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LA RESISTANCE IRANIENNE DANS LA TOURMENTE AU PERIL DE NOS INGERENCES HUMANITAIRES

Au sujet de l’Iran, nos médias ne nous disent que la face , parfois outrancièrement diabolisée, d’un dictateur incontestable ; mais omettent de nous faire connaître la nature , l’étendue et les aspirations démocratiques d’une des résistances les plus vivantes et les plus organisées qui existe au Moyen orient.

Cet "oubli’ n’en est pas un ; il permet d’accréditer par avance l’idée que le peuple iranien ne saurait demain se "libérer’ lui-même sans l’intervention, nécessairement altruiste et généreuse et désintéressée des bons apôtres de l’axe du bien .

Il nous appartient de mieux connaître ce que l’on nous cache pour ne pas être demain "embedded’ comme le sont les journalistes caniches des troupes d’occupation dont la mission est d"organiser l’aveuglement collectif qui dissimule les crimes d’hier pour préparer ceux de demain.

Alors :

Oui il existe un drame actuellement à Achraf en Irak dans les camps de réfugiés iraniens, dont j’ai fourni quelques données (1) Le sort d’Achraf n’est pas encore réglé ; mais le mouvement des Moudjahiddines du peuple, pour avoir un passé de résistance prestigieux et payé déjà le prix fort, même politiquement "minoritaire’ au sein de Front et du CNRI reste le mouvement un temps armé et désormais exilé le plus prestigieux et le plus respecté par les progressistes Iraniens, socialistes ou pas.

Et aussi et surtout :

1- Oui il existe un Conseil National de la Résistance Iranienne, le CNRI

2- Oui ses objectifs sont connus- Oui sa présidence assumée et respectable

3- Oui un "front’ est déjà constitué

4- Oui ce front a un "programme’

5- Oui l’ONU est interpellé et semble ignorer les attentes du peuple iranien en résistance

6- Oui la position du CNRI s’oppose à la menace d’ingérence humanitaire

7- OUI la Paix est menacée dans cette partie du monde par le bellicisme occidental qui ignore la volonté et la capacité des peuples à vouloir et pouvoir disposer d’eux-mêmes.

1- LE CONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE IRANIENNE

La résistance Iranienne au régime des Mollahs a payé le prix fort dans son histoire pour s’être opposée à la théocratie et à la dictature qui l’accompagne.

Elle possède un site qui est aussi un "Portail des luttes’ en langue Française (2)

Au lendemain de l’attaque contre le camp de réfugiés en Irak d’Achraf le site informe au quotidien de la situation et transmet des vidéos des évènements (3)

D’autres vidéo que celles visibles sur ce site sont disponibles (4)

Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) est une large coalition d’organisations, de groupes et de personnalités démocratiques iraniens. Il a été fondé en 1981 à Téhéran à l’initiative de Massoud Radjavi, le dirigeant de la Résistance iranienne (2). Son parlement en exil compte 540 membres, à voix égales, les décisions étant adoptées à une majorité simple. Le parlement comporte notamment les représentants des minorités ethniques et religieuses comme les Kurdes, les Baloutches, les Arméniens, les Juifs et les Zoroastriens. Il représente un vaste éventail des tendances politiques en Iran.

2- SON OBJECTIF ET SA PRESIDENCE Mme MARYAM RADJAVI :

Parlement en exil, le CNRI a pour objectif l’instauration d’un gouvernement démocratique, laïque et de coalition en Iran. Les femmes forment 52% des membres du Conseil.

Cinq organisations sont aussi membres du CNRI, dont les Modjahedines du peuple d’Iran, le groupe de résistance le plus grand et le plus populaire à l’intérieur de l’Iran.

