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Ben Laden : Mensonges et désinformation médiatiques (Countercurrents)

Les manipulateurs médiatiques aiment une belle histoire qu’ils peuvent monter en épingle, déformer et falsifier pour attirer les lecteurs qui ne se rendent pas compte qu’on leur donne des nouvelles arrangées au lieu de la vérité.

Qui plus est, plus l’événement est important, plus sa couverture est mauvaise, et il est exaspérant de constater que, bien qu’ils aient été bernés mille fois, des quantités de gens continuent à faire confiance à des sources aussi peu sures que la radio et le chaînes de télévision étasuniennes, ainsi qu’aux magazines populaires et aux journaux appartenant à des multinationales qui publient des sottises qui ne devraient jamais être imprimées.

Depuis l’annonce d’Obama le premier mai, la nouvelle fait les gros titres des médias qui la passent en boucle ad nauseum, applaudissant la mort d’un homme, une mort qu’il est interdit de remettre en question.

Je l’ai pourtant fait dans un article précédent (http://sjlendman.blogspot.com/2011/05/lies-damn-lies-and-bin-ladens-death.html) dans lequel j’ai tenté de séparer les faits de la fiction comme suit :

(1) Le livre important de David Ray Griffin’s intitulé "Osama Ben Laden : Mort ou vivant ?" fournit des preuves objectives et validées par des témoins de la mort de Ben Laden en décembre 2001, probablement due à sa maladie rénale et non à un commando des forces spéciales qui aurait assassiné l’homme à cette époque-là ou aujourd’hui.

(2) La preuve légale a été apportée que les vidéos et les documents audio diffusés après le 11 septembre étaient des faux.

(3) Ben Laden était tout à la fois un agent de la CIA et "l’ennemi numéro un" ce qui permettait de jouer sur les deux tableaux.

(4) On sait aussi qu’il a été hospitalisé en 2001 au Pakistan et à Dubaï où en juillet le chef de l’agence de la CIA de l’émirat lui a rendu visite dans sa chambre d’hôpital. Pourquoi pas d’ailleurs s’il était un agent de la CIA, son statut probable jusqu’à sa mort naturelle et non pas violente.

Mais les politiciens et les médias en Occident et spécialement aux USA ne perdent jamais une occasion de nous raconter des histoires au lieu de nous donner les faits, surtout quand il s’agit de nouvelles qui font les gros titres comme la mort de Ben Laden, dix après qu’elle ait vraiment eu lieu.

Exemples de désinformation médiatique

Le 2 mai, plusieurs articles du New York Times étaient pénibles à lire, dont celui de Mark Mazzetti, Helene Cooper et Peter Baker intitulé "Derrière la poursuite de Ben Laden" qui disait :

"Pendant des années, l’éprouvante recherche (de Ben Laden) n’a rien donné. Puis en juillet dernier, des Pakistanais qui travaillaient pour la CIA ont suivi une Suzuki blanche qui roulait dans des rues encombrées près de Peshawar au Pakistan et ils ont découvert, en contrôlant sa plaque d’immatriculation qu’elle appartenant à "son messager le plus proche....."

L’article affirme que cela les a menés à la maison de Ben Laden et ajoute :

"Quatre hélicoptères ont largué 79 membres d’un commando américain sur la maison. Il y a eu une fusillade... Parmi les cinq morts, il y avait un homme grand et barbu, qui avait le visage en sang et une balle dans la tête."

La poursuite de Ben Laden s’est terminée, disent les auteurs de l’article, quand il a été identifié puis il a été rapidement immergé en mer pour cacher les preuves bien que selon la loi anglaise le plus souvent il ne puisse y avoir de crime ou de meurtre sans corps. Autrement dit, sans preuve, les allégations de ceux qui l’ont poursuivi sont vaines.

Cela n’a pas empêché Mazzetti, Cooper et Baker de nous raconter le déroulement fantaisiste des dix années qui ont précédé l’attaque et le meurtre de Ben Laden dans une propriété de Abbottabad au Pakistan -avec des interrogatoires dans des prisons secrètes d’Europe de l’est, une surveillance très large, des enregistrements, des images satellites, etc.

