Les électeurs italiens ont donc infligé un sévère camouflet à leur gouvernement, à la classe politique en général et aux médias dominants. C’est beaucoup en une seule fois et ça mérite quelques commentaires.
· Le gouvernement ne voulait pas de ce référendum à 4 questions et a tout fait pour qu’il échoue c’est-à -dire que pour la barre de 50 % des inscrits ne soit pas franchie. Il a appelé à l’abstention et Berlusconi lui-même s’est ostensiblement montré en Sardaigne loin de chez lui le jour du vote comme l’abstentionniste de premier rang
· La classe politique italienne subit un désaveu puisque 4 lois votées par la représentation parlementaire sur proposition de l’exécutif sont abrogées. Le peuple s’est, à la majorité absolue du corps électoral (taux de participation supérieur à 57 % et pourcentage de OUI supérieur à 94%), prononcé pour l’abrogation décidant ainsi souverainement de défaire ce que les pouvoirs exécutif et législatif avaient fait. Eclatante démonstration de la capacité du souverain : le peuple, à désavouer la représentation politique telle qu’elle est mise en oeuvre par la Constitution italienne. On se prend à rêver de l’interruption brutale de la diarrhée législative de l’actuelle République française que pourrait permettre pareille disposition dans la constitution de notre pays où la crise de la représentation politique est ouverte bien qu’encore minimisée par les pouvoirs installés.
· Les médias dominants : La RAI et les chaines BERLUSCONI n’ont pas fait campagne pour le oui et de ce point de vue la RAI, organisme public, n’a pas rempli les obligations de son cahier des charges. La campagne pour le oui a reposé entièrement sur des groupes de base de toutes tendances et sur des médias alternatifs.
· Il n’y a pas eu d’effet FUKUSHIMA (effet de panique) ni d’effet MERKEL (exemple de l’Allemagne renonçant au nucléaire) en ce sens que le refus du nucléaire, c’st à dire l’abrogation des articles de loi permettant de recourir à cette énergie, ne s’est pas située à un niveau plus élevé que l’abrogation des trois autres textes.
· Les trois autres textes concernaient l’un la possibilité pour les membres du gouvernement à ne pas se rendre aux convocations de la justice « en raison de leur emploi du temps surchargé », les deux autres le statut de l’eau comme bien public.
· Le premier texte abrogé par le référendum permettait la privatisation des services de l’eau. Désormais donc le service de l’eau en Italie ne peut qu’être un service public. Avis à nos multinationales françaises de l’eau : VEOLIA et LYONNAISE DES EAUX (groupe SUEZ). Ceci est un vigoureux encouragement au mouvement existant en France pour desserrer l’étreinte de ces deux entreprises si bien introduites dans nos mairies.
· Le second texte abrogé garantissait aux vendeurs d’eau privés un bénéfice minimum incompressible donc une rémunération garantie du Capital évidemment bien supérieure à la rémunération des comptes d’épargne des simples particuliers : 8% !
Cette garantie de bénéfice supprimée il reste une définition du service public de l’eau valable d’ailleurs comme pour tout autre service public : un service public doit couvrir ses frais d’exploitation, ses frais d’entretien et de renouvellement de ses installations, un point c’est tout. Il n’a pas à rémunérer en plus des actionnaires qui peuvent être des fonds de pension exigeant des 15%, voire plus, de rendement annuel de leur capital !
· Enfin l’abrogation de ce texte s’avère être l’abrogation du texte d’une directive de l’Union Européenne introduite dans la législation italienne par un vote du Parlement.
Donc les électeurs italiens en utilisant les ressources de leur constitution viennent de faire un gigantesque pied de nez à cette Union qui se permet de détruire progressivement dans les législations nationales tout ce qui fait obstacle à son orientation jamais démentie, traité après traité, en faveur du Capital transnational dérégulé. De ce point de vue le vote italien est aussi important que le vote français de 2005 contre le traité constitutionnel européen. La victoire des italiens est donc la nôtre et nous devrons tout faire pour les aider à la défendre et à éviter qu’elle leur soit volée comme elle l’a été ici.
COMAGUER
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