Mme Maryam Radjavi a été en août 1993 élue à l’unanimité présidente de la République pour la période de transition. Son mandat consiste à superviser le transfert pacifique du pouvoir au peuple iranien après le renversement du régime. Mme Radjavi est née en 1953 à Téhéran. Elle est ingénieur en métallurgie. Le chah a exécuté l’une de ses soeurs et le régime de Khomeiny en a assassiné une autre qui était enceinte. Mme Radjavi était une des dirigeantes du mouvement étudiant opposé au chah dans les années 1970. C’est dans un meeting de 15.000 Iraniens à Dortmund en Allemagne et devant des dizaines de milliers d’autres dans le monde via des retransmissions satellites, le 16 juin 1995, que Mme Radjavi a annoncé sa "Charte des Libertés fondamentales pour l’Iran de demain". En juin 1996, Mme Radjavi s’adressait à 25.000 Iraniens rassemblés à Earls Court à Londres.

3- UN FRONT DE SOLIDARITE EXEMPLAIRE :

Son objectif est clairement le renversement de la dictature religieuse en Iran. Son plan a été adopté dans une session plénière de deux jours en novembre 2002, pour former le "Front de solidarité national pour le renversement de la dictature religieuse en Iran". Le front rassemblera tous les Iraniens et "républicains" qui "font campagne pour un régime démocratique, indépendant et séculaire". Mme Maryam Radjavi a dit du Front qu’il "reflète les désirs démocratiques les plus profonds du peuple iranien, au-delà des idéologies, convictions, religions et ethnies qui transcendent tous les intérêts politiques et partisans".

4- SON PROGRAMME :

Droits de l’homme :Le CNRI adhère à la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux conventions qui s’y rapportent dont "la liberté d’association, la liberté de pensée et d’expression, des media, des partis politiques, des syndicats, des conseils, de cultes, la liberté de profession, et la prévention de toute violation des droits et des libertés individuelles et sociales."

Les femmes :Le CNRI reconnaît "le droit des femmes à élire et être élues dans tous les scrutins et le droit de vote dans tous les référendums", "le droit à l’emploi et au libre choix de la profession et le droit d’occuper n’importe quelle fonction dans n’importe quelle profession publique ou gouvernementale, y compris la présidence de la République et dans la magistrature", "le droit de choisir librement ses vêtements" et le droit d’utiliser, sans discrimination aucune, l’ensemble des ressources éducatives, sportives, artistiques et de formation, ainsi que le droit de participer à toutes les compétitions sportives et activités artistiques."

L’économie :Le Conseil accepte le capitalisme national et le bazar, ainsi que la propriété et les investissements privés et personnels. Il souligne la nécessité d’utiliser les dernières découvertes scientifiques et techniques et considère les relations avec les pays industriels nécessaires à la reconstruction de l’économie iranienne.

La liberté de culte :Le CNRI croit dans la séparation de la religion et de l’Etat. Conformément à ses plans, "toute forme de discrimination contre les adeptes des religions et cultes divers dans la jouissance de leurs droits individuels et sociaux sont interdites. Aucun citoyen ne bénéficiera de privilèges ou ne sera soumis à une privation pour sa candidature à une élection dans un suffrage, pour un emploi, dans l’enseignement, pour devenir juge ou pour tout autre droit individuel et social pour des raisons de croyance ou non-croyance dans une religion ou un culte particulier".

Les minorités nationales :Le CNRI reconnaît les droits de toutes les minorités ethniques et nationales. Il a adopté un plan pour l’autonomie du Kurdistan iranien, spécifiant que "l’administration de toutes les affaires de la région autonome du Kurdistan", excepté celles concernant les affaires étrangères, la défense nationale, la sécurité nationale, le commerce extérieur et les douanes "tombaient sous le coup de l’autorité des organes autonomes".

Les relations internationales:La politique étrangère du Conseil est basée sur l’indépendance, le respect de la Charte des Nations Unies, des conventions et des traités internationaux, le bon voisinage, la coopération régionale et internationale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. Le CNRI soutient le processus de paix au Moyen-Orient et s’engage à maintenir et à protéger la paix et la tranquillité dans la région et condamne toute agression et expansionnisme. Le Conseil s’oppose à la prolifération nucléaire et à la production d’armes de destruction massive et des missiles balistiques.