Peu importe que rien de tout cela ne soit pas plus vrai que beaucoup d’autres choses.

Le droit international et constitutionnel interdit d’envoyer des forces militaires dans un pays étranger sans y être invité quelle qu’en soit la raison.

De plus aucune personnes soupçonnée de crime ne peut être assassinée sommairement sans avoir été arrêtée au préalable selon une procédure précise et ses droits doivent être respectés et elle doit être jugée. Une simple balle, une bombe ou la gorgé tranchée : voilà la version de Washington du jugement sommaire qui avec la torture et les guerres impériales constituent sa politique officielle.

Ces divers points ont été largement ignorés des médias qui se sont seulement concentrés sur le meurtre d’un homme mort depuis dix ans.

Le 2 mai les journalistes du Times, Scott Shane et Robert Worth, ont signé un article intitulé "Bien avant que Al Qaeda n’ait perdu son fondateur, il avait perdu pas mal de son charme" selon lequel :

Ben Laden "ne dirige plus les opérations terroristes depuis longtemps et sa popularité dans le monde musulman a diminué ces dernières années." Les auteurs qualifient Ben Laden "d’extrémiste violent" mais ils ne disent pas qu’il avait été remplacé après sa mort en 2001 et que c’est donc normal que son influence ait diminué. Loin des yeux, loin du coeur, surtout quand on est mort.

L’éditorial du Times du 2 mai intitulé "La nouvelle qu’on attendait depuis longtemps" disait :

"La nouvelle qu’il a été attrapé et tué par les forces américaines nous a tous, nous et bien sur tous les Américains, grandement soulagé... mais (il ne faut pas) oublier que le combat contre les extrémistes est loin d’être terminé."

L’article mentionne "la vigilance et la détermination" remarquables des Etats-Unis et félicite Obama de "se montrer un leader fort et mesuré. Sa déclaration de dimanche soir comme quoi" ’justice était faite’ était dénuée de triomphalisme."

En fait il a déclaré que l’Amérique continuerait la guerre contre le terrorisme -tout en pratiquant le terrorisme d’état avec quatre guerres impérialistes et de nombreuses autres par procuration qui coûtent des sommes fabuleuses alors que le peuple est obligé de mendier.

Sans se soucier de la vérité il a répété des mensonges que les médias américains ont repris sans le moindre scrupule, notamment les correspondants du Times et les écrivains d’opinion et éditorialistes avec des commentaires comme celui-ci :

"La mort de Ben Laden est un moment extraordinaire pour les Américains et tous ceux qui ont perdu des proches dans des actes de terrorisme odieux et gratuits."

Il n’est fait mention nulle part des dizaines d’années des terrorismes d’état d’Israël et des Etats-Unis qui ont fait des millions de morts et engendré d’immenses souffrances humaines et de grandes destructions. Voici en quoi ce terrorisme d’état consiste selon le militant/intellectuel Eqbal Ahmad (1934 - 1999) :

"Violence illégale (y compris) la torture, (attaques et bombardements) de villages, destruction de peuples entier (et) génocide" et il ajoute "Qui va donner la définition du terrorisme ou décider où les terrorises se cachent ? Eh bien naturellement ce sont les USA (l’état qui le pratique le plus) et personne d’autre, eux qui peuvent du haut des toits du monde prétendre être tout à la fois le shérif, le juge et le bourreau."

Alors tout en soutenant pour la forme les valeurs d’équité, de justice et de démocratie, Washington ignore le droit international et constitutionnel et utilise la force brute pour faire prévaloir la puissance sur le droit tout en prétendant être motivé par la justice.

Ce n’est pas surprenant que Ahmad dise que l’Amérique est "un pays malade" qui sème "des graines empoisonnées" dans le monde entier. "Certaines ont mûri et d’autres sont en train de mûrir sans que personne ne s’inquiète de ce qui a été semé" et il ajoute que "les missiles ne résoudront pas le problème". Autrement dit, la violence engendre la violence mais n’espérez pas que les médias américains vous le rappelle.

