En voyant "l’accord" qui a été conclu pour résoudre "la crise du plafond de la dette," je me suis dit que je devais reprendre le titre que j’avais utilisé il y a quelques années (*). Par "accord", je fais référence bien sûr à l’extraordinaire "comité spécial" ou "super Congrès" que cet accord prétend instituer. C’est un politburo qui n’aura de compte à rendre à personne et qui pourra court-circuiter tous les procédures démocratiques (et républicaines) normales, décider des coupes budgétaires et présenter de lois de réduction d’impôts qui ne pourront pas être discutées, ni amendées mais seulement approuvées ou rejetées par le reste des sénateurs et des élus réduits à l’impuissance.
Ce n’est pas tout. Si le politburo -composé de membres triés sur le volet et en nombre égal des deux gangs de voleurs et de lâches qui règnent sur la colline du Capitole- ne réussissent pas à s’entendre sur la quantité de coupes budgétaires et sur les réductions d’impôts pour les riches, eh bien alors cela déclenchera une série de "dispositifs" qui se mettront automatiquement à couper, trancher et sectionner sans le moindre vote des représentants élus démocratiquement. Et il est certainement superflu que je précise que ces "super pouvoirs" qui n’ont de compte à rendre à personne seront vite étendus à d’autres domaines de la législation que le budget et les impôts.
Derrière toute la poudre aux yeux de cette "crise" fabriquée de toutes pièces, nous assistons à la création d’une nouvelle forme de gouvernement -ou plutôt à une autre étape de la création de la nouvelle forme de gouvernement vers laquelle les USA évoluent depuis longtemps. Nous l’avons appelée "une oligarchie néo-féodale soutenue par un état policier militaire" dans nos colonnes dernièrement. Il y a sûrement beaucoup d’autres manières de décrire la monstruosité meurtrière, vorace et inégalitaire qu’est ce système. Mais en tous cas on ne peut pas lui donner le nom de "république".
Comme je l’ai écrit sous le même titre en février 2008 :
"Je ne sais pas ce qui va arriver ensuite. Je ne sais pas si les USA pourront sortir du puits horrible de l’impérialisme et de la tyrannie dans les prochaines décades pour se raccrocher à de nouveaux principes démocratiques — ou s’ils vont juste continuer à s’enfoncer, à se déchaîner, à pourrir, à se transformer encore plus en un état adonné à la guerre et à la torture et obligé de se nourrir constamment de chair fraîche pour survivre. Bien sûr j’espère que c’est la première des deux choses qui arrivera —et je ferai tout ce que je peux pour qu’il en soit ainsi— mais honnêtement je ne crois pas que cela se produira de mon vivant. Quoiqu’il en soit, une chose est certaine désormais : la république constitutionnelle des Etats-Unis est lettre morte, une relique historique.
Et rien de ce qui arrivera en novembre —quand un potentat impérial ou l’autre s’installera au sommet du mat de cocagne — ne changera quoi que ce soit. Le Chemin de la Liberté est long —et nous n’avons même pas encore commencé à marcher dans cette direction. Nous avons des kilomètres de jungle à traverser".
Comme vous pouvez vous en rendre compte j’étais encore un incurable optimiste en ces temps heureux. Aujourd’hui je ne peux plus dire que "nous n’avons même pas encore commencé" à sortir de notre folie ; au contraire nous nous y enfonçons à la vitesse de la lumière.
Chris Floyd, Empire burlesque, dimanche 31 juillet
Pour consulter l’original : http://www.chris-floyd.com/component/content/article/1-latest-news/2154-if-the-republic-had-not-died-a-long-time-ago-this-would-indeed-be-the-death-of-the-republic-reprise.html
Traduction : Dominique Muselet pour LGS
Note :
(*) http://www.chris-floyd.com/component/content/article/3/1432-if-the-republic-had-not-died-a-long-time-ago.html