« Operation Earnest Voice (OEV) est le programme fondamental qui regroupe moyens et ressources pour synchroniser nos activités opérationnelles d’Information […] via les médias traditionnels, mais aussi les sites internet ou encore les blogs.
Dans chacun de ces domaines, nous suivons le principe que nous avons appliqué en Irak, celui d’essayer d’être "les premiers avec la vérité" ».
General David H. Petraeus (1)
Dupés. Bernés. Floués.
Reconnaissons-le.
Encore une fois, l’opinion publique conditionnée, tétanisée, dans son écrasante majorité, a foncé tête baissée dans le panneau. Avec une remarquable maestria, une foudroyante réactivité, la propagande de l’Empire a su faire assimiler son agression coloniale en Libye à la "protection" d’une révolte populaire semblable à celles de la Tunisie ou de l’Egypte.
Car, il n’y a pas plus de volonté de protéger le peuple Libyen par les Occidentaux qu’il n’y a eu de massacres de population libyenne par son dictateur. Ainsi qu’en témoignaient les réactions des premiers "expatriés européens" à leur descente d’avion, devant micros et caméras. Témoignages rapidement occultés, par la suite…
Soulignant que jamais ne s’étaient produites des manifestations réunissant toutes les couches sociales, avec femmes et enfants, sur une place publique, face à une présence massive et violente de forces de répression, comme Egyptiens et Tunisiens en avaient longuement vécu l’expérience et partagé l’émotion.
La Libye reste avant tout une société tribale où chacun bénéficie de la protection de son clan. Son dictateur n’est pas plus, ou est tout autant, sanguinaire, corrompu, débauché, et autres qualificatifs, que ceux protégés par l’Empire dans la Péninsule Arabique, en Asie Centrale, en Amérique latine, en Afrique subsaharienne, ou ailleurs, quand ils se conforment à ses diktats.
"Philosophie" de la canonnière
Il s’agit tout simplement d’un coup d’Etat, minutieusement préparé à l’instigation des puissances coloniales, sur fond de partition, de sécession, semant guerre civile, chaos et anarchie dans le pays.
Le pivot étant la ville de Benghazi, dans l’est de la Libye, s’opposant à Tripoli au coeur des provinces de l’ouest fidèles au dictateur actuel. Cyrénaïque contre Tripolitaine. Benghazi, fief des tribus Zuwayaa et Senoussi, d’où était issue la dynastie du dernier roi Idriss, un Senoussi, renversé lors du Coup d’Etat de Kadhafi en 1969.
Ces "monarchistes" sont regroupés autour de l’ancien ministre de la justice Mustapha Abdel-Jalil, connu par ses propres concitoyens pour sa corruption effrénée et son appartenance à la CIA. (2) Ce qui explique l’apparition subite de milliers de drapeaux monarchistes, aux trois couleurs, pavoisant Benghazi dès le premier coup de feu, et bien d’autres bizarreries ou incohérences dans les bobards de la propagande...
Pris au milieu d’un règlement de comptes entre deux bandes de gangsters, celle du clan d’un dictateur et celle des prédateurs de l’Occident n’aspirant qu’à le remplacer par des marionnettes plus dociles, tel est le sort du peuple Libyen. Assistant impuissant à la régression de son pays au niveau de la Somalie ou du Soudan, dans un déchirement entre tribus rivales, une guerre fratricide entretenue par les Occidentaux. (3)
Comment ne pas éprouver compassion et honte, à la fois ?...
