Le 18 février comme prévu Washington a opposé son veto à la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU qui condamnait les colonies israéliennes parce qu’elles violent le droit international. Le vote a été 14 oui et un seul non, celui des USA, isolant les USA et Israël dans cette sulfureuse affaire. La mesure avait presque 120 supporters.
Dans la déclaration qui a suivi le vote, l’ambassadeur Susan Rice a menti outrageusement en disant :
"... comme les USA l’ont dit et répété à de nombreuses occasions pendant toutes ces années, nous rejetons dans les termes les plus forts la légitimité de l’activité incessante dans les colonies."
Elle n’a pas dit que les USA avaient pendant des dizaines d’années donné des fonds à Israël pour les construire - un processus qui se poursuit malheureusement avec Obama- en plus de leur fournir un montant effarant d’aides à l’armement, de soutenir l’occupation israélienne et de s’associer à toutes leurs guerres d’agression.
Dans un communiqué de presse du 18 février, Les Américains pour la Paix Maintenant (APN) ont exprimé leur "déception" ; selon leur président et leur directrice générale Debra DeLee :
"Le président Obama a manqué aujourd’hui une opportunité historique de démontrer son leadership dans le processus de paix. Le fait que les USA ne parviennent pas à contraindre les deux camps à assumer leurs responsabilités est un facteur qui contribue à l’état actuel" de déliquescence du processus de paix ; le fait est que Washington et Israël n’en veulent pas.
Ils ne veulent pas non plus de la souveraineté palestinienne, ni ne veulent mettre fin à l’occupation, ni accepter le droit au retour des Palestiniens, ni leur accorder les libertés démocratiques qu’ils leur ont enlevées il y a longtemps. Au lieu de cela, ils imposent un système d’oppression impitoyable à des millions de Palestiniens, qui sont exploités et brutalisés depuis des dizaines d’années. Le 18 février en a donné une preuve supplémentaire.
Le 19 février, Al Jazeera a dit que la décision de Washington "va certainement provoquer la colère des pays arabes et des supporters de la cause palestinienne dans le monde entier. Le correspondant Cal Perry a dit que cette décision n’est pas :
"bien acceptée en Cisjordanie occupée. Les gens se demandent quand on va faire quelque chose pour eux. Les gens ici en ont assez du manque de processus de paix. Ils en ont assez de voir que les deux camps ne se parlent pas. Ils en ont assez d’entendre, et spécialement (de la bouche d’Obama), que la dignité humaine ne peut pas leur être refusée" quand lui-même ne cesse de la leur refuser de manière flagrante.
Cela fait des dizaines d’années que Washington use abusivement de son droit de veto pour empêcher l’adoption de toute mesure contraire à Israël. Ce faisant, il ignore avec arrogance la volonté de la plupart des autres pays, et parfois même de presque tous à l’exception d’Israël et de ses quelques supporters. Comme un observateur britannique en colère l’a dit une fois en utilisant une comparaison avec le baseball : "Il n’y a que les USA qui peuvent organiser une Série mondiale sans inviter le reste du monde."
La réponse d’Israël aux résolutions de l’ONU, qui sont pour la plupart des résolutions de l’Assemblée Générale, est pire encore. Avec le total soutien des USA, Israël a ignoré ou pris de haut des douzaines de résolutions qui condamnaient ou censuraient ses actions ou qui lui reprochaient de les avoir commises ou qui appelaient, pressaient ou sommaient Tel Aviv d’y mettre fin. Il continue de les commettre impunément y compris l’oppression quotidienne, les arrestations de masse, la torture, les assassinats ciblés, les incursions régulières dans des communautés civiles, les guerres d’agression et l’inexorable expansion coloniale.