Le 2 mai, les journalistes du Washington Post Greg Miller et Joby Warrick ont publié un article intitulé "Ben Laden a été découvert ’caché à la vue de tous’ ", qui donnait un récit des événements tout aussi fantaisiste que celui du Times :

"Les membres du commando ont parcouru méthodiquement le bâtiment principal de la propriété, une pièce après l’autre" jusqu’à ce qu’ils trouvent leur homme. Dans un récit qui ressemblait à de la mauvaise littérature, ils ont expliqué que l’opération qui était secrètement planifiée depuis des mois avait culminé dans l’assaut de dimanche, ajoutant que Ben Laden n’était pas caché dans une cave finalement.

Selon un éditorial de World Press intitulé "Les conséquences probables du coup Ben Laden" :

"Il y a de nombreuses raisons de se réjouir" de sa mort : elle consacre la disparition du leader d’Al Qaeda, l’excellence de l’armée et des services secrets américains et le fait que l’auteur principal (de l’attentat du 11 septembre ait finalement) été puni par la justice"

Cela a produit "un rare moment de réjouissance générale et de soulagement dans une Amérique divisée. Mais il est difficile de savoir dans quelle mesure les opérations de Al Qaeda seront affectées par la disparition de son leader." En fait il se pourrait que cela renforce sa combativité. L’histoire montre que des militants morts sont souvent une inspiration pour ceux qui les suivent.

L’éditorial passait sous silence le fait que les opérations en terre étrangère sont illégales mais s’inquiétait par contre qu’elles puissent se terminer ou être réduites prématurément quels que soient les pertes humaines et les problèmes de survie de la population. Pour le moment, la joie de la célébration passe avant tout même si les raisons sont mauvaises.

Selon l’éditorial du Wall Street Journal intitulé "Victoire à Abbottabad" :

L’assassinat de Ben Laden "ne met pas fin à la guerre contre le terrorisme islamique (notez le racisme) mais c’est une victoire majeure et juste qui mérite d’être célébrée."

Faisant l’impasse sur les crimes de guerre des USA, y compris le meurtre de civils par des drones, il tempête contre "les combattants qui se cachent dans les coins noirs de la planète, qui se battent rarement à découvert et qui attaquent des innocents loin des champs de bataille conventionnels."

L’éditorial fait l’éloge d’Obama et considère qu’il faut "saluer George W. Bush.... dont la politique de (guerre contre le terrorisme, de services secrets) et d’interrogatoires de police trouve ici sa justification" ; des interrogatoires pendant lesquels on torture des victimes innocentes pour leur extorquer de fausses confessions sur des choses dont ils n’ont aucune idée comme l’endroit où est supposé se trouver Bin laden.

Sa mort, écrit l’auteur "est une mesure de justice envers les milliers de personnes qu’il a tuées et un avertissement à tous ceux qui tueraient des Américains qu’il leur arrivera la même chose peu importe le temps que ça prendra et l’endroit où ils se cachent."

Cet article et d’autres comme lui sont représentatifs hélas de la presse d’opinion en Amérique, ils valident le terrorisme d’état et vilipendent ceux qui s’y opposent.

Dans une contribution au Huffington Post intitulée "Les présentateurs des réseaux médiatiques se rendent à Ground Zero pour couvrir Ben Laden", Michael Calderone écrit :

Les présentateurs ne ratent jamais une opportunité de broder autour des principales informations, y compris ceux des trois chaînes de TV : Brian Williams de NBC, Diane Sawyer de ABC, et Katie Couric de CBS (une animatrice de show qui se fait passer pour une présentatrice politique) "en diffusant la nuit du 2 mai une édition spéciale d’une heure à la place de leur bulletin d’information habituel en direct de" Ground Zero.

Plusieurs chaînes les ont rejoint, dont CNN et Fox et ont raconté des histoires sur un homme mort il y a dix ans.

La couverture du Time magazine représentait une photo de Ben Laden barré d’un X rouge très net qui soulignait ce qui n’était pas arrivé aux dépens des lecteurs qui croient à ces fausses informations.

