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Sur deux ménisques et Jean Degros

Au début des années soixante-dix, plusieurs sociologues ont développé la thèse selon laquelle il y avait quelque chose d’intrinsèquement fasciste dans le sport de compétition. On sait l’utilisation que les pays totalitaires ont fait du sport. Mais l’on sait également que les fondateurs du sport de compétition en pays capitaliste furent, le plus souvent, des gens de droite ou d’extrême droite.

Pensons au baron Pierre de Coubertin qui modernisa les Jeux Olympiques, à Henri Desgranges, l’inventeur du Tour de France, au Marquis de Queensberry qui codifia les règles de la boxe. Cela n’empêcha pas cet aristocrate très irascible, pas du tout "fair-play" à titre personnel, de collectionner les prostituées de luxe, mais surtout d’avoir deux fils homosexuels, l’un étant l’amant du grand écrivain Oscar Wilde. Par la faute de ce gandin et de son père culotte de peau, l’auteur du Portrait de Dorian Gray et du Prince heureux et autres contes qui égaya mon enfance, sera condamné aux travaux forcés alors qu’il n’avait peut-être jamais essuyé une tasse à café. Il ne s’en remettra pas. Il mourra à 46 ans, malade, dans la misère et la solitude.

Je connais peu l’univers du sport de compétition. Je ne sais s’il est d’essence fasciste, mais j’observe à l’oeil nu que son contexte physique est de plus en plus pesant, carcéral. Un seul exemple : je fréquente régulièrement la piscine municipale Nakache de Toulouse (http://www.legrandsoir.info/Daniel-Baud-Alfred-Nakache-le-nageur-d-Aus...). Cette piscine est située à deux pas du Stadium, où l’équipe de football du TFC et, naturellement, celle de rugby se produisent régulièrement. Entre la piscine et le stade, on trouve de multiples aires de jeux (football, athlétisme). A côté de Nakache, un bassin olympique où s’entraîne une partie de la fine fleur de la natation française. Tous ces espaces sont clos par des grillages en dur, des portes fortement cadenassées, des murs infranchissables. Tous les dix mètres, un panneau "Interdiction de ..." Et je ne parle pas des caméras de surveillance. Derrière cela, il y a beaucoup d’argent. Ce casernement a été précédé d’appels d’offres extrêmement juteux. Il dut y avoir des luttes féroces chez les fournisseurs d’autant qu’on retrouve ce type d’équipement, à l’identique, dans de nombreuses villes françaises. Dans quelle mesure la "concurrence libre et non faussée" a-t-elle prévalu ?

Lorsque j’étais gosse, j’avais comme copain de lycée, à Douai, Jean Degros, le meilleur basketteur français de l’époque, capitaine de l’équipe de France. J’ai souvenir d’une raclée que notre lycée avait infligée au lycée d’Arras ; "nous" avions gagné par 221 à 25. Jean Degros avait passé 106 points. Avec lui, je jouais au foot, dans la cour du lycée, ou au volley-ball, sur la plage de Stella.

Degros fut le capitaine de l’équipe de France de basket à la fin des années cinquante et au début des années soixante. Je ne suis pas sûr qu’un seul basketteur français ait joué aussi bien que lui depuis. Quand je l’ai connu, son statut était celui d’amateur à 100%. Je crois me souvenir que la Fédération lui fournissait un survêtement par an et deux paires de baskets, ce qu’on appelle des "converses" aujourd’hui.

Un couple d’amis a un garçon ado qui joue au basket-ball comme il respire, depuis l’âge de 5 ans. Il est vraiment brillant. Il évolue en scolaire et en civil. Il a été sélectionné à plusieurs reprises dans l’équipe de sa région.

Récemment, ses entraîneurs le convoquent avec ses parents à qui ils tiennent à peu près ce langage : « Votre fils est au bord de l’équipe de France cadet. Il est tout à fait au niveau, mais a un léger problème : une réelle faiblesse dans les ménisques. Pour que sa carrière se poursuive, il faudrait opérer et remplacer les deux ménisques naturels par deux ménisques artificiels. Pas d’inquiétude, c’est comme pour la cataracte : on change un ménisque, puis l’autre.

" Oui, oui, dis le gosse, je veux me faire opérer !

Effarés, les parents se lèvent, emmènent leur champion et disent aux entraîneurs de ne plus jamais tenter de les contacter.

Je n’ai jamais revu Degros. On me dit qu’il est très perturbé par la tournure prise par le sport professionnel en général, le basket en particulier.

Pour le foot, on pourra lire ce petit récit :

http://bernard-gensane.over-blog.com/article-le-football-professionnel...

http://bernard-gensane.over-blog.com/

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