L’apparition bondissante, d’un plateau TV à un micro radio, d’un BHL, son omniprésence, dans tous les médias francophones, (4) étaient pourtant la signature d’une arnaque de l’appareil de désinformation. Volant au secours d’un Juppé, notre ministre des affaires étrangères à peine capable de lire le texte imposé par notre suzerain et de sourire béatement devant les caméras, pour vendre cette expédition coloniale. Cette énième mise en scène destinée légitimer ce qu’on appelait, au XIX° siècle, la "diplomatie de la canonnière"…
Son histrionisme exalté, son fanatisme à la Torquemada, confits de mépris et d’appels à la haine, avaient rythmé l’anéantissement de l’Irak sous les bombes et les mensonges de la propagande. Donnant d’autant plus de relief à son silence, pendant des semaines, lors de l’écrasement dans le souffle et le feu des explosions, obus à uranium appauvri, et épandages de phosphore blanc, de milliers d’innocents : Liban, juillet 2006 ; Gaza, décembre 2008 - janvier 2009…
Mutisme de cette Belle Ame, tout aussi monumental, sur les horreurs des dictatures de Ben Ali en Tunisie ou de Moubarak en Egypte. Tout aussi verrouillé, quand il s’agit des pétromonarchies écrasant la révolte de leurs peuples sous la répression depuis des décennies : Bahreïn, Yémen, Arabie Saoudite, Jordanie, Oman, Emirats Arabes Unis. Régimes aussi barbares que pourris, ne connaissant aucun bureau de vote. Seule la Jordanie s’autorisant des simulacres électoraux…
Cultivant le mensonge avec un incommensurable culot lors de l’agression par la Géorgie, avec l’assistance de l’Empire et son bras armé l’OTAN, des provinces autonomes du Caucase Russe en août 2008. Contre toutes les évidences, faits et preuves, il n’hésitait pas une seconde à affirmer que c’était la Russie l’agresseur…
Alors, entendre un BHL se vanter dans tous les médias français d’avoir ’présenté’ les dirigeants du Conseil National de Transition de Libye (le mystérieux et autoproclamé CNT) à Sarkozy donne une idée de ce qui est, et était, en train de se préparer… Cela me rappelait son acharnement à vouloir introniser officiellement le Commandant Massoud auprès du gouvernement français de l’époque. Alias ’le lion du Penshir’ dans nos médias, féodal, chef de guerre, grand baron de l’opium et un des plus fidèles pions de la CIA en Afghanistan. Plus "indépendant" que notre gouvernement actuel, il avait flairé l’embrouille…
Cynisme et casuistique
Le cynisme de l’homme, posant en sauveur de la Civilisation, n’est pas une surprise, mais une norme. Après tout, cette nouvelle guerre contre un pays arabe producteur de pétrole vient d’être lancée par un Prix Nobel de La Paix, faisant office de "président" de l’Empire. Postures clonées par tous les charlatans cathodiques, payés pour entretenir le ronronnement de la désinformation dans nos médias : experts en stratégie, politologues, spécialistes du monde arabe, géopoliticiens. Lui, nullement gêné par l’imposture, c’est en « philosophe » qu’il interpelle la planète…
Ethique…. Morale… Connaissance de l’Autre… Logique… Méthodologie d’analyse… Où est la « philosophie » dans sa logorrhée belliciste, du niveau de la rhétorique des animateurs médiatiques des JT, singeant leurs ancêtres des "actualités cinématographiques" qu’on peut apercevoir dans certains documentaires sur nos désastres coloniaux : expédition de Suez, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie ?… Mots, argumentations, triomphalismes, identiques, devant les indispensables exploits des glorieux militaires à la pointe du combat et de la technologie, pour écraser les ennemis de La Liberté …
Plus préoccupant que les gesticulations de ce propagandiste, archétype de l’habitus colonial de notre caste au pouvoir, est de voir des hommes politiques, se disant hostiles aux néoconservateurs US dictant notre politique étrangère, au premier claquement de doigts prêter allégeance à l’Empire !... Dans une casuistique acrobatique, rappelant les discussions byzantines sur le sexe des anges.