Cette posture laïque démocratique et indépendante est résumée par la présidente dans un communiqué du 19 février 2011 (5). Sa posture n’est pas "socialiste’ et le point "8’ de cette déclaration précise « 8. Nous reconnaissons la propriété privée, les investissements privés et l’économie de marché. » . Cependant dans sa charte le Conseil « Soutient le processus de paix au Moyen-Orient et s’engage à maintenir et à protéger la paix et la tranquillité dans la région et condamne toute agression et expansionnisme. Le Conseil s’oppose à la prolifération nucléaire et à la production d’armes de destruction massive et des missiles balistiques. »

5- L’ONU INTERPELLE PAR UN CONDAMNE A MORT QUI SOUTENAIT ACHRAF :

Peu avant d’être exécuté le 24 janvier 2011 en Iran, le prisonnier politique Mohammad Hadj Agha’i a écrit à Ban-Ki-Moon, secrétaire général (6), pour lui demander « d’être notre voix et de transmettre notre message au monde » Et : « l’espoir d’un monde rempli de liberté, de justice et de sécurité ». Arrêté durant les manifestations de décembre 2009 à Téhéran, cet homme qui avait déjà souffert la prison et la torture dans les années 1980 « pour avoir le droit de protester et de critiquer », a été condamné à mort pour être allé à Achraf, en Irak, bastion de la résistance aux mollahs. Dans sa lettre bouleversante, à la veille de sa pendaison, il dit au secrétaire général de l’ONU : « Je vous écris pour un peuple qui subit l’injustice. J’espère que ma mort apportera au peuple iranien la vie, que mon emprisonnement lui apportera la liberté, que l’injustice qui me frappe lui apportera la justice et que l’insécurité de ma famille lui apportera la sécurité. »…
Une pétition est initiée pour la libération des prisonniers politiques et la protection du camp d’Achraf : « Nous, signataires, demandons à Ban Ki-Moon et à Navy Pillay, Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, d’agir de toute urgence pour envoyer en Iran le rapporteur des droits de l’homme désigné par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, afin de sauver la vie des prisonniers politiques. Nous leur demandons également une intervention urgente pour assurer la protection du camp d’Achraf qui abrite 3400 « personnes protégées » par la 4e convention de Genève, dont un millier de femmes. Il s’agit d’une zone civile et désarmée, soumise à un blocus inhumain, notamment sur le plan médical, à la demande de Téhéran. Le camp vient d’être occupé par des colonnes de blindés irakiens, toujours à la demande de Téhéran, en vue de préparer un massacre de ses résidents, membre de l’opposition démocratique iranienne, l’organisation des Moudjahidin du peuple d’Iran. Pour éviter une tuerie plus grave que celle de juillet 2009 -11 morts et 500 blessés - il faut installer dès à présent à Achraf une équipe permanente d’observateurs de l’ONU, protégée par une unité de l’armée américaine pour assurer la protection de ses résidents. »

Il ne fait aucun doute que certains verront dans cet appel désespéré a l’ONU une compromission envers les seules forces (US) capables d’infléchir le pouvoir Irakien qu’ils ont eux-mêmes mis en place et qui se rend complice du régime Iranien voisin pour éliminer cette sorte d’opposant, laïque et démocratique, qui est partout le cauchemar des régimes qui acceptent de rester des vassaux de leurs Mollahs d’un côté de la frontière ou de leurs protecteurs occidentaux de l’autre. Mais la situation humaine alarmante faite aux milliers de civils concernés peut amplement justifier ce recours qui met aussi en évidence la duplicité et la barbarie de ceux qui ne faisaient rien non plus lorsque étaient assassinés des centaines d’enfants au sud du Liban puis deux ans plus tard dans la bande de Gaza et lorsque des régimes désormais diabolisés assassinaient par milliers leurs opposants démocrates et plus "patriotes’ qu’eux qui ne s’accommodaient pas du pillage de leurs terres par des multinationales dont les présidents en place n’étaient que les représentants et collaborateurs ; ou des complicités géostratégiques patentes avec les intérêts occidentaux autour de la méditerranée et dans l’ensemble du Moyen Orient.