Al Jazeera n’a pas fait mieux avec des articles du genre de celui qui s’appelle "Obama dit que le monde est plus sûr sans Ben Laden" et qui affirme :

Il "a revendiqué la planification de l’attaque du 11 septembre sur New York et Washington" sans fournir de preuve. En fait David Ray Griffin a écrit :

"Il n’y a pas de preuve réelle que Ben Laden ait planifié ni même spécifiquement autorisé l’attaque du 11 septembre." Ceux qui le croient citent l’interview qu’il a donné à Al Jazeera en septembre et qui a été mal interprété dans lequel il se réjouit de l’attaque mais nie en être l’auteur ni même avoir été au courant.

Griffin a dit qu’un de ses aides avait confirmé que Ben Laden n’avait "aucune information ni connaissance des attaques" mais qu’il "avait remercié Allah tout puissant et s’était incliné devant lui quand il avait entendu la nouvelle." Plusieurs jours plus tard il a dit à Al Jazeera :

"Je répète que je ne suis pas responsable de cet acte qui semble avoir été commis par des personnes qui avaient leurs propres motivations."

Au cours de deux interviews ultérieurs en octobre 2001, il a loué "l’avant-garde de l’Islam (qui) avait détruit l’Amérique" mais il a encore reconnu qu’il n’y était pour rien et qu’il n’avait pas été mis au courant.

Ce qu’Al Jazeera affirme maintenant est un mensonge.

La BBC a diffusé les mêmes informations erronées que la National Public Radio d’Amérique (NPR) en disant que sa mort était un coup porté à Al Qaeda. Democracy Now a fait de même en passant sous silence le fait que Ben Laden était mort de mort naturelle et non violente il y a dix ans.

La directrice de Nation magazine, Katrina vanden Heuvel a aussi avalé ce même énorme mensonge et signe un article intitulé "Bin Laden est mort, il est temps d’arrêter la guerre contre le terrorisme" - qui a été un leurre depuis le début, - selon lequel :

"Aujourd’hui le président Obama et son équipe ont une opportunité de repositionner la lutte contre le terrorisme." Vanden Heuvel ne condamne pas l’illégalité de l’opération ni les guerres impériales des USA ni le manque de crédibilité du président, ni les mensonges qui entourent la version des événements du 11 septembre ni le seul vrai terrorisme qui est celui que Washington pratique en attaquant des pays pacifiques.

Au contraire, elle loue l’attitude d’Obama "humaine et sobre" et dit que "c’est un soulagement d’entendre ses paroles qui nous rappellent" la courte période de temps qui s’est écoulée entre le 11 septembre et l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak, des guerres que Nation magazine a soutenu à l’époque et n’a toujours pas condamné.

Une dernière remarque

Le 2 mai Peter Hart de Fairness & Accuracy in Reporting (exactitude et équité dans le journalisme) a publié un article intitulé "La constance évidente de Bush dans la poursuite de Ben Laden" dans lequel il suggère que Bush, le sachant mort, a arrêté de le chercher en mars 2002. Bush a dit :

"Qui sait si il se cache dans une cave ou pas. Cela fait longtemps que nous n’avons pas entendu parler de lui... Je ne sais pas où il est. Pour être honnête, je ne lui consacre pas beaucoup de temps."

Steve Benen du Washington Monthly a aussi donné des éléments qui montrent que Bush s’était désintéressé de la poursuite :

En juillet 2006, nous avons appris que l’administration de Bush a fermé l’unité que recherchait Ben Laden." Le journaliste du New York Times, Mark Mazzetti, le 4 juillet a confirmé que la CIA avait cessé de le rechercher depuis l’année précédente.

Tout cela ajouté au livre capital de David Ray Griffin montre bien que Bin Laden est mort en 2001 et que donc la déclaration d’Obama est un mensonge ainsi que ce que les journalistes ressassent sans vergogne.

Stephen Lendman

Stephen Lendman habite à Chicago. on peut le joindre à lendmanstephen@sbcglobal.net. Il a un blog : sjlendman.blogspot.com et anime des débats incisifs sur the Progressive Radio News Hour sur the Progressive Radio Network : http://www.progressiveradionetwork.com/the-progressive-news-hour/.

Pour consulter l’original : http://countercurrents.org/lendman040511.htm

Traduction : D. Muselet pour LGS

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