Rurale demande alors « non à “l’Inquisition” » et certains militants assument : « En Espagne, les paysans ont droit à des immigrés à deux ou trois euros de l’heure ». Et alors qu’on en est encore à comprendre la gravité de ce qui vient d’être dit, le Coordinateur poursuit : « alors ici il faut arrêter de nous gonfler avec le Smic ». Au moins, c’est clair.
Les militants de la seconde, mercredi dernier, sont allés à 200 au siège social à Laval du géant Lactalis, premier groupe laitier mondial qui a engendré un chiffre d’affaires de 28 milliards d’euros en 2022 (tout cela, on le rappelle, est le fruit du travail des employés, pas des actionnaires qui ramassent le pactole), pour leur demander des rémunérations décentes pour les travailleurs qui se tuent à la tâche. Les actionnaires ont courageusement décidé de se cacher dans leurs bureaux, de refuser de recevoir qui que ce soit ou de fixer un rendez-vous pour quoi que ce soit. Alors, les 200 militants ont décidé d’occuper le siège pendant plus de 7h. Il s’agit de montrer à ces exploiteurs, qui utilisent leur taille pour imposer leurs lois, leurs prix, leurs marges (de 20 centimes payés aux producteurs à 1€ au supermarché, on ne va pas me faire croire que c’est la brique en carton qui fait la différence !), qu’il est fini le temps où ils pouvaient voler impunément les travailleurs, que ceux-ci s’organisent et se préparent à rendre coup pour coup. Il n’est pas normal que ceux qui nourrissent la France, et qui sont les plus nombreux, soient sous la coupe de quelques costard-cravates qui ne nourrissent personne, et il est temps de leur faire comprendre.
Nous ne sommes pas ici pour dicter à chacun ce qu’il doit dire ou faire. Mais de notre côté, à la Jeunesse pour la Renaissance Communiste en France, notre position est claire, et elle se résume en 4 points :
– Sortie de l’euro
– Sortie de l’Union Européenne
– Sortie de l’OTAN
– Sortie du capitalisme
Pour ce programme, il est vital que les ouvriers et les paysans s’unissent, pour que nous combattions tous ensemble, dans le même sens, et en même temps !