6- UN RISQUE DE NOUVELLE "INGERENCE HUMANITAIRE’ :

La position du CNRI vis-à -vis du régime actuel Iranien est sans ambiguïté la recherche non pas d’une "alternance’ mais d’un changement de régime profond, comme le rappelait la présidente à Berlin le 19 mars 2011 : « l’objectif n’est pas la réforme de la dictature, mais la suppression du régime du guide suprême dans sa totalité ». Cette réunion se tenait en présence de nombreuses personnalités politiques occidentales et la délégation US y était très conséquente (7). Dans sa déclaration en leur présence la présidente du CNRI ne manquait pas d’évoquer le sort des Moudjahiddines menacés en Irak « Je rends également hommage à la déclaration des députés du Bundestag en soutien à la révolte du peuple iranien et à Achraf. ».

Mais dans son allocution ne se trouve nul appel à une quelconque "ingérence étrangère’ ; nous devrons nous en souvenir lorsque les "Rambo’ du Capitole, de tel Aviv ou de Paris, tenteront de nous faire croire que c’est à l’appel des iraniens eux-mêmes que se déverseront les projectiles de mort sur un peuple assez mature pour se libérer lui-même de ses démons.

Dans son propos la présidente affirme : « Je pense que rien n’est plus déterminant que le libre choix du peuple. Sinon quelle main miraculeuse pourrait résoudre les terribles difficultés économiques et sociales de l’Iran d’aujourd’hui ? Pour nous, la réponse se trouve dans la participation et le sens des responsabilités de chaque Iranien, dont le libre choix est la condition sine qua non. Laissons chacun participer et intervenir dans ce qui est son destin politique et social. La souveraineté appartient au peuple iranien. En ce qui concerne la résistance, je répète que notre objectif n’est pas d’obtenir le pouvoir à n’importe quel prix. Notre but est d’instaurer la liberté et la démocratie à n’importe quel prix. Si l’avènement de la démocratie en Iran, nécessite que nous n’obtenions rien, nous l’acceptons volontiers. Nous sommes fiers de nous sacrifier pour le libre choix de notre peuple. Il s’agit de notre plus grande mission. Pour l’Iran de demain nous insistons sur l’ensemble des libertés individuelles et sociales. La liberté d’expression, de vêtements, de mariage, de divorce, de formation de partis, des syndicats, de la presse, de manifester. Laissons le peuple se libérer de la contrainte. Que la liberté de choix de chacun soit respectée. Ce peuple aspire à une république pluraliste. Ce peuple veut élire lui-même ses responsables. Il faut mettre fin à tout jamais à cette barbarie de tuer les gens parce qu’ils manifestent. Ni Dieu, ni le peuple iranien n’ont donné à quiconque le droit de décider à vie du destin d’un pays. C’est le droit d’un peuple de changer le pouvoir dont il ne veut pas… »

Sur les sujets "sensibles’ du moment la position est claire et ne souffre aucune ambiguïté qui pourrait "indisposer’ la communauté internationale onusienne, sauf à user d’une mauvaise foi dont on sait capables certains membres du Conseil de Sécurité : « Pour l’Iran libre de demain, nous insistons sur l’abolition de la double oppression à l’égard de toutes les minorités du pays dans le cadre de l’unité nationale indivisible. L’Iran de demain reconnaîtra le droit à l’autonomie du peuple du Kurdistan d’Iran. Et enfin, l’Iran de demain sera non nucléaire et en paix avec tous les pays du monde. Ces derniers jours, au Japon, le tremblement de terre, le tsunami et les explosions de centrales nucléaires ont eu un impact catastrophique. Au nom du peuple iranien et de sa résistance, je fais part de notre compassion avec le peuple japonais. Mais cette catastrophe démontre que le programme nucléaire secret et illégal du régime iranien est mille fois plus dangereux pour toute la société. Nous ne voulons pas d’un Iran nucléaire. ».