Le 19 février Haaretz Service titrait : "Les Palestiniens organisent une journée de la colère" pour protester contre le veto des USA à la résolution de l’ONU, et il citait l’agence Ma’an News :
Le chef des services secrets palestinien, Tawfik Tirawi, a dit que cette manifestation aurait lieu le vendredi 25 février et il a qualifié le veto de "chantage" qui révèle le vrai visage des Etasuniens et leur volonté profonde d’empêcher la paix au Moyen Orient et de flouer les intérêts des Palestiniens. "Ce sont des menteurs" a-t-il affirmé, "qui font semblant de soutenir la démocratie et la paix. Et ils en sont bien loin. Cependant, "cela n’affectera pas notre résolution et nous continuerons à nous battre pour nos droits." Il a ajouté : "Il n’y aura pas de négociations avec les colonies."
Avant le vote, Washington avait essayé de faire pression sur Abbas pour qu’il retire la résolution. Un officiel palestinien haut placé à dit sous couvert d’anonymat que, au cours d’un coup de fil qui a duré une heure, Obama avait proféré des menaces voilées comme quoi il y aurait des "répercussions" s’il s’y refusait ; selon cet officiel :
"Jeudi dans la nuit Obama a menacé de prendre des mesures contre l’Autorité Palestinienne si elle s’entêtait à aller devant le Conseil de Sécurité pour condamner la construction dans les colonies israéliennes et exiger qu’il y soit mis fin : Il y aura des répercussions sur les relations des USA avec la Palestine si vous insistez pour aller devant le Conseil de Sécurité et que vous ignorez notre requête en la matière surtout que nous vous avons proposé d’autres alternatives."
Le porte parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoun a dit :
"Cela confirme le soutien total de l’Administration des USA à la politique arbitraire du gouvernement d’occupation. Cela devrait inciter l’AP à adopter une stratégie d’unité... et à prendre une décision nationale d’en finir avec toute forme de négociation avec l’occupant (israélien)". Washington "a pris fait et cause pour l’occupation et cela confirme que ça a été une erreur de parier sur un traité de paix" ; les USA n’en veulent pas, n’en ont jamais voulu et ne l’accepteront jamais comme tous les observateurs du processus de paix le savent très bien.
Dans un article précédent ( http://sjlendman.blogspot.com/2011/01/palestine-papers-revealed_25.html ), j’expliquais que Abass et Fayad et d’autres officiels haut placés de l’AP ont vu leur réputation s’effondrer quand des documents publiés par Al Jazeera ont montré qu’ils avaient servi les intérêts israélo-étasuniens et non les intérêts palestiniens au cours des dizaines d’années précédentes et ont révélé la fraude des négociations de paix palestiniennes. Leur détermination actuelle est une tentative pour redorer leur blason.
Les documents ont montré que les négociateurs palestiniens sont des traîtres hypocrites qui ont sacrifié les intérêts palestinien à leur intérêt personnel. Abass et le premier ministre en fonction Salam Fayyad sont les principaux responsables. La trahison d’Abbas entache toute sa présidence. Au moins depuis Oslo où il était négociateur en chef et où il a capitulé devant toutes les demandes israéliennes sans aucune contrepartie. Toutes les questions de fond sont restées sans solution, y compris l’extension des colonies dont la population a doublée depuis 1993 et qui ne cessent de s’étendre sur des terres volées aux Palestiniens.
Le 19 février, le Centre International d’Information du Moyen Orient a annoncé que 300 000 colons israéliens occupaient la Cisjordanie et Jérusalem Est depuis 1993. "Environ 500 000 israéliens habitent dans les colonies construites sur de la terre palestinienne occupée par Israël en 1976. Les 4,5 millions d’autres Israéliens vivent sur la terre qui a été confisquée aux Palestiniens en 1948" pour créer l’état d’Israël.
Ils ont tout perdu, leur maison, la terre de leur patrie, leur liberté et la possibilité de vivre en paix parce que Israël et son pourvoyeur à Washington refusent -comme ils l’ont toujours refusé et le refuseront toujours- qu’il en soit autrement à moins qu’on ne les y contraigne par la force.
Stephen Lendman vit à Chicago. On peut le joindre à : lendmanstephen@sbcglobal.net. Il tient aussi un blog : sjlendman.blogspot.com et anime des discussions incisives avec de distingués invités sur the Progressive Radio News Hour sur the Progressive Radio Network.
Pour consulter l’original : http://sjlendman.blogspot.com/
Traduction : D. Muselet