La conscience tranquille, approuvant une ’zone d’exclusion aérienne’ pour protéger une résistance populaire qu’ils comparent, dans un analphabétisme géopolitique sidérant, à la Guerre civile d’Espagne de 1936. Dès lors que la décision est avalisée par l’ONU. Quand on sait les ravages que cela entraîne, liés à un embargo inhumain, pour les pays qui les subissent, comme l’Irak avant sa pulvérisation définitive…
« L’ONU, rien que l’ONU, toute l’ONU », comment claironner, ânonner pareille stupidité ? Me faisant penser à ces preux chevaliers s’enrôlant dans une « guerre juste », « l’âme en paix » : ils avaient reçu la bénédiction papale. Clamant, avant de charger sur leurs destriers : « Au Diable les dégâts collatéraux ! Dieu reconnaîtra les siens ! ».
Ont-ils oublié que l’ONU, depuis sa création, n’est que la chambre d’enregistrement des décisions, pillages et atrocités de l’Empire ?...
L’ONU n’a jamais été capable de protéger les populations civiles, de faire respecter les Conventions de Genève, de faire appliquer le droit international, ne serait-ce qu’au cours des atroces guerres d’indépendance coloniales : Afrique du sud de l’apartheid, Algérie, Angola, Guinée équatoriale, Indochine puis Vietnam, Kenya, Mozambique, et tant d’autres. Massacres, blocus, de Palestine et de Gaza, de Yougoslavie et d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan, centres de torture de Guantanamo, Abu Ghaïb, Bagram, resteront des hontes ineffaçables pour l’ONU.
Ont-ils oublié que de multiples pays sont pillés par les groupes miniers occidentaux avec l’aval de l’ONU légitimant partition et mise sous tutelle, du Congo (ex-Belge notamment) au Timor oriental, en passant par le Darfour et la pantalonnade de la sécession du sud-Soudan ?... L’ONU incapable de faire respecter ses propres résolutions en Palestine, incapable de faire respecter des élections libres, des gouvernements légitimes, renversés dans des coups d’Etat militaires en Amérique latine, en Algérie, au Burkina, au Togo, en Côte d’Ivoire, en Indonésie, et ailleurs…
Et Martin Nesirky, porte-parole du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, d’affirmer sans rire, à propos des violences en Libye : ’Tous ceux qui violent le droit international humanitaire et les droits de l’homme devront répondre de leurs actes’. (5)
Vidéos & cocoricos
Kadhafi ?... Avec l’usure du temps, devenu une caricature de dictateur, dérapant d’extravagances en gaspillages. En comparaison, un Franco ou un Pinochet, si longuement appréciés en Occident, paraissent austères, très BCBG …
Bien sûr, il a dilapidé les richesses de son pays, au lieu d’investir avec ses voisins dans le développement de la région. Inapte à promouvoir un Etat moderne, fort, indépendant, comme avait su le faire un Atatürk en Turquie sur les débris de l’empire Ottoman. Il avait été mis au pas, après des velléités d’autonomie à l’égard des occidentaux, mais la servilité affichée ne lui enlevait ni mépris raciste, ni rancune de ses maîtres.
Beaucoup lui en voulaient. Les Britanniques pour son soutien à la cause de l’indépendance irlandaise de l’Ulster, les Français pour avoir soutenu les diverses tentatives de libération du Tchad et autres Etats africains pourvoyeurs quasi-gratis de son uranium, les Italiens pour les avoir contraints à reconnaitre les atrocités de leur colonisation libyenne, les Israéliens pour avoir soutenu la Palestine, les USA pour avoir osé les défier et mettre les doigts dans le nucléaire.
Jusqu’aux Saoudiens et les pétromonarchies du Golfe, pour les avoir copieusement traités de "vendus" à l’Empire à chaque "sommet" de la Ligue Arabe, fustigeant leur lâcheté dans l’abandon des Palestiniens,
En fait, il était mûr pour tomber. Comme Saddam Hussein, à la veille d’être renversé, si l’Irak avait été laissé en paix. Il n’était aucunement nécessaire de bombarder le pays, y répandre mort, souffrance, destruction, humiliation, ressentiment. Ses concitoyens, son propre clan, s’en seraient chargés, sans guerre civile.