Pour parvenir à ce changement elle rappelle le prix déjà payé : « Pour engendrer cette valeur et pour la faire triompher, jusqu’à présent 120 000 des meilleurs enfants de la patrie ont sacrifié leur vie en Iran. ». Surtout elle apporte un soutien remarquable aux combattants les plus impliqués : « Mais comment réaliser ce changement ? Son levier repose dans la résistance du peuple iranien. Une résistance qui bénéficie du soutien et de la volonté du peuple pour renverser le régime du guide suprême. Une résistance organisée, profondément enracinée au coeur de la société iranienne qui a montré qu’elle était en mesure de remplacer le régime au pouvoir…/… Les mollahs expriment chaque jour leur hostilité hystérique à l’encontre des Moudjahidine du peuple parce qu’ils se voient confrontés à une couche étendue de la population et non pas uniquement à une organisation politique d’opposition. On peut voir la cristallisation de cette résistance à Achraf. Le camp d’Achraf est le symbole de la résistance et de la persévérance. Il constitue une source d’inspiration pour la jeunesse dans sa lutte pour la liberté » .

La présidente du CNRI condamne , en leur présence à cette conférence, très sévèrement les erreurs d’appréciation et les crimes dont l’Occident au travers des USA s’est rendu complice : « Dans ces conditions nous reprochons à l’Occident son attitude d’opposition au changement en Iran. Nous savons que durant les années passées trois gouvernements successifs aux États-Unis ont maintenu les Moudjahidine du peuple sur la liste noire et insisté pour les y garder, aidant ainsi dans la pratique le régime à rester au pouvoir. Ces deux dernières années malheureusement les États-Unis ont continué cette politique dévastatrice. De quelle façon ?

1- En plein soulèvement de 2009 les États-Unis ont négocié directement avec les envoyés d’Ahmadinejad à Genève, ce qui a joué en faveur du régime et au détriment des insurgés.
2- Ils ont maintenu l’étiquette de terroristes de l’OMPI.

3- Ils ont transféré la protection d’Achraf à un gouvernement irakien inféodé au guide suprême, en violant leur engagement écrit et les lois internationales.

La complicité US avec les crimes du régime Iranien pour éliminer la branche la plus radicale et la plus politisée de la résistance est clairement dénoncée : « Khamenei a besoin de réprimer Achraf pour mater le soulèvement en Iran, et dans ces conditions critiques, la protection du camp est aux mains de ses agents irakiens. Quel plus beau cadeau pouvait-on imaginer ? » Et elle anticipe clairement toute objection : « Pour justifier une faute aussi importante, certains disent qu’Achraf est une affaire intérieure de l’Irak. Ils disent qu’il ne faut pas violer la souveraineté de l’Irak. Or l’ordre de la répression d’Achraf vient de Khamenei, et ceux qui la mettent en oeuvre sont aussi recrutés par lui. Aussi nous demandons si la levée du blocus d’Achraf est une ingérence dans les affaires irakiennes ? »
.

Et à propos de la qualification "terroriste’ posée sur les résistants démocrates révolutionnaires elle stigmatise sans nuance la politique US encore maintenue : « Cela concerne aussi l’étiquette sans fondement que le Département d’État américain a colée à l’OMPI…/… Est-ce qu’aujourd’hui des responsables gouvernementaux des 20 dernières années ne reconnaissent-ils pas que cette étiquette est l’héritage funeste d’une politique erronée ? Alors pourquoi la maintenir ? Pourquoi l’entente avec Khamenei et Ahmadinejad doit-elle se faire au prix de bloquer le changement en Iran ? »

La condamnation des politiques occidentales erronées dépasse les seuls USA : « A présent ce sont les changements dans la région qui disent que vous êtes en train de perdre rapidement du temps. Nous disons à tous les gouvernements occidentaux de mettre fin à cette politique rétrograde. Tout comme il faut couper l’artère jugulaire du régime, c’est-à -dire ses revenus pétroliers et gaziers et qu’il ne faut pas poursuivre les relations nuisibles de leurs services de renseignements avec le ministère du renseignement du régime. Il est bon de faire remarquer que malheureusement, l’an passé, l’Allemagne n’a même pas accompagné les sanctions internationales contre les mollahs. En 2010, les compagnies allemandes ont vendu plus de 3000 sortes de produits d’une valeur de près de 4 milliards de dollars aux sociétés qui sont en général dominées par le corps des pasdaran. »

Son discours se termine en solidarité avec le peuple Libyen et les autres Printemps qui précèdent le "Printemps Iranien’ : « La dernière heure demain, fera place à Norouz, la nouvelle année iranienne, et annoncera le début du printemps. Je souhaite dès à présent une bonne année au peuple d’Iran, aux Achrafiens et à tous les prisonniers en Iran. Avec cette même certitude que le printemps arrive, le printemps authentique de l’Iran va enfin arriver. Le printemps des droits de l’homme. Le printemps du libre choix de tout un peuple. Le printemps de la justice et de l’égalité des chances. Le printemps de la tolérance et de la solidarité. Et le printemps de la démocratie. ».

7- POUR NOUS TOUS DEMAIN : UN ENJEU LA PAIX ?

Retenons aussi et surtout que les deux seules mesures "directes’ qu’il est demandé par la résistance iranienne à l’Occident de prendre sont : « 1- De cesser d’acheter du pétrole aux mollahs et d’alimenter ainsi le financement de la répression du peuple iranien. 2- De prendre les mesures nécessaires pour lancer un mandat international contre Khamenei pour crime contre l’humanité. » .

Nul appel à une intervention aérienne, au bombardement de sites industriels ou nucléaires où intervention armée de quelque sorte que ce soit !

Certains seront sans doute "déçus’ en particulier autour du complexe militaro industriel qui anticipait déjà sur ce marché de la guerre en Iran comme apothéose de la lutte de l’axe du bien contre l’axe du mal. Voir 6-14 septembre 2008 Israël - Les États-Unis vont vendre à l’armée de l’air israélienne des nouvelles bombes anti-bunkers Par Aluf Benn et Amos Harel (Haaretz). L’annonce du Pentagone, qui est survenue vendredi, a déclaré que les États-Unis allaient fournir à Israël 1000 bombes téléguidées Unit-39 (GBU-39) - une arme développée pour pénétrer dans installations fortifiées situées profondément sous la terre. ….etc…..La valeur estimée de la version GPS de la bombe, que les experts militaires ont appelé la dernière version de développement des bombes anti-bunkers, est d’environ 70,000 à 90,000 dollars par bombe…..….L’annonce du Pentagone dit également que les États-Unis contribueraient à améliorer les missiles anti-aériens " Patriote " des Forces de Défense israéliennes qu’Israël utilise dans le cadre de sa gamme de missiles d’interception. Israël va également recevoir 28.000 LAW (Arme légère anti-tanks) des rampes de lancement pour les forces terrestres.
(Source : http://www.haaretz.com Traduction : MG pour ISM)- Cité in (8).

N’oublions pas que lors de la dernière campagne présidentielle US un candidat républicain John Mc Cain faisait scander en meeting « Bomb Iran ! bomb Iran ! » (9) et que notre président en 2007 envisageait explicitement l’option du bombardement de l"Iran sur laquelle ses conseillers n’ont sans doute pas cessé de travailler depuis (10) ; sur ce site j’avais aussi analysé la singulière attitude belliciste du ministre Bernard Kouchner qui avait le premier fait cette annonce (11).

POUR CONCLURE :

Nous sommes à un tournant qui est celui de la "persévérance dans’ ou de la révision d’une doctrine qui était celle des néo conservateurs US, généralisée à l’échelle mondiale désormais théorisant des "guerres préventives’ aux motifs plus économiques que idéologiques, même si le "péril’ islamique ou les sois disant armes de destruction massive potentielle servent d’alibi de moins en moins crédibles a ces entreprises.