Mais l’Empire, les relations internationales ne sont pas fondées sur la négociation, ni la gestion des équilibres entre Etats dans le respect d’un droit international. On cogne d’abord, on discute après, éventuellement. L’usage de la force est prioritaire. La Loi du Plus Fort et les lobbies de l’armement l’exigent. Amen.
Il n’existe aucun « Ordre International », l’Empire s’y opposant farouchement, imposant des règles de gouvernance à La Communauté Internationale suivant de réelles règles d’éthique, bannissant, sanctionnant :i) pour des dirigeants, de tirer sur leurs propres peuples
ii) pour des pays étrangers, d’intervenir militairement dans des Etats souverains qui ne se sont livrés à aucune agression militaire à l’égard d’autres nations.
Car, la Libye n’agresse personne, ne bombarde ni ne détruit aucun de ses voisins, n’enferme pas 1,5 million de personnes dans un blocus illégal comme à Gaza. Non. Mais, lorsque l’Empire décide de l’écrasement d’un pays, son pillage et son appropriation, il commence par diaboliser celui qui le dirige.
En conséquence, il ne sera pas mis ’hors la loi’, mais ’hors de l’humanité’. Transformé en monstre, si ce n’est en terroriste. C’est ’l’excommunication’, nouvelle formule. Légitimant ainsi toutes les violences à l’encontre de son pays, puisque nous sommes face au "Diable"…
Poutine n’a pas hésité à le reconnaître :« La résolution 1973 adoptée par le Conseil de Sécurité est défectueuse et mal rédigée ; elle permet tout et rappelle l’appel médiéval à la Croisade. Car elle autorise une intervention dans un Etat souverain […] Sous prétexte de protéger des civils. Où sont logique et conscience ? Il n’y en a pas. Les évènements actuels en Libye confirment que la Russie à raison de renforcer ses capacités de défense. » (6)
Tout est bon, dans un terrorisme intellectuel chloroformant notre inconscient collectif : une pluie de fausses vidéos, faux blogs et bloggeurs, faux chiffres, faux témoignages, fausses joies de faux combattants. En corollaire, une inflation galopante dans le morbide, le macabre : milliers de morts, dont on ne retrouvera jamais trace, imposant l’urgence des bombardements, sinon on arriverait à des centaines de milliers. Pour peu on atteindrait les "300.000 Irakiens assassinés" faussement imputés à Saddam Hussein. Et, dans le cas de la Libye, pays de 6,5 millions d’habitants, cela ferait beaucoup…
La meute est, ensuite, lâchée. Plus de 350 avions et des dizaines de navires, de tout l’Occident avec sa mosaïque de nationalités. Chacun considérant le pays comme un champ de manoeuvre "vivant", réactif mais sans danger réel. Avec l’avantage pour les marchands de canon de tester les matériels, recevant l’indispensable label « Combat Proven » favorisant les ventes, et pour les commandements de coordonner leurs carnages.
Ne fermons pas les yeux : bombarder un pays sans défense efficace équivaut à un « carnage ». Ainsi celui commis par nos avions, à Tika notamment, sur des véhicules en retraite ne menaçant pas Benghazi. Choquant même les correspondants de presse étrangers, parlant de la ’férocité’ des français. (7)
Mais Cocorico ! La France se veut "en pointe", avant de passer le relais à l’OTAN :
« La France en pointe de l’opération. ’Il est clair que la France assure le leadership de l’action militaire dans l’espace aérien libyen’, a reconnu le premier ministre belge Yves Leterme. En effet, Paris a été à l’origine de la mobilisation diplomatique, et c’est le président français qui a annoncé seul le lancement de l’opération militaire, samedi. » (8)Il est vrai que cette opération devenait urgente, plus qu’urgente, pour les pays occidentaux. Quatre objectifs immédiats :
i) Faire oublier la contre-révolution en marche, non seulement en Tunisie et en Egypte, mais surtout dans la péninsule arabique réservoir de pétrole de l’Occident, les atrocités de l’oppression : Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Oman, Yémen, sans oublier le Qatar et la Jordanie.
Notons par exemple, le silence total de nos médias et de l’ONU sur la terrible répression du dictateur de Bahreïn, Al Khalifa, soutenue, encouragée par l’Empire. Où, l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis viennent d’envoyer plus de 1000 hommes de troupes, chars et hélicoptères de combat, pour mater une révolution aussi pacifique que l’étaient celles des Tunisiens et des Egyptiens. Noyée dans le sang.
Rappelons que Bahreïn, depuis des décennies, est un pays où la population vit dans la terreur et l’atrocité des tortures. S’y est illustré pendant 25 ans, le sadique Ian Henderson, écossais connu pour avoir forgé ses techniques de torture lors des guerres d’indépendances au Soudan et au Kenya. Les horreurs commises par le colonisateur lors de la lutte pour l’indépendance du Kenya, contemporaines de celle de l’Algérie, sont parmi les plus terribles qu’aura connues l’Humanité.A Bahreïn, Ian Henderson a fondé la State Intelligence Security (SIS), équivalente de la SAVAK en Iran sous le règne du protégé de l’Occident, le Shah, à la même période. Avec une équipe de spécialistes en tortures britanniques, dont le général Jim Bell qui avait gagné ses galons dans cette discipline contre les indépendantistes de Birmanie et d’Irlande du nord. En comparaison, un Klaus Barbie ferait figure d’amateur dans la sauvagerie des tortures qu’ils ont fait subir aux Bahreïnis et que perpétue l’appareil répressif qu’ils ont mis en place. (9)
ii) Faire oublier aux opinions publiques les implacables politiques antisociales mises en oeuvre par les Etats occidentaux, en Amérique du nord comme en Europe. La volonté des populations de "défendre la justice et le droit" dans les rues inquiète les gouvernements. La révolte gronde contre les gaspillages de la ploutocratie dans des budgets militaires et sécuritaires sans limites, au détriment de la création d’emplois et de la redistribution de la richesse nationale.
Ainsi à Londres, le samedi 26 mars 2011, ce sont plus de 500.000 personnes qui ont manifesté. (10) Les USA n’y échappent pas. Dans l’Etat du Wisconsin les manifestants, jusqu’à 100.000 dans les rues, crient « Mort aux tyrans ! » à l’encontre de leur gouverneur du parti républicain Scott Walker, dans leur colère contre l’injustice sociale…
iii) Faire oublier le pillage des richesses pétrolières de la Libye. Une guerre civile, un état d’anarchie, sont les occasions rêvées pour pomper pétrole, gaz et autres richesses minières. Autant qu’on veut et sans payer !... Si ce n’est d’accorder des miettes aux chefs de guerres et potentats locaux. De quoi entretenir l’anarchie en les opposant les uns aux autres. Un des pires exemples, dans ce genre de spoliation, est la RDC (ex-Zaïre) et ses immenses ressources.
Avec un double avantage pour la nomenklatura occidentale : un enrichissement personnel, sous prétexte de ’remplissage des caisses électorales’, via les paradis fiscaux pour les promoteurs et les organisateurs de cette dévastation, et la fermeture de l’accès des Chinois au marché du brut Libyen, un des meilleurs du monde par sa qualité…
iv) Faire oublier le soutien aux dictatures des Ben Ali et Moubarak, le manque de réactivité face aux revendications démocratiques des peuples de Tunisie et d’Egypte. D’une façon générale, faire oublier le soutien passé, présent et à venir, aux dictatures ou autocraties inféodées à l’Empire et au service de ses seuls intérêts.