Il n’est pas de meilleur dérivatif et solution à une situation économique dérivée de "la crise’ qu’une peur collective entretenue qui ressoude l’opinion et des bouc émissaires opportunistes qui alimentent la prospérité des marchands d’armes.

Pourtant l’enlisement en Irak et Afghanistan et la crainte de déstabilisation grave du Pakistan et de difficultés durables en Libye suffisent à ébranler quelques certitudes même dans le camp de l’axe du bien ; à ce jour les influences les plus bellicistes semblent encore dominantes qui ont réussie une OPA sur l’OTAN tout entier devenu le bras armé de cette politique pour préparer la mise en oeuvre d’intérêts bien éloignés de ceux des peuples concernés…

Il est possible que l’attitude de la résistance Iranienne cause demain la "disgrâce’ aux yeux de certains occidentaux de ces "trop démocrates pour être honnêtes’ aux yeux de ceux qui n’ont qu’un projet impérial post colonial à proposer aux peuples nés pour leur malheur sur un Empire Perse aux richesses naturelles considérables, ces mêmes richesses qui, non détournées, seront le meilleur garant d’un développement démocratique possible et peut être exemplaire…

Jacques Richaud 9 avril 2011

(1) 9 avril 2011 MOUDJAHIDINES IRANIENS MASSACRES EN IRAK-Jacques RICHAUD
http://www.legrandsoir.info/MOUDJAHIDINES-IRANIENS-MASSACRES-EN-IRAK.html

(2) Commission des affaires étrangères du Conseil National de la Résistance Iranienne :
http://www.ncr-iran.org/fr/

(3) April-08 attaque d’Ashraf-le fil de la journée.wmv
http://www.youtube.com/watch?v=CMNBRKK_l2A (11’51)

(4) attaque contre achraf- 8 avril 2011
http://www.youtube.com/watch?v=yWtZa8jsXk4&NR=1 (0’55)
http://www.youtube.com/watch?v=VgiAHakzVf4&feature=related (3’03)
http://www.youtube.com/watch?v=auWcfHOf7Bw&feature=related (O’41)
http://www.youtube.com/watch?v=u7TW4chXs9o&feature=related (5’39)

(5) Programme en 10 points de Maryam Radjavi pour l’Iran de demain Samedi, 19 Février 2011
http://www.ncr-iran.org/fr/wrapper-full-width/8905-programme-en-10-points-de-maryam-radjavi-pour-liran-de-demain

(6) Sauvez les prisonniers politiques en Iran - Protégez Achraf
http://www.ipetitions.com/petition/prisons-iran-achraf/

(7) « La réponse à la question iranienne et la réponse à sa crise n’est autre que la démocratie » - Maryam Radjavi

http://www.ncr-iran.org/fr/actualites/iran-resistance/9078-l-la-reponse-a-la-question-iranienne-et-la-reponse-a-sa-crise-nest-autre-que-la-democratie-r-maryam-radjavi

(8) 18 septembre 2008 "BAD TRIP" - conte féroce entre visite papale et Apocalypse Jacques RICHAUD

http://www.legrandsoir.info/BAD-TRIP-conte-feroce-entre-visite-papale-et-Apocalypse.html

(9) John McCain Sings ’Bomb Bomb Iran’ From Daniel Kurtzman,
http://politicalhumor.about.com/od/...

(10) Le président Sarkozy prêt à soutenir "le bombardement de l’Iran"... de : Désarmement Nucléaire vendredi 31 août 2007
http://social.bellaciao.org/fr/spip.php?article51997

(11) 18 septembre 2007 Kouchner : du Biafra à la ... guerre préventive. Jacques RICHAUD
http://www.legrandsoir.info/Kouchner-du-Biafra-a-la-guerre-preventive.html

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Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ?
Jean BRICMONT
Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment (…)
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« les Afghans (...) auraient brûlé eux-mêmes leurs enfants pour exagérer le nombre de victimes civiles. »

Général Petraeus, commandant des forces US en Afghanistan lors d’une réunion avec de hauts responsables afghans,
propos rapportés par le Washington Post, 19 février 2011

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