Intox & CyberWar
Le camouflage des guerres coloniales en sauvetage humanitaire exige un appareil de propagande hautement réactif et performant. D’où l’importance des budgets généreusement accordés à la propagande de l’Empire. L’armée américaine, à elle seule, consacre chaque année un minimum d’US $ 200 millions aux opérations de désinformation sur internet, blogs et réseaux sociaux. (11)
Cette action d’infiltration et de noyautage, considérée comme prioritaire, est gérée 24h/24h à partir de la base aérienne de MacDill, près de Tampa en Floride, siège des opérations psychologiques et de propagande (US Special Operations Command) de l’appareil militaire américain. Avec, en complément, huit autres "serveurs virtuellement privés" (virtual private server), répartis dans le monde. Dans toutes les langues, tout particulièrement en Arabe, Farsi (Iran - Pakistan), Ourdou et Pashtoun (Pakistan - Afghanistan). (12)
Assisté de logiciels spécialisés, un même opérateur peut emprunter simultanément 10 identités ou "personnalités" différentes, avec des IP distincts, utilisant tous les vecteurs internet, dans le jargon : blogposts, tweets, retweets, chatroom posts, etc. Indétectables, simulant leur présence dans le pays cible pour communiquer de fausses informations, vidéos truquées, fausses photos prises soi-disant à partir de téléphones portables, et autres astuces. (13)
Ces techniques de faux bloggeurs, appelées « sock puppets » (marionnettes de chaussette), déjà connues et pratiquées, deviennent de plus en plus sophistiquées dans la crédibilité. En mai 2010, s’était tenue une conférence réunissant les experts les plus pointus en la matière, avec un titre révélateur : InfoWar (14). Des pays, comme Cuba, l’Iran, la Chine, le Venezuela, sont soumis en permanence à cette pression, manipulation et subversion. (15)
Sont ainsi fabriqués des "héros de la dissidence" sur des blogs ou Facebook, à partir de la Floride… Parfois, il arrive que des journalistes (du moins, les rares en mesure d’effectuer un travail sérieux…) insistant pour les rencontrer, on soit obligé de les faire "disparaître" comme dans les héros de séries TV en fin de contrat au cours du tournage : prétendument abattus ou jetés dans les oubliettes. Par le régime à diaboliser, évidemment.
Après la Libye, à qui le tour ?...
La procédure inquisitoriale, l’excommunication, sont lancées : la Syrie ! La ’fatwa’ a été officiellement émise par The Jerusalem Post, le 23 mars 2011 : " For all his faults, Assad is the devil we know"…
Le grand mot est lâché : "Devil", le Démon, le Diable !... (16)
Pays de 25 millions d’habitants, non pétrolier, qui ne menace personne, mais accueille des milliers de réfugiés, Palestiniens puis Irakiens, chassés par la violence occidentale dans leurs pays. Se débattant dans une des pires sècheresses depuis des années, sous embargo non justifié, il a effectivement le tort de ne pas accepter La Loi du Plus Fort et de défendre sa souveraineté face à l’Empire.
Alors son dirigeant, Bachar Al Assad, certainement, le plus sérieux, honnête et courageux de la région, est en cours de diabolisation. D’ici peu, parions-le, nous allons apprendre que ce chef d’Etat, ophtalmologue de formation ainsi que son épouse, a ordonné d’étrangler les bébés de ses opposants dans leurs couveuses…
"No Iran. No Hizbullah. We want a Muslim who believes in God !".
Traduction :
« Non à l’Iran, non au Hezbollah, nous voulons un Musulman qui croit en Dieu ! ».
Oui, parce qu’Assad appartient à la minorité religieuse Alaouite, une des multiples branches du Shiisme. Alors, créer des conflits religieux par-dessus le marché… (17)
Mais, soyons rassurés, l’ONU veille !...
Tournant le dos, pour mieux se concentrer, aux bombardements quotidiens de Gaza, aux orages permanents de drones tombant sur les villages des vallées d’Afghanistan et du Pakistan, Navi Pilla, Haut Commissaire aux Droits de l’Homme (UN High Commissioner for Human Rights) a exigé des autorités Syriennes d’enquêter sur la répression et de "mettre un terme à l’usage excessif de la force"… (18)
Georges